Forçage environnemental et prédateurs marins ... - Cebc - CNRS
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dans la couche euphotique. Ces éléments nutritifs stimulent alors la croissance du phytoplancton <strong>et</strong> par<br />
conséquent la productivité du réseau trophique. Une augmentation de la température de surface de l’eau de<br />
mer dans c<strong>et</strong>te zone engendre une augmentation du métabolisme des organismes (Tilzer <strong>et</strong> al. 1986) <strong>et</strong><br />
donc une augmentation de la productivité, se traduisant probablement par une augmentation des ressources<br />
alimentaires pour l’albatros à sourcils noirs.<br />
Même si l’albatros à sourcils noirs à Kerguelen se nourrit essentiellement de poissons (Cherel <strong>et</strong> al. 2000) <strong>et</strong><br />
que les relations fonctionnelles entre l’abondance de ces espèces proies <strong>et</strong> la production primaire restent<br />
inconnues à ce jour, plusieurs de ces espèces de poisson consommées sont connues pour s’alimenter sur<br />
des crustacés (Duhamel <strong>et</strong> Hureau 1985, Green <strong>et</strong> al. 1998), ce que suggère l’étude du régime alimentaire<br />
de l’albatros à sourcils noirs à Kerguelen (Cherel <strong>et</strong> al. 2000). Cependant, plusieurs espèces proies des<br />
albatros à sourcils noirs sont des espèces benthiques, <strong>et</strong> même si certaines deviennent accessibles aux<br />
albatros près de la surface via les rej<strong>et</strong>s de pêche, plusieurs espèces benthiques consommées ne sont pas<br />
capturées par les engins de pêche. Il existe donc probablement un mécanisme facilitant l’accessibilité aux<br />
proies, comme par exemple des <strong>prédateurs</strong> <strong>marins</strong> plongeurs faisant remonter les proies à la surface. Ce<br />
mécanisme reste à ce jour inconnu <strong>et</strong> limite notre compréhension des eff<strong>et</strong>s des fluctuations climatiques sur<br />
les paramètres démographiques de l’albatros à sourcils noirs.<br />
C’est dans la mer de Scotia, Atlantique sud, que la connaissance des mécanismes reliant la variabilité<br />
climatique, les réseaux trophiques <strong>et</strong> les paramètres démographiques des <strong>prédateurs</strong> <strong>marins</strong> est<br />
actuellement la plus approfondie. Ceci a été récemment synthétisé dans les travaux de Murphy <strong>et</strong> al. (2007)<br />
<strong>et</strong> Trathan <strong>et</strong> al. (2007). Dans la partie nord de c<strong>et</strong>te mer, les interactions entre la circulation océanique <strong>et</strong> la<br />
topographie sous marine génèrent un mélange des masses d’eau m<strong>et</strong>tant à disposition des espèces de<br />
phytoplancton des concentrations élevées en nutriments <strong>et</strong> en fer dissous. L’allongement de la durée de la<br />
photopériode pendant l’été favorise alors une forte production primaire. Au sud de la mer de Scotia, la<br />
production primaire est en partie contrôlée par l’étendue de la glace de mer, la variabilité interannuelle de<br />
celle-ci générant une forte variabilité de la production primaire.<br />
Dans c<strong>et</strong> écosystème, le krill constitue l’espèce clé, étant à la fois la principale espèce consommant le<br />
phytoplancton <strong>et</strong> la principale espèce consommée par les <strong>prédateurs</strong> supérieurs (Figure 26). L’abondance <strong>et</strong><br />
la distribution spatio-temporelle du krill sont étroitement dépendantes de la couverture de glace en hiver <strong>et</strong><br />
au printemps, ainsi que des courants océaniques horizontaux régissant la dispersion du krill dans la mer de<br />
Scotia à partir des zones d’hivernage <strong>et</strong> de reproduction. La variabilité interannuelle de l’étendue de glace <strong>et</strong><br />
des températures de surface, en partie liée au phénomène El Niño, affecte l’abondance <strong>et</strong> la distribution<br />
printanière <strong>et</strong> estivale du krill, avec notamment une diminution du recrutement du krill lors des périodes<br />
chaudes. Au niveau des <strong>prédateurs</strong> <strong>marins</strong> supérieurs, ceci se traduit par des changements de régime<br />
alimentaire <strong>et</strong> de fortes variations des paramètres démographiques.<br />
Au cours des 50 dernières années l’abondance de krill a significativement diminué dans c<strong>et</strong> écosystème<br />
suite à une réduction importante de l’étendue de la glace de mer liée au réchauffement climatique. Ceci a eu<br />
des conséquences profondes sur l’abondance <strong>et</strong> la distribution de plusieurs espèces d’oiseaux (manchots,<br />
albatros) <strong>et</strong> mammifères (otaries) <strong>marins</strong> au sein de c<strong>et</strong> écosystème. Cependant, ces relations entre les<br />
changements climatiques <strong>et</strong> les paramètres démographiques sont probablement affectés par les<br />
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