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(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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principes, objectifs, domaines et instruments de la coopération, logique en<br />

théorie mais artificielle en réalité, n’est pas suivie avec rigueur. On ne voit<br />

pas l’intérêt d’une série d’articles (par exemple, les articles 17, 34, 36, 54,<br />

55 et 105) qui constatent des situations évidentes, énoncent des généralités<br />

ou des postulats sans intérêt opérationnel. On aboutit ainsi à un foisonnement<br />

de principes et d’objectifs, dénués pour la plupart d’effets juridiques concrets,<br />

et de dispositions qui prévoient tout, n’omettent rien, additionnent les apports<br />

les plus divers et multiplient les précisions inutiles, les redondances et même<br />

les contradictions. La Convention, loin de refléter une stratégie de la coopération<br />

au développement, est devenue un catalogue de possibilités et d’espoirs,<br />

un texte «fourre-tout» rédigé par des administratifs, parfois des techniciens.<br />

Et chaque édition des «Lomé» successifs voit la montée en <strong>for</strong>ce d’objectifs<br />

nouveaux issus de la littérature du développement ou des débats aux Nations<br />

Unies. L’énumération en est interminable : droits de l’homme, participation<br />

des populations, coopération culturelle, rôle des femmes, environnement, ressources<br />

naturelles, protection du patrimoine, ajustement structurel... Chaque<br />

adjonction peut être justifiée, bien sûr, mais leur accumulation rend perplexe.<br />

4. Les Conventions contiennent également un nombre croissant de déclarations<br />

à peu près dépourvues de sens réel ou de possibilités de réalisation<br />

concrète. L’idéologie tiers mondiste transparaît, à contre-courant de la connaissance<br />

objective du sous-développement et de l’évolution des idées en la matière.<br />

C’est ainsi que Lomé IV (article 17) persiste, sous la pression ACP cela va<br />

sans dire, à mettre en évidence l’industrialisation qui devrait jouer un rôle<br />

moteur dans le développement des États ACP, ce qui est objectivement<br />

irréaliste dans le contexte de ces États. L’accent mis sur l’évaluation des projets<br />

et son suivi (aveu implicite du faible impact effectif des évaluations au cours<br />

des Conventions précédentes ...) est savoureux pour ceux qui connaissent la<br />

réalité des choses. Et tout en admettant, bien sûr, le bien-fondé des thèmes<br />

«droits de l’homme» et «femmes dans le développement», voire leur possible<br />

utilisation ponctuelle, on ne peut pas s’empêcher de se référer à la réalité<br />

impitoyable et quotidienne de l’Afrique noire ...<br />

5. Pour des raisons «diplomatiques» — opportunisme et langue de bois —<br />

les conventions de Lomé ont été présentées comme des accords contractuels<br />

entre des États considérés comme partenaires égaux. L’indépendance des États<br />

ACP et le principe de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures ont justifié<br />

cette affirmation. Il n’est pas nécessaire de comparer Vanuatu et la R.F.A.<br />

mais simplement d’opposer la nébuleuse AÇP à la Communauté Européenne<br />

pour admettre que nous assistons là au triomphe de la rhétorique sur la réalité.<br />

Mais de cette fiction résultent le caractère inébranlable des «acquis» manifestement<br />

injustifiés — tels le Stabex [5], le Sysmin ... —, la cogestion (source<br />

de procédures aberrantes qui conduisent nécessairement à la paralysie et/ou<br />

une mise en œuvre déplorable), le caractère inconditionnel des aides (voir<br />

plus loin), l’acceptation implicite ou explicite de la conception ACP d ’une

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