Revue Territoires 2030 n°4 - Datar
Revue Territoires 2030 n°4 - Datar
Revue Territoires 2030 n°4 - Datar
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
La prospective urbaine ou l’enjeu<br />
d’une approche transversale<br />
La ville de demain se<br />
construit en banlieue *<br />
Pourquoi réfléchir<br />
à la ville de demain ?<br />
C’est en décembre 2005 que la DIACT décide de<br />
lancer un groupe de travail sur le devenir des villes<br />
et de faire un exercice de prospective pour les<br />
trente ans à venir.<br />
La prospective consiste généralement à analyser<br />
l’évolution des trente dernières années et à poursuivre<br />
les tendances en y instillant les correctifs qui<br />
peuvent être liés au bon sens.<br />
En 1977, que ce soit à travers la consultation<br />
nationale pour l’habitat, opération portée par le<br />
ministère de l’Environnement et du Cadre de vie,<br />
une des multiples appellations du ministère de<br />
l’Équipement ou, à partir de 1982, dans le cadre<br />
de la mission populairement appelée « Banlieues<br />
89 », nous avions hélas prévu les désordres qui<br />
ne manqueraient pas de se formaliser autour de<br />
certains quartiers sociaux. Nous avons, à l’époque,<br />
mis en évidence la dichotomie spatiale, sociale et<br />
économique qui existait entre ce que l’on appelait<br />
les grands ensembles et les quartiers qui leur<br />
étaient immédiatement contigus, sans parler du<br />
reste de la ville.<br />
Et pourtant, lorsque, dans les années soixante,<br />
fut lancé ce vaste programme de grands ensem-<br />
* Cet article présente en substance les travaux du groupe<br />
de prospective sur le devenir des villes et les problèmes<br />
urbains, missionné par la DIACT en 2006.<br />
décembre 2007 n° 4<br />
Michel Cantal-Dupart<br />
architecte-urbaniste<br />
cantal@cnam.fr<br />
bles, les objectifs étaient ambitieux, il s’agissait<br />
de créer des quartiers d’habitations conséquents<br />
par la population que l’on y concentrait, intégrant<br />
espaces verts, sportifs, équipements commerciaux,<br />
de service et culturels, enfin zones d’activités.<br />
Pour ce faire, on fit appel aux plus connus des<br />
maîtres d’œuvre. On se souviendra également que<br />
le corps, aujourd’hui dissous, des architectes en<br />
chef des bâtiments publics et des palais nationaux<br />
a largement œuvré sur cette politique territoriale.<br />
Il faut reconnaître que tout avait été pensé,<br />
hormis l’intégration urbaine ; alors ces espaces<br />
sont devenus des lieux de l’exclusion, ceux de tous<br />
les problèmes : plus de chômeurs, plus d’étrangers,<br />
plus de jeunes, moins d’équipements, moins<br />
de commerces et moins d’échanges.<br />
Lancer une réflexion prospective ne peut se satisfaire<br />
d’accentuer les tendances, d’autant qu’au<br />
moment où se lance cette réflexion deux phénomènes<br />
sont déterminants.<br />
Le premier est celui des émeutes de 2005. Cela<br />
commence à Perpignan. Comme l’avait remarquablement<br />
analysé Christian Bachman dans son<br />
essai Autopsie d’une émeute, la désinformation et<br />
la rumeur poussent des groupes à des violences<br />
difficilement contrôlables. Et pour la première fois<br />
en mai 2005, les habitants des quartiers périphériques<br />
viennent saccager le centre.<br />
En novembre 2005, là sur tout le territoire national,<br />
et c’est la première fois, des désordres importants<br />
se manifestent simultanément dans plusieurs villes.<br />
39