Alfredo Jaar "Paysage" - Académie de Toulouse : Mission TICE

- en terminales L, ES, S, au titre des problèmes post-coloniaux.
- en terminales S.T.T., "nationalisme et indépendances en Asie et en Afrique
depuis 1945".
Auteur : Roland Montmasson, professeur d’Histoire et Géographie
Pour plus d'informations, voir aussi le site du Tribunal pénal International pour le
Rwanda (en français)
Lettres Modernes
Que peut apporter l’œuvre d’Alfredo Jaar à un enseignement de Lettres ?
Alfredo Jaar entend témoigner sur une réalité insoutenable et utilise les moyens
de l’Art pour secouer notre indifférence. Beaucoup d’écrivains ont entrepris, dans
le passé ou dans le présent, la même démarche. Ouvrir une étude de la défense
des droits de l’homme, dans les textes philosophiques du XVIIIème siècle, ou la
lecture des Châtiments de Victor Hugo sur l’œuvre d’Alfredo Jaar, c’est faire
prendre conscience aux élèves que l’engagement reste une nécessité pour
l’artiste, aujourd’hui comme autrefois ; c’est leur faire sentir par la référence à
une réalité plus proche, ses enjeux humains.
On ne saurait cependant réduire l’utilisation pédagogique de cette œuvre à une
simple illustration. Elle permet aussi d’aborder des problématiques d’écriture que
notre époque n’a pas été la seule à poser, mais qui semblent pour elle d’une
importance cruciale.
Comment ouvrir des yeux qui ne veulent pas voir ?
Comment transmettre à autrui l’expérience personnelle et unique d’une situation
extrême ?
Alfredo Jaar choisit la photographie pour sa valeur référentielle. Comme le dit
Roland Barthes, "l’essence de la photographie est de ratifier ce qu’elle
représente"(1). Mais dans un monde qui en est saturé, il doit lui donner une
efficacité et un sens nouveau. Il lui faut la subvertir, atteindre ainsi un spectateur
qui ne restera pas à l’extérieur de l’œuvre mais qu’un effet de miroir y fera
entrer. L’écriture se heurte aux même difficultés et y répond par des stratégies
qu’il sera fructueux de comparer.
Dénonçant la torture, l’esclavage, l’intolérance religieuse, à une époque où ils
étaient de règle, les philosophes du XVIIIème siècle ont eu à montrer une réalité
à leurs contemporains, mais aussi à la transposer par de subtils jeux de miroir
qui la rendaient inadmissible.
On pourrait aussi réfléchir à l’efficacité de la fiction romanesque qui, du roman
social du XIXème siècle aux romans de Céline ou de Claude Simon, reconstruit le
réel pour le rendre plus signifiant, amène le lecteur à entrer dans une réalité qui
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