Alfredo Jaar "Paysage" - Académie de Toulouse : Mission TICE
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seulement qu’ils atten<strong>de</strong>nt. Et qu’atten<strong>de</strong>nt-ils ? Il me plaît <strong>de</strong> penser qu’ils<br />
atten<strong>de</strong>nt leurs droits, leurs droits d’être reconnus pleinement humains, leurs<br />
droits à un toit et à la nourriture, leurs droits à la santé et à la vie, leurs droits à<br />
l’éducation et à la culture...<br />
Et alors comment ne pas apercevoir la relation immédiate qui s’instaure avec la<br />
Déclaration universelle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> 1948, spécialement peut-être<br />
avec son préambule : "Considérant que la reconnaissance <strong>de</strong> la dignité inhérente<br />
à tous les membres <strong>de</strong> la famille humaine et <strong>de</strong> leurs droits égaux et inaliénables<br />
constitue le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la liberté, <strong>de</strong> la justice et <strong>de</strong> la paix dans le mon<strong>de</strong>". On<br />
peut comprendre l’œuvre d’<strong>Alfredo</strong> <strong>Jaar</strong> comme étant l’illustration <strong>de</strong> ce<br />
préambule idéaliste et volontariste. Elle répond d’ailleurs aussi à la dimension<br />
proprement politique <strong>de</strong> cette déclaration, par exemple à l’article 21 sur la<br />
participation <strong>de</strong> chacun "aux affaires publiques <strong>de</strong> son pays", ou, bien sûr, à sa<br />
connotation économique (par exemple l’article 23).<br />
L’œuvre et les droits <strong>de</strong> l’homme. Nous sommes dans une relation évi<strong>de</strong>nte. Mais<br />
pourquoi la cour d’assises ?<br />
On pourrait dire déjà - et cela ne fut pas indifférent à notre choix - qu’il est<br />
heureux qu’une œuvre <strong>de</strong> l’esprit, aussi directement évocatrice <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong><br />
chacun, se trouve dans un lieu public, offerte à ce public, à tous ses publics et<br />
même à ceux les moins accessibles à l’art, plutôt que confinée dans ces lieux<br />
feutrés, isolés, privilégiés et finalement réservés à l’élite que constituent les salles<br />
d’exposition ou les musées - quand ce ne sont pas les réserves !... Aussi est-il<br />
agréable <strong>de</strong> penser que le public si divers d’une cour d’assises va pouvoir, et<br />
parfois quasiment à son insu, s’imprégner, en passant, <strong>de</strong> la richesse, <strong>de</strong> la<br />
beauté et <strong>de</strong> la signification confondue d’une œuvre d’art...<br />
Mais il faut aller plus loin, bien sûr.<br />
Observons d’abord qu’en présentant habituellement la cour d’assises comme un<br />
instrument <strong>de</strong> répression on ne fait que la moitié du chemin, ou plutôt qu’on ne<br />
montre que son aspect le plus immédiat ou le plus sommaire.<br />
Il y a plus subtil en effet : outil <strong>de</strong> répression, la cour d’assises est d’abord un<br />
outil <strong>de</strong> protection. Car la répression, qui est violence, mais violence légalisée,<br />
violence légitimée, n’a pas <strong>de</strong> sens en tant que telle; elle ne vaut que dans la<br />
mesure où elle constitue le moyen <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> la société.<br />
Et c’est bien pourquoi elle s’inscrit dans le droit - à la différence par exemple <strong>de</strong><br />
la vengeance ou <strong>de</strong> la révolte... et, bien sûr, à la différence du crime !<br />
Une cour d’assises c’est donc ce lieu où, publiquement, c’est-à-dire sous le<br />
regard et le contrôle <strong>de</strong> tous, sont jugés, à partir <strong>de</strong> normes préexistantes et<br />
dans le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la défense, ceux qui sont suspectés d’avoir violé les<br />
droits reconnus <strong>de</strong>s autres... Ceux qui, en définitive, sont suspectés d’avoir violé<br />
les droits <strong>de</strong> l’homme.<br />
C’est ainsi et essentiellement un lieu <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme.<br />
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