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“ NOS CLIENTS SONT TOUS UNIQUES” - Alstom

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des nappes. Aux tables, un souffl e<br />

d’élégance. Smokings, costumes foncés<br />

ou gris clair, robes du soir, étoles, épaules<br />

à demi nues, petits sacs noirs posés sur<br />

le rebord des tables. Une gracieuse société<br />

aux airs anciens, bouffée d’une époque d’or<br />

révolue. Et l’on croit deviner, dans le refl et<br />

des miroirs étamés, le fantôme de Mata-Hari,<br />

belle espionne au funeste destin,<br />

habituée des rendez-vous clandestins dans<br />

les coursives de l’héroïque Train bleu.<br />

L’Orient-Express, long bateau de quiétude,<br />

se faufi le maintenant sur l’interminable<br />

chevelure des voies de la grande banlieue.<br />

Quel contraste entre cette salle de restaurant,<br />

oasis de champagne aux refl ets de liqueur,<br />

et le défi lé de ces noires avenues désertes.<br />

Par les fenêtres, on plonge dans<br />

de doux songes : en ces parages de plaisir,<br />

on voudrait un monde heureux. Ici, l’on rêve<br />

éveillé. Doucement, par touches successives,<br />

l’obscurité de la campagne enveloppe<br />

le navire.<br />

Après le café, les hôtes se retrouvent dans<br />

la voiture-bar Art nouveau, savamment<br />

décorée par Gérard Gallet. De petits fauteuils<br />

aux teintes dégradées, des tables basses<br />

en bois rares, un bar, avec le son du piano<br />

comme unique souffl e. Dans le suave<br />

brouhaha des conversations alanguies,<br />

trois barmen accommodent de subtils<br />

cocktails dans des shakers argentés.<br />

Seule concession à la modernité, l’espace<br />

est non-fumeur. Mais l’on imagine aisément<br />

– près d’un siècle en arrière – des messieurs<br />

repus, la barbe cassée sur le plastron,<br />

un verre de cognac à la main, nimbés<br />

dans le brouillard de leurs cigares cubains.<br />

Et des dames aussi, en dalmatique ou<br />

en lamé, porte-cigarette négligemment pendu<br />

au bout des doigts. Éclats de diadèmes,<br />

de strass et de verre. Sautoirs, éventails en<br />

plumes, pochettes et paillettes.<br />

Il est plus de minuit. Lent retour par<br />

de longs couloirs désormais déserts. Depuis<br />

les lampes veilleuses, une douce lumière suit<br />

le contour des incrustations, baigne les portes<br />

closes. Il règne comme un intemporel<br />

parfum de mystère et d’oubli. À l’intérieur<br />

de la cabine, le lit a été préparé par le steward,<br />

héros si discret, invisible gardien du monde<br />

des dormeurs. Une clarté diffuse effl eure <br />

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