02.07.2013 Views

Revue Territoires 2030 n°4 - Datar

Revue Territoires 2030 n°4 - Datar

Revue Territoires 2030 n°4 - Datar

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La prospective urbaine ou l’enjeu<br />

d’une approche transversale<br />

Mais sa position dans le jeu à changé sous l’effet<br />

de multiples facteurs : son poids relatif dans l’appareil<br />

d’État face, par exemple, au ministère de<br />

l’Équipement ; le poids relatif de l’État lui-même,<br />

a fortiori lorsqu’il est divisé, par rapport aux<br />

entreprises, et notamment à mesure que se sont<br />

développés la mondialisation, la concurrence, les<br />

phénomènes de délocalisation...<br />

Le théâtre des opérations s’est trouvé également<br />

modifié profondément du fait du processus de<br />

décentralisation et de déconcentration qui a entraîné<br />

un important développement des exercices<br />

de prospective territoriale initiés par les collectivités,<br />

d’abord les régions et les villes, puis les<br />

départements, les communautés d’agglomération<br />

et les communautés urbaines, mais aussi les<br />

préfectures et nombre de services déconcentrés.<br />

Je ne listerai pas ici tous les organismes publics,<br />

les chambres consulaires, les comités et associations,<br />

qui, à leur tour, s’y sont lancés.<br />

Au passage, les finalités poursuivies ont également<br />

changé et du même coup non seulement<br />

les méthodes, mais aussi la nature même des<br />

facteurs pris en compte. Il est en effet aisément<br />

compréhensible que ceux-ci diffèrent suivant que<br />

l’on s’intéresse exclusivement à l’aménagement<br />

du territoire au sens étroit (occupation du sol,<br />

infrastructures, équipements) ou à son développement,<br />

en intégrant alors toutes ses dimensions<br />

(démographique, économique, sociale, culturelle),<br />

que l’on s’assigne l’objectif de créer des pôles<br />

d’excellence territoriaux ou que l’on poursuive<br />

des objectifs de rééquilibrage des territoires. Et<br />

en fonction même de ces finalités seront privilégiées<br />

certaines variables plus que d’autres : par<br />

exemple, s’agissant des politiques d’aménagement,<br />

les variables « dures » (empruntant pour l’essentiel<br />

aux savoirs des géographes, aménageurs,<br />

urbanistes, architectes, ingénieurs) au détriment<br />

trop souvent d’autres facteurs – certes moins aisément<br />

saisissables – qui cependant font l’urbanité,<br />

ce « vivre ensemble » tellement fondamental dès<br />

lors que l’on entend définir une politique globale<br />

de développement.<br />

décembre 2007 n° 4<br />

Force est de constater que sous le terme générique<br />

de prospective se sont développées également<br />

nombre de démarches qui, en fait, ressemblent<br />

davantage à des exercices d’animation locale, de<br />

communication publique... Sans nécessairement<br />

en contester le bien-fondé, disons que la prospective,<br />

telle que je l’entends, tant du point de vue<br />

de ses finalités que de ses méthodes, ne constitue<br />

pas encore, quoi qu’on en dise, une démarche<br />

aussi répandue que l’on pourrait le souhaiter.<br />

Notamment, la prospective comme instrument<br />

d’élaboration d’un projet de développement territorial,<br />

qu’il soit urbain ou rural, demeure encore<br />

insuffisamment développée. Or elle est pourtant<br />

éminemment nécessaire.<br />

La prospective<br />

territoriale<br />

pour quoi faire ?<br />

Nous entendons à longueur de temps les décideurs<br />

justifier leurs décisions en affirmant qu’ils<br />

n’ont pas le choix, en quelque sorte donc que<br />

leurs décisions ne seraient pas libres mais imposées<br />

par les circonstances, par les événements.<br />

Oserais-je dire alors que le décideur agit en de<br />

telles circonstances non plus en stratège mais<br />

en pompier ? L’incendie est déclaré, la seule<br />

alternative est soit de fuir, soit d’essayer de lutter<br />

contre le feu. Cette situation très fréquente est à<br />

l’évidence la conséquence inéluctable du manque<br />

de vigilance et d’anticipation du décideur.<br />

Les responsables publics, comme les chefs d’entreprise,<br />

sont en quelque sorte dans la position<br />

d’un navigateur sur son bateau qui, normalement,<br />

dispose de deux instruments : la vigie et<br />

le gouvernail.<br />

La vigie (qui renvoie aussi à ce qu’on appelle<br />

la veille, l’intelligence stratégique, l’intelligence<br />

territoriale...) a vocation à le renseigner sur le récif<br />

qu’il risque de rencontrer, le vent qui se lève...<br />

à jouer un rôle d’alerte vis-à-vis de faits et de<br />

développements concernant l’évolution de son<br />

environnement stratégique. Le décideur doit alors<br />

9

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!