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(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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— 405 —<br />

Et pourquoi n ’avons-nous rien entendu du G. G. H. Comelis ni des casse-tête et<br />

humiliations qui lui furent infligés «on the spot», ni de la scandaleuse brièveté du<br />

laps de temps séparant la Table Ronde politique de janvier 1960 du jour choisi pour<br />

l’indépendance congolaise ?<br />

En à peine un an, voyant l’indépendance du Burundi approcher soudain à grands<br />

pas, les Belges et les cadres de ce Territoire, en travaillant, il est vrai, jours et nuits,<br />

ont réussi avec une vingtaine de centres de <strong>for</strong>m ation improvisés (inspecteurs des<br />

finances, contrôleurs de la navigation aérienne, etc.) à mettre en place un très honorable<br />

cadre administratif et judiciaire, qui a fonctionné sans catastrophes depuis l’indépendance<br />

rundi de 1962. En deux ans, le Congo aurait pu réussir des constructions-<br />

improvisations analogues. La fixation en janvier 1960 de la date du 30 juin 1960 n ’a<br />

permis absolument aucune préparation autre (et encore ...) que politique. La décolonisation<br />

administrative du Congo a été un scandale. Croire que les cadres belges resteraient<br />

paisiblement en fonction après le 30 juin 1960 était une mauvaise plaisanterie.<br />

Et peut-on honnêtement affirmer que cette attitude d ’abandon scandaleux des politiciens<br />

belges en 1960 était sans relations avec la situation financière du mom ent : vers<br />

1955, un bilan annuel en boni de quelque 2 milliards, avec un compte de réserve d ’environ<br />

10 milliards ; mais en 1959, après disparition de toutes les réserves (les nouvelles<br />

structures d ’autonom ie avec d ’innombrables ministres, cabinets, voitures de service,<br />

trajets avion, etc., tout ce monde coûtant horriblement cher), pointait la perspective<br />

pour la Belgique, si elle ne prenait pas fuite dès 1960, de l’obligation de payer pour le<br />

Congo quelque 4 milliards en 1960, 7 en 1961, 10 en 1962 et combien en 1963 ?<br />

Le gouverneur général Pétillon était bien tenu à l’écart de ces manigances de 1960 ...<br />

J. Stengers. — En étudiant comme ils l’ont fait la pensée politique du gouverneur<br />

général Pétillon, nos confrères Alain Stenm ans et Filip Reyntjens ont rendu grand<br />

service. Le titre seul de leur mémoire caractérise la figure et l’originalité de M. Pétillon.<br />

Les Belges, au Congo, à partir du mom ent où la Belgique a eu la responsabilité du<br />

gouvernement colonial, ont donné en général l’image de ce que, dans l’optique de<br />

la colonisation, on peut considérer comme celle de bons colonisateurs, mais ils ont<br />

plus réalisé une œuvre qu’ils ne l’ont pensée. M. Pétillon a toujours eu le souci et<br />

la volonté de penser son action et, dans la mesure où cela lui était possible à l’époque<br />

où il exerçait ses fonctions, de com m uniquer cette pensée. On peut noter que le fait,<br />

précisément, que la chose n ’était pas si commune, a contribué sans doute à limiter<br />

à l’époque même l’impact que M. Pétillon aurait pu espérer de son ef<strong>for</strong>t de réflexion.<br />

Il s’adressait, que ce fût en Belgique ou au Congo, à des esprits avant tout pragm atiques<br />

; il lui était donc difficile de les accrocher. Même ses collaborateurs les plus<br />

directs, les gouverneurs de province par exemple, tout en l’écoutant poliment, ne le<br />

suivaient que peu sur le chemin de la doctrine. M. Pétillon lui-même avait trop le<br />

respect de leur liberté pour les y <strong>for</strong>cer. Il a donc pu, à l’époque où il détenait de<br />

hautes responsabilités, ressentir sur ce plan un certain isolement intellectuel.<br />

M. Pétillon est revenu là-dessus par la suite, sans amertume, mais en désirant m ontrer<br />

ce qui avait été. Sa réflexion rétrospective n’a pas été exempte, cependant, de nombre<br />

de regrets. Nos confrères, dans leur analyse, le font <strong>for</strong>t bien apparaître. M. Pétillon,<br />

ils le relèvent, met le doigt sur des erreurs qui, à ses yeux, ont été commises, et qui<br />

ont eu leur part, selon lui, dans la catastrophe de 1960. À côté de ce qui s’est fait,<br />

et qui aurait dû être évité, il y a tout ce qu’il aurait été souhaitable de faire, et qui

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