11.09.2013 Views

(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— 417 —<br />

ré<strong>for</strong>mes institutionnelles, au début de 1957. Au Congo, en tout cas, l’annonce d ’une<br />

telle politique aurait, à cette époque, répondu à une très large attente.<br />

Nul ne peut dire, bien entendu, comment la situation aurait ensuite évolué.<br />

M. H arroy porte un jugem ent sévère sur la politique des dirigeants belges pendant<br />

les derniers mois de 1959 et le premier semestre de 1960, période au cours de laquelle<br />

il rappelle que M. Pétillon ne fut plus associé aux affaires : il s’est agi, estime notre<br />

Confrère, d ’un «abandon scandaleux des politiciens belges», qui ne fut sans doute<br />

pas sans relations avec la crainte de devoir désormais soutenir matériellement une<br />

Colonie dont les finances publiques s’étaient gravement détériorées.<br />

M. Pétillon, nous l’avons vu en établissant la synthèse de ses œuvres, exprime lui<br />

aussi la <strong>for</strong>te conviction que l’octroi au Congo d ’une indépendance aussi précipitée<br />

fut une erreur, tout en ajoutant que cette attitude était peut-être devenue inévitable<br />

et, à partir d ’un certain moment, une sorte de moindre mal ( T.R., pp. 225, 330 note<br />

16, 345, 369-370). En revanche, il croit que les raisons des gouvernants d ’alors ne<br />

furent pas d ’ordre principalement économique et financier mais que si cela avait été<br />

le cas, ils se seraient trompés (T.R ., pp. 272-279, 330 note 19; C .M .A ., pp. 33-41,<br />

spécialement p. 37). Au fil de ses analyses, il évoque surtout, pour expliquer les décisions<br />

de 1960, une longue accumulation d ’erreurs et de carences imputables à tout le monde<br />

(T.R ., p. 20), la «frénétique fatalité» de l’anticolonialisme mondial (ibid., p. 225), la<br />

crainte d ’une «nouvelle guerre d ’Algérie» (ibid., p. 352), le manque d ’union des Belges<br />

(ibid., pp. 102, 352).<br />

À m a connaissance, les raisons réelles pour lesquelles le gouvernement belge décida,<br />

dès le début de la Table Ronde, d ’accorder au Congo son indépendance inconditionnelle<br />

moins de six mois plus tard, ne font encore l’objet d ’aucune certitude. Peut-être certaines<br />

autorités particulièrement bien in<strong>for</strong>mées pressentaient-elles une tentation de ce genre :<br />

c’est ainsi que le consul général des États-Unis éprouva la nécessité de me dire, juste<br />

avant mon départ pour Bruxelles, que ses autorités souhaitaient pour le Congo une<br />

marche rapide mais progressive vers l’autodéterm ination. Le témoignage personnel que<br />

je puis apporter est que, venu à la Table Ronde pour assurer la liaison entre le ministre<br />

De Schryver et le gouverneur général Cornelis, je ne fus mis en rien au courant de<br />

la décision qui se préparait. L’hypothèse sur laquelle je travaillais avec mes collaborateurs<br />

à Léopoldville et sur laquelle tout le monde travaillait à Bruxelles, avant l’ouverture<br />

de la Table Ronde, était celle des «pouvoirs réservés». Elle occupait tous les esprits,<br />

car tout le monde était conscient qu’il s’agissait de trouver, pour les pouvoirs que<br />

la Belgique continuerait à exercer pendant la phase d ’autonom ie qui allait se mettre<br />

en place, des solutions psychologiquement acceptables, assez sages pour être efficaces,<br />

assez évolutives pour contenir les impatiences. C ’est de cela en tout cas qu’il fut surtout<br />

question dans mes entretiens avec le Ministre et ses collaborateurs, avec les représentants<br />

des Affaires étrangères qui se préparaient à suivre la Conférence et avec bien d ’autres<br />

personnalités. À mon égard aussi, le secret du 30 juin — s’il y en avait un — fut donc<br />

bien gardé.<br />

Q uittant l’examen des faits qui ont marqué cette période, je voudrais dire enfin<br />

l’intérêt qui me paraît s’attacher à la suggestion de M. Drachoussoff de consacrer<br />

une plus grande attention à l’étude comparée des décolonisations d ’après-guerre.<br />

La question de savoir ce qui subsistera, chez les anciens colonisés, des actions<br />

colonisatrices passées ne pourra sans doute s’analyser que dans le beaucoup plus long<br />

terme : un Rom ain du Ve s., exam inant l’état de la Gaule de son époque, n’aurait

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!