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(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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ne prêtaient guère d ’attention aux graves propos que tenait sur le sujet le gouverneur<br />

général dans ses discours et même, leur instinctive prudence les amenait parfois à<br />

déplorer que des propos de cette nature fussent tenus par un haut fonctionnaire ;<br />

très politisés, ils n ’attachaient de réelle im portance qu’aux discours politiques. Mais<br />

pour cette raison même, n’auraient-ils pas été attentifs à toute proposition qui serait<br />

venue du gouvernement d ’amorcer, dans le cadre d ’une entente entre les grands partis,<br />

l’évolution politique du Congo ? Certaines de ces personnalités, en tout cas, montrèrent<br />

qu’elles étaient prêtes à entrer dans cette perspective.<br />

De même, dans le milieu, bien peu politisé celui-ci, des anciens coloniaux qui siégeaient<br />

au Conseil colonial, certains au moins de ces conseillers, parm i les plus éminents<br />

et les plus actifs, auraient certainem ent été disposés à examiner avec intérêt des propositions<br />

concrètes en la matière, pourvu q u ’elles émanent d ’une philosophie d ’ensemble<br />

et q u ’elles témoignent, dans le chef du gouvernement, d ’une volonté politique à<br />

la fois déterminée et prudente.<br />

Au Congo, l’état des esprits, parm i les Européens, était loin d ’être unanim ement<br />

immobiliste. Si certains, nombreux, voulaient, par attachement profond à leur Congo<br />

patriarcal, reculer indéfiniment toute évocation d ’une évolution politique des Congolais,<br />

d ’autres, de moins en moins isolés, n ’étaient pas dans les mêmes dispositions.<br />

À Léopoldville, que j ’ai le mieux connue, des hommes comme Bastin au Courrier<br />

d ’A frique, Meert dans son inlassable activité sociale, Buchmann et Nicaise à Lovanium,<br />

des notables aussi sages et respectés que R. Jeanty, le groupe de Binza, L. De Groote<br />

pour les patrons catholiques, plusieurs fonctionnaires en contact quotidien avec les<br />

populations, tels Tordeur, Cordy, Depy, tous pensaient en termes d ’avenir. À partir<br />

de 1956, et dans l’ensemble du Congo, cette fois, de nom breux représentants des sociétés<br />

et des indépendants, colons ou titulaires de professions libérales, inquiets de voir les<br />

progrès des mouvements nationalistes et soucieux de n ’entendre s’exprim er à ce sujet<br />

en Belgique que la voix de M. Van Bilsen, souhaitaient que le gouvernement fasse<br />

connaître sans tarder ses vues et sa politique sur l’avenir du Congo. Eux, qui étaient<br />

généralement de nature plus conservatrice que ceux dont j ’ai parlé en premier lieu,<br />

disaient leur souhait au Conseil de gouvernement et en marge de ses travaux, ils le<br />

disaient dans les conversations privées et il serait bien étonnant qu’ils ne l’aient pas<br />

dit lors de leurs séjours en Belgique. Ce qui les poussait à exprim er ce souhait, c’était<br />

très concrètement que leur avenir sur place, celui des intérêts dont ils avaient la charge<br />

ou de leurs activités professionnelles propres, leur paraissait de plus en plus remis<br />

en cause. Je voudrais ajouter que dès cette époque et encore lors de la visite du Groupe<br />

de travail à l’autom ne 1958, les grandes entreprises belges installées au Congo tenaient<br />

à nous rappeler que de même que leur métier était de faire des affaires, de même<br />

celui du gouvernement était de gouverner : elles refusaient donc de prendre parti sur<br />

la manière de conduire l’évolution politique du Congo, mais elles attendaient du<br />

gouvernement q u ’il le fasse.<br />

Le point sur lequel je suis d ’accord avec M. Stengers est que, dans ces années<br />

délicates, il eût été dangereux d ’agir trop tôt. Le mom ent à partir duquel la définition<br />

d ’une politique gouvernementale sur l’avenir du Congo devint psychologiquement<br />

possible pour les Belges d ’Europe et d ’Afrique se situe cependant, à m on sens, avant<br />

1959 ; je le situerais pour m a part à l’issue du voyage royal, c’est-à-dire à partir de<br />

la rentrée de 1955. Q uant à la période objectivement la plus favorable pour une telle<br />

définition, elle se situa, me semble-t-il, entre ce moment et la publication des premières

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