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(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences

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grand nombre, elle ne suscitait aucun commentaire. Certains enfin, assez nombreux,<br />

tout en m arquant plus qu’autrefois leurs convictions politiques, manifestaient le souci<br />

de garder les deux pieds sur terre, c’est-à-dire de continuer à respecter cette «réalité<br />

africaine» qui était, je l’ai dit, le credo fondamental. À ce titre, je me souviens en<br />

effet en avoir entendu plusieurs, même s’ils se sentaient proches de la majorité au<br />

pouvoir en Belgique, critiquer certaines décisions ou certaines absences de décision<br />

des autorités métropolitaines.<br />

Une des questions les plus fondamentales qui concernent cette période est <strong>for</strong>mulée<br />

par M. Stengers, lorsqu’il nous dit qu’il n ’est pas certain que le refus opposé par<br />

M. Pétillon à la politisation du Congo, à l’im portation dans la colonie des querelles<br />

politiques et des antagonismes idéologiques métropolitains, ait été opportun. M.<br />

Stengers précise :<br />

... on peut se demander si, pour la <strong>for</strong>mation politique des Congolais (ce à quoi nous songeons<br />

évidemment beaucoup plus aujourd’hui qu’au moment où les faits se situaient), il n’était<br />

pas souhaitable qu’ils se frottent à des luttes de partis à l’occidentale, avec un type occidental<br />

d’oppositions idéologiques ; à ne les laisser se développer que dans la ligne de ce qui constituait,<br />

implicitement au moins, leur propre culture politique, n’aurait-on pas abouti à la<br />

<strong>for</strong>mation de partis presque uniquement ethniques, ce qui aurait été mortel pour l’unité<br />

du pays ? C’est une question qui vient à l’esprit.<br />

L’observation est essentielle et les arguments qui l’étayent sont considérables. Sans<br />

doute est-ce une de ces questions à propos desquelles nous ne pourrons jam ais avoir<br />

de certitudes. Aussi voudrais-je surtout m ’ef<strong>for</strong>cer ici de préciser certains aspects du<br />

problème qui me paraissent importants.<br />

Il me semble utile de voir clairement d ’abord ce que M. Pétillon adm ettait en la<br />

matière et ce q u ’il déplorait.<br />

Le gouverneur général attendait des grands partis métropolitains q u ’ils élaborent<br />

«des programmes cohérents concernant les problèmes congolais» ( T.R., p. 47). 11 souhaitait<br />

aussi, nous le savons, que le gouvernement s’ef<strong>for</strong>ce d ’obtenir une sorte de<br />

position commune de ces partis sur la question fondam entale de l’évolution politique<br />

du Congo. Il n’était donc pas opposé à l’action des partis métropolitains en matière<br />

congolaise. Au contraire, il leur dem andait des attitudes politiques majeures.<br />

Pourrait-on dire cependant que dans son esprit, c’est en Belgique seulement que<br />

ces partis devaient exercer leur action, afin d ’orienter la politique du pays à l’égard<br />

de sa Colonie, et sans se mettre à militer pour leurs positions au Congo même ? La<br />

sévérité des critiques qu’il <strong>for</strong>mule à leur égard pourrait le donner à penser. Cependant,<br />

je ne crois pas que c’était là le fond de son attitude.<br />

On observera d ’abord que rien, dans les critiques qu’il adresse aux partis m étropolitains,<br />

n’est dirigé contre le principe de leur action au Congo. Ce qu’il redoute,<br />

«ce sont les soubresauts de la politique belge et leurs contre-coups en Afrique». Ce qu’il<br />

déplore, ce sont «certaines façons d ’agir nouvelles». Ce q u ’il reproche aux partis, c’est<br />

essentiellement de vouloir résoudre les problèmes congolais «en fonction des contingences<br />

métropolitaines», de transplanter dans la Colonie leurs sujets traditionnels d ’affrontements,<br />

sans souci du stade initial où se trouve le Congo en matière politique et du<br />

caractère artificiel de ces conflits pour les Africains, de se conduire en «néophytes» à<br />

l’égard du Congo, sans connaître le pays et ses habitants (v. notam m ent T. R., pp. 47-49).

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