(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
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pour les Blancs ; la plupart aussi ressentaient que ce serait notre tâche d ’y faire face<br />
et non la leur ; certains au contraire, adm ettant le caractère inéluctable de l’évolution,<br />
trouvaient tout norm al d ’y participer.<br />
Il serait utile que d ’autres travaux confirment ou infirment un jour ce malaise indéfini<br />
dans l’atm osphère et précisent cette alchimie des comportem ents des Blancs et des<br />
Noirs, alors que commençait une nouvelle décennie marquée surtout, dans les esprits,<br />
par l’affrontement entre l’Est et l’Ouest et la crainte générale d ’un nouveau conflit<br />
mondial.<br />
M. Zimmer rappelle le rôle positif joué par le D épartem ent et le ministre des Colonies,<br />
au cours de ces années, dans les conflits qui surgissaient avec les autres Départem ents<br />
métropolitains, ainsi que face à l’indifférence du Ministère des Finances, notam m ent<br />
au sujet de l’accès du Congo au marché des capitaux. M. Pétillon a noté lui aussi,<br />
à plusieurs reprises, la difficulté des rapports du D épartem ent des Colonies avec les<br />
autres instances métropolitaines. Celles-ci avaient, selon lui, une fâcheuse tendance<br />
à ne pas accorder aux intérêts et aux besoins financiers légitimes du Congo l’importance<br />
que ceux-ci méritaient (v. notam m ent C .M .A ., p. 409, note 40, 2 ; R., pp. 33-38, 474-<br />
475, 530-531).<br />
Mais il me paraît que M. Zimmer <strong>for</strong>ce un peu le trait lorsqu’il dit :<br />
Le Département a sans doute montré un conservatisme devant l'évolution africaine, mais<br />
il était tenu par l’attitude du Conseil colonial, un législateur curieusement oublié par tous.<br />
À vrai dire, la réalité me semble plus nuancée. Il y avait certes, au sein du Conseil<br />
colonial, une volonté unanime de sagesse. Celle-ci se traduisait chez tous ses membres<br />
par une grande prudence et chez nom bre d ’entre eux par un attachement très vif<br />
au passé, allant jusqu’à une méconnaissance certaine des évolutions plus récentes de<br />
la société congolaise. On peut donc dire, je crois, que la tendance dom inante du Conseil<br />
colonial était conservatrice. Le rejet par ce Conseil, en 1954, du projet remanié de<br />
statut des villes introduit par Kalina et les raisons de ce rejet, que nous rappelle M.<br />
Pétillon (R ., p. 297), illustrent cette attitude. Cependant, plusieurs membres de ce<br />
Conseil, A. M arzorati, A. Sohier, G. M aquet, F. Peigneux notam ment, avaient montré<br />
déjà ou montreraient bientôt qu’ils étaient prêts, sans se départir de la prudence<br />
nécessaire, à tenir compte des évolutions en cours et à les guider. M. Pétillon rappelle<br />
à cet égard qu’à cette époque, A. Sohier avait entrepris de repenser l’ensemble de<br />
la législation coloniale, et donc la philosophie même de la colonisation belge, pour<br />
adapter celle-ci aux divers stades du développement de la société indigène. Dans le<br />
même esprit, il avait élaboré, avec une commission de spécialistes, une ré<strong>for</strong>me judiciaire<br />
d ’im portance fondam entale, qui sera promulguée en 1958 (v. C .M .A ., pp. 203-218).<br />
Puis-je aussi rappeler que le même A. Sohier, intervenant en 1954 (c’est-à-dire bien<br />
avant les premières manifestations du nationalisme congolais) dans la discussion<br />
évoquée par notre confrère Stengers à propos de la révision de l’art. 1er de la Constitution,<br />
déclarait : «À mesure que la colonie évolue, nous devons la conduire, lentement,<br />
mais progressivement, à l’autonom ie [Bull. Séanc. Acad. r. colon., 25, 1954(5),<br />
p. 1371],<br />
La seconde nuance à introduire est que le Conseil colonial, organe certes très influent,<br />
avait un rôle consultatif et pouvait parfaitement travailler en tenant compte de la<br />
volonté politique exprimée par le Ministre. Ce fut le cas lors de l’examen, en 1952,<br />
de la réorganisation politique indigène du Ruanda-U rundi (\ . R ., p. 247). Ce sera le