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(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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cas aussi, faut-il le rappeler, pour l’ensemble des décrets qui seront pris à partir de<br />

1959. Il n ’est donc pas interdit de croire que, dans bien des cas, les attitudes très<br />

conservatrices de nom breux membres du Conseil colonial n ’eurent guère de difficultés<br />

à prévaloir parce qu’elles se trouvaient en harm onie avec la manière de penser qui<br />

prévalait également au Département.<br />

Ceci dit, le rôle joué par le Conseil colonial dans les années 50 m ériterait certes,<br />

comme le suggère M. Zimmer, une analyse approfondie.<br />

S’agissant des relations personnelles que M M . Buisseret et Pétillon entretinrent, en<br />

raison de leurs fonctions, entre 1954 et 1958, M. Pétillon a clairement précisé, dans<br />

ses travaux, q u ’elles furent toujours bonnes. Il voulait ainsi mettre fin à la «légende»<br />

d ’un conflit personnel néfaste entre les deux hommes (v.C .M .A ., pp. 342-345). Peut-<br />

on, comme le fait M. Zimmer, aller plus loin et écrire qu’«à l’analyse, ces personnalités<br />

étaient proches quant au fond» ? Je ne le crois pas. M. Pétillon expose combien les<br />

deux tem péram ents étaient dissemblables et comment, sur le problème de l’évolution<br />

politique du Congo, les vues de M. Buisseret et les siennes étaient profondém ent<br />

différentes (v. notam m ent C .M .A ., pp. 72, 142-143, 342-345 et R., pp. 381-384). Le<br />

fait que M. Zimmer ait bien connu ces deux personnalités et ait entretenu avec l’une<br />

et l’autre des relations de sympathie le pousse sans doute à voir, sur ce point, les<br />

choses un peu trop en rose.<br />

Sur la gestion financière du Congo pendant les années 50, M. Zimmer apporte,<br />

en se fondant sur ses précédents travaux avec M. Huybrechts, un ensemble d ’indications<br />

utiles qu’il faut assurément verser au dossier. Je me bornerai à rappeler à ce sujet<br />

que M. Pétillon et l’A dministration d’Afrique étaient conscients que la dette publique<br />

du Congo, pays neuf en pleine évolution, ne pourrait que s’alourdir dans le moyen<br />

terme ; mais ils estimaient que le potentiel économique du pays était tel que la poursuite<br />

rationnelle de sa mise en valeur, soutenue par un second plan décennal très ciblé,<br />

lui perm ettrait avec le temps de maîtriser cet ajustement structurel ; c’est à ces fins,<br />

plus encore que pour faire face à des circonstances conjoncturelles nécessairement<br />

changeantes, que M. Pétillon estimait nécessaire, en 1958, une aide organique de la<br />

Belgique. Il ajoute que l’effondrement de la situation politique au Congo, à partir de<br />

1959 et plus encore après 1960, explique la dégradation économique et financière ultérieure<br />

du pays (sur ces points, v. notam m ent T.R., pp. 272-279 ; C .M .A ., pp. 33-41 ;<br />

R., pp. 530-531).<br />

Évoquant les «querelles traditionnelles entre Belges» qui s’accentuèrent après 1954,<br />

M. Comhaire estime qu’elles «avaient moins d ’im portance que celles qui concernaient<br />

les problèmes coloniaux». C ’est ainsi que la création des universités de Lovanium et<br />

d ’Élisabethville, «reflétant l’historique polarisation de la M étropole, a suscité au sein<br />

de chaque groupe, écrit-il, des réactions dans les deux sens concernant ses effets en<br />

termes de politique ‘indigène’».<br />

Je crois pour ma part que c’est très largement exact. D ans m on souvenir, il y eut<br />

dans ces années trois types d ’attitudes parm i les coloniaux. Certains, gagnés par la<br />

passion politique qui à ce mom ent enflammait les esprits en Belgique, affichaient un<br />

militantisme très actif. Ils paraissaient peu nom breux mais la chose était si neuve que<br />

tout le monde parlait d ’eux, généralement avec curiosité et étonnement. D ’autres, apparemment<br />

la grande majorité car c’étaient ceux q u ’on rencontrait le plus dans la vie<br />

courante, persistaient à ne pas vouloir se m arquer politiquement et plusieurs en faisaient<br />

hautement profession ; mais comme leur attitude paraissait la plus normale au plus

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