Alfredo Jaar "Paysage" - Académie de Toulouse : Mission TICE

Songeons que ce que l’on réclame le plus souvent et le plus spontanément, au
nom de la défense des droits de l’homme, c’est en effet le jugement public de
ceux à qui l’on reproche de les avoir transgressés. Et nous venons, ces jours
derniers et dans de nombreux pays du monde, d’en avoir la plus parfaite
illustration...
Si bien que, d’un bout à l’autre de cette salle, la cour d’assises et l’œuvre
d’Alfredo Jaar ne font que se répondre et se compléter dans le même souci de
défense des droits de l’homme.
C’est en tout cas très clairement le sens que nous voulons donner à notre
rencontre de ce soir.
Raymond Exertier,
premier président de la cour d’appel de Toulouse
Réponse d’Alfredo Jaar
Monsieur le Président
Je vous remercie pour l’éloquence et la générosité de vos propos. Je voudrais
aussi remercier la Caisse des dépôts et consignations et en particulier Madame
Aline Pujo qui a initié ce projet, il y a dix ans, et sans qui Paysage n’existerait
pas, ainsi que Monsieur Francis Lacloche qui a organisé l’installation de cette
pièce à Toulouse.
Mesdames et Messieurs
Il y a un peu plus de cinquante ans le mot génocide n’existait pas. Il fut créé par
un américain d’origine polonaise, Raphaël Lemkin, qui travaillait au Ministère
Américain de la Guerre. Le mot génocide vient de "genos" qui veut dire race, et
"cide" qui veut dire tuer. Le mot fut créé parce que le monde se trouvait face à un
événement qui dépassait l’imagination, une tragédie d’une telle magnitude qui
n’existait pas de mot pour la définir.
Il fallut inventer un mot...
Mesdames et Messieurs
Il y a déjà un peu plus de quatre ans, dans un petit pays : en Afrique Centrale, un
génocide a eu lieu. Ce fut le troisième génocide de notre siècle, on estime qu’un
million de personnes y ont trouvé la mort. Ce crime gigantesque s’est perpétré en
cent jours seulement, tandis que la communauté internationale demeurait
indifférente, d’une indifférence qu’il faudrait qualifier de barbare. En fait, les
grandes puissances ont tout fait pour éviter l’utilisation du mot génocide car la
Convention pour la prévention du crime de génocide, signée par tous les pays
membres des Nations Unies, exige l’action immédiate des signataires pour
prévenir ou arrêter un génocide. Comme vous le savez, il y a à peine 48 heures,
on célébrait à Paris le cinquantième anniversaire de cette Convention. Comme
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