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“ NOS CLIENTS SONT TOUS UNIQUES” - Alstom

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Onze stewards français, italiens ou britanniques<br />

– un par compartiment – chapeautés par<br />

un responsable, veillent à la perfection de<br />

ce déroulé. <strong>“</strong>Certaines voitures ont une histoire<br />

piquante, poursuit mon interlocuteur. Ainsi, la<br />

3544 fut-elle réquisitionnée durant la Seconde<br />

Guerre mondiale comme maison close roulante<br />

pour les offi ciers de l’armée allemande,<br />

avant d’être réaffectée en 1946… au service<br />

de la famille royale hollandaise ! Un contraste<br />

pour le moins saisissant, qui ravit nombre<br />

de nos clients. Idem pour la 3309, bloquée<br />

six jours durant par une tempête de neige<br />

à la frontière turco-bulgare en janvier 1929,<br />

anecdote dont s’inspira Agatha Christie<br />

pour écrire son Crime de l’Orient-Express.”<br />

Un meurtre bien fameux, qui conféra<br />

au Train bleu ses lettres de noblesse<br />

et fi t plus pour sa notoriété qu’un siècle entier<br />

de campagnes de publicité. Mais la célèbre<br />

romancière anglaise fut loin d’être la seule<br />

à vanter ses charmes. De Jean Cocteau<br />

à Blaise Cendrars, de Joseph Kessel<br />

à Hemingway, de Paul Morand à Valéry<br />

Larbaud… Tous l’ont également célébré.<br />

Et avec quel talent ! À l’ombre de tels géants,<br />

il convient juste pour le voyageur anonyme<br />

de se laisser porter. Tout simplement.<br />

Vers la Sérénissime<br />

Le début d’après-midi s’est lentement évasé.<br />

Tout en conversant, nous avons dépassé<br />

Innsbruck, franchi la frontière italienne.<br />

Et pris du retard. Le directeur du train<br />

est reparti, sitôt la dernière goutte de café<br />

avalée, pour gérer au mieux la <strong>“</strong>descente”<br />

des Dolomites et rattraper quelques précieux<br />

quarts d’heure. Au-dehors, le ciel s’est<br />

lourdement chargé. Une cohorte de nuages<br />

ventrus éclate en rafales. Longue sieste<br />

dans le joli grésillement des gouttes sur<br />

les vitres. Au réveil, la montagne est devenue<br />

plaine. Vers 16 heures – tradition anglaise<br />

oblige – un thé accompagné d’un léger brin<br />

de pâtisserie est servi dans chaque cabine.<br />

Ultime griffe de raffi nement dans le jour<br />

fi nissant. Encore quelques poignées de<br />

minutes et ce sera la lagune, dernier rempart<br />

de terre avant la Sérénissime. <strong>“</strong>Monsieur<br />

désire ? Que le train ralentisse ! Venise ?<br />

Elle attendra ! Je ne suis pas pressé.” (1)<br />

(1) Philippe Couderc.<br />

Éric Dumoulin<br />

<br />

Un peu d’histoire…<br />

Tout a commencé en 1872,<br />

par le rêve d’un jeune fi nancier belge,<br />

Georges Nagelmackers. Inspiré<br />

par l’opulence des wagons Pullman<br />

américains, il décide de construire<br />

leurs semblables en Europe. Pari<br />

tenu : l’Orient-Express sera inauguré<br />

une décennie plus tard, le 4 octobre<br />

1883. Emblème d’une nouvelle<br />

forme de voyage teintée de mystère<br />

et d’exotisme, il s’impose en moins<br />

d’une décennie comme le train<br />

le plus prestigieux et le plus rapide<br />

au monde. Outil majeur d’unifi cation<br />

du continent, il incarne la technologie<br />

et la modernité. Le premier itinéraire<br />

le mène à Giurgiu en Roumanie,<br />

via Vienne, Budapest et Bucarest.<br />

En 1906, le percement du tunnel<br />

du Simplon, reliant l’Italie à la Suisse,<br />

lui ouvre les portes de la Sérénissime :<br />

il devient le Venice Simplon<br />

Orient-Express. À partir de 1921,<br />

il relie Paris à Constantinople<br />

via Venise et Trieste. Tous les grands<br />

noms de la politique, de l’industrie<br />

et des arts s’y pressent…<br />

C’est l’âge d’or.<br />

La Seconde Guerre mondiale met<br />

fi n au service régulier de la ligne<br />

Londres-Istanbul. La capitulation<br />

de 1940 sera signée à Rhetondes<br />

dans une voiture de luxe de la<br />

Compagnie des Wagons Lits, celle-là<br />

même où fut signé l’armistice<br />

de 1918. À l’issue du confl it, l’univers<br />

de l’Orient-Express s’effondre,<br />

entraîné par le déchirement de<br />

l’Europe et l’émergence des blocs.<br />

Nombre de ses voitures sont<br />

éparpillées à travers tout le continent.<br />

Un service perdurera toutefois<br />

jusqu’en 1962, de Paris à Venise.<br />

La renaissance sera longue. Il faudra<br />

attendre le 25 mai 1982 très<br />

exactement pour que revive enfi n<br />

le train originel, sous l’impulsion<br />

résolue de J. Sherwood, président<br />

de la société Orient-Express Hotels ltd.<br />

Ses voitures, rachetées une<br />

à une à travers toute l’Europe, ont été<br />

restaurées et décorées à l’identique,<br />

dans le strict respect des savoir-faire<br />

d’époque. Elles circulent désormais<br />

entre cinq et sept fois par mois,<br />

principalement sur le parcours<br />

Londres-Paris-Venise, entre fi n mars<br />

et début novembre. Pour le plus<br />

grand bonheur de ses admirateurs.<br />

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