Revue Territoires 2030 n°4 - Datar
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Le deuxième phénomène est l’augmentation du<br />
coût du pétrole qui touche les moyens de transports,<br />
particulièrement les transports automobiles.<br />
Il faut reconnaître que ces deux observations<br />
condamnent cinquante ans d’urbanisme. Que<br />
faire ?<br />
Comment réfléchir ?<br />
Notre travail s’est déroulé en deux sessions.<br />
La première fut l’audition de spécialistes scientifiques,<br />
enseignants, chercheurs et personnalités au<br />
parcours exemplaire qui ont, lors de réunions avec<br />
et à la DIACT, fait état de leurs points de vue.<br />
La seconde session s’est déroulée dans des villes<br />
autour de thèmes qui ont permis de réunir des<br />
spécialistes travaillant sur ces sujets : magistrats<br />
et hommes de justice à Marseille, spécialistes des<br />
transports à Lyon, élus et hommes de gouvernance<br />
à Nantes, avenir des entreprises à Bordeaux.<br />
40 <strong>Territoires</strong> <strong>2030</strong><br />
Un manque d’espaces<br />
pour l’extension<br />
des villes<br />
Nous constatons que la plupart des agglomérations<br />
manquent de terrains urbanisables. Pendant<br />
longtemps, l’urbanisation de nos agglomérations<br />
profitait des grands domaines agricoles, résidentiels<br />
ou religieux qui permettaient des extensions<br />
in situ, agrégées au reste de la ville. Mais ces<br />
réserves foncières sont épuisées. Un manque<br />
de politique foncière, une stratégie craintive de<br />
développement et la médiocrité de certaines<br />
extensions replient les communes sur elles-mêmes<br />
en dépit de leurs propres besoins et de ceux de<br />
leurs administrés.<br />
Cette absence de terrain n’est pas compensée<br />
par ce qui s’appelle la « métropolisation » : la<br />
constitution d’une agglomération bassin d’emploi<br />
qui coïncide parfois avec les limites administratives<br />
de la région, voire les dépasse (encore que<br />
ce phénomène porte ses perversités : un réseau<br />
d’autoroutes et de rocades ou périphériques, des<br />
La ville de demain se construit en banlieue<br />
liaisons ferroviaires chiffonnant le pays et mettant<br />
le boulevard de Sébastopol à égale distance de<br />
Lille et de Saint-Germain-en-Laye).<br />
Ces nouveaux comportements entraînent une<br />
spéculation immobilière ; la rente foncière reste<br />
forte sur les cœurs de ville mais se diffuse rapidement<br />
vers les zones périphériques, entraînant<br />
des coûts de logement et de transport insolubles.<br />
Alors, on lorgne sur ce qui reste, en tant<br />
que grands domaines, les ferroviaires, qu’il serait<br />
malvenu de reconvertir parce que ce sont des sites<br />
de transports collectifs dont nous aurons peutêtre<br />
besoin demain et des friches industrielles<br />
nécessitant une remise en état et, fréquemment,<br />
une dépollution des sols. Et puis, on oublie les<br />
sites affectés, tels que domaines universitaires<br />
ou vastes emprises commerciales attribuées aux<br />
seuls commerces, enfin nos grands ensembles<br />
qui, grâce à une politique volontaire portée par<br />
l’ANRU, tentent d’intégrer la ville.<br />
Le futur de la ville<br />
se construit dans<br />
les zones sensibles<br />
Il faut insister sur la réintégration des zones<br />
urbaines exclues. Les grands ensembles sont les<br />
lieux inéluctables de l’évolution urbaine pour<br />
les années à venir. Il convient donc de réinvestir<br />
une pensée urbaine sur les grands domaines<br />
HLM en y préservant le logement social et en<br />
mettant en œuvre les aménagements propres à<br />
leur intégration.<br />
Cela demande une ambition urbaine que n’ont<br />
pas toujours les acteurs de cette rénovation. Trop<br />
souvent ces opérations ne sont que destruction/<br />
reconstruction ou réhabilitation lourde, éventuellement<br />
refonte de l’espace public. Ces sites sont<br />
rarement étudiés comme étant de futurs quartiers<br />
polarisateurs de la partie de ville sur laquelle ces<br />
grands ensembles devraient rayonner.<br />
Ils peuvent être le lieu de grands équipements<br />
publics, tel un lycée, lieux de culture et au moins<br />
une connexion de transports en commun dont le