Revue Territoires 2030 n°4 - Datar
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La prospective urbaine ou l’enjeu<br />
d’une approche transversale<br />
Pour une prospective<br />
urbaine<br />
Le troisième rapport de l’Observatoire national<br />
des zones urbaines sensibles (ONZUS) révèle que,<br />
en dépit de la très grande diversité des évolutions<br />
observées dans les quartiers dits sensibles,<br />
globalement, leur décrochage par rapport à leurs<br />
agglomérations n’est pas enrayé, qu’au contraire<br />
il s’accentue.<br />
Ce constat général, même s’il exige d’être nuancé<br />
en tenant compte des problèmes spécifiques à<br />
chaque territoire, suscite bien des questions. La<br />
première qui vient à l’esprit du prospectiviste est<br />
évidemment de savoir s’il s’agit de la conséquence<br />
inéluctable des dysfonctionnements de l’économie<br />
et de la société françaises (par exemple, du<br />
niveau élevé de chômage et de sous-emploi) et,<br />
dans ce cas, si ce « mal-développement » est de<br />
nature strictement conjoncturelle ou s’il résulte de<br />
problèmes structurels que seules des réformes en<br />
profondeur pourraient pallier.<br />
Mais la deuxième question que l’on ne peut<br />
éluder est de savoir si cette persistance, voire<br />
cette dégradation des zones urbaines sensibles<br />
ne témoigne pas tout simplement de l’échec de<br />
la politique de la ville et des mesures promues<br />
dans ce cadre, voire plus généralement des politiques<br />
d’aménagement et de développement des<br />
territoires.<br />
Nul ne doute que ces politiques auraient pu être<br />
mieux dotées financièrement, mieux calibrées et<br />
plus efficaces. Mais fondamentalement, il faut<br />
aussi se demander si la politique de la ville, plus<br />
décembre 2007 n° 4<br />
Hugues de Jouvenel<br />
Futuribles<br />
hjouvenel@futuribles.com<br />
particulièrement, ne souffre pas d’un handicap<br />
congénital dès lors qu’elle a été conçue non pas<br />
comme un instrument de promotion de la ville<br />
au travers de l’ensemble de ses dimensions, mais<br />
comme un instrument de réparation, et qu’elle<br />
avait pour mission d’assurer une fonction de<br />
SAMU urbain.<br />
Ainsi la politique de la ville, qui aurait dû faire<br />
pleinement partie de la politique de développement<br />
des territoires, pour autant que celle-ci<br />
existe, s’est trouvée réduite à agir en aval pour<br />
essayer, souvent avec des moyens assez dérisoires,<br />
de pallier les défauts d’un mal-développement<br />
résultant d’une quantité de facteurs sur lesquels<br />
elle n’avait pas vraiment de prise. En quelque<br />
sorte, elle était là pour répondre aux urgences<br />
une fois celles-ci déclarées sans disposer réellement<br />
des moyens d’en prévenir l’émergence. Les<br />
économistes diraient sans doute qu’elle se voulait<br />
contra-cyclique. J’aurais tendance personnellement<br />
à affirmer que, du fait même de la manière<br />
dont elle était conçue, elle ne pouvait au mieux<br />
que jouer un rôle amortisseur de crises, que de<br />
multiples facteurs échappant à son domaine de<br />
compétences se conjuguaient pour susciter.<br />
Comment pallier cette situation sinon en s’efforçant<br />
d’anticiper les crises – mieux encore, les facteurs<br />
générateurs de ces dysfonctionnements – plutôt<br />
que d’attendre que la situation se soit dégradée à<br />
tel point que seules des mesures curatives, plus ou<br />
moins efficaces, puissent être mises en œuvre ?<br />
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