1 - Institut français de l'éducation

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480 JOURNAL DES INSTITUTEURS
Le Jardin de PÉeole
Conservation des légumes et des fruits.
Les légumes et les fruits concourent non
seulement à l'alimentation de l'homme durant
les mois où on les récolte, mais encore au
cours de la mauvaise saison, époque à laquelle
le potager et le verger sont à peu près dénudés
de produits; la nécessité s'impose donc
de conserver fruits et légumes pour la période
de non-végétation.
Le cellier, la cave, le grenier, le jardin
même sont les endroits où l'on remisera les
légumes en agissant comme suit :
1° Légumes-graines : haricots, pois et fèves :
on les cueille lorsque les pieds sont jaunis,
puis on les met en bottes que l'on suspend au
grenier ; par la suite, on procède au battage
et on place les grains bien secs dans des
sacs ou dans des corbeilles.
2" Légumes-feuilles : choux, céleri, salades
diverses, poireaux. Les choux, arrachés à racines
nues, sont disposés dans le jardin par
rangées, couchés sur le sol, les pommes dirigées
vers le nord; on recouvre ensuite les
racines et les tiges d'une, légère couche de
terre; le céleri-rave est enterré dans du sable,
en cave o* au cellier; les salades d'hiver,
chicorée et scarole, sont levées soigneusement
avec leurs racines, puis repiquées dans un lit
de terre sèche ou de sable disposé préalablement
à la cave ou au cellier ; les poireaux
peuvent rester en place au potager, abrités
avec de la litière.
3° Légumes-racines : carottes, navets, betteraves
alimentaire, radis d'hiver. Carottes :
après avoir coupé au niveau du collet les
feuilles des plantes destinées à être conservées,
on enterre les racines dans du sable, à
l'abri d'un cellier ou d'une cave ; on peut se
contenter aussi de les mettre en silos (sortes
de fosses souterraines) dans un coin du jardin.
Navets : on coupe, les feuilles avec une partie.
du collet, on conserve les racines en cave ou
en silos. Betteraves : aussitôt arrachées, elles
sont débarrassées de leurs feuilles, puis hivernées
en silos ou en cave. Radis d'hiver : les
racines, récoltées en octobre, sont portées en
cave où on les enterre dans du sable.
4* Légumes-tubercules et légumes-rhizomes :
Pommes de terre : celles destinés à la consommation
durant l'hiyer doivent être arrachées
à complète maturité ; après les avoir
laissées deux ou trois jours sur le sol, on les
rentre à la cave ou au cellier. Stachys : cette
plante ne craint pas les froids ; on. la laisse
au jardin ; mais, pour pouvoir la récolter
quand on en a besoin, on la recouvre, avant
la gelée, d'une bonne couche de feuilles qui
empêche la terre de durcir.
5° Légumes-bulbes : oignons, échalotes, ails.
Oignons : quand les feuilles jaunissent, on
arrache ces légumes, on les laisse sur le sol
durant 2 ou 3 jours, puis on les remise dans
un endroit sec, tel qu'un grenier, où on les
étend sur le plancher. Echalotes : l'arrachage
est le même que pour les oignons ; après un
court séjour au grenier, on les réunit par paquets
et on les suspend. Ails : les ails sont
également mis en bottes, puis suspendus dans
un lieu sec et sain.
***
Fruitier. — En ce qui concerne les fruits
que l'on veut conserver, on doit tout d'abord
les cueillir par un temps sec, les étendre sur
la paille pour les laisser ressuyer; c'est seulement
ensuite qu'on les place dans le fruitier.
Au village, peu de maisons ont des pièces
spéciales à ces destinées ; aussi utilisera-t-on
les celliers ou les caves saines ; toutefois, si
l'on avait une chambre inhabitée, exposée au
nord, à fenêtres hermétiquement fermées,
avec volets pouvant donner une obscurité
complète, il y aurait là un lieu très convenable
pour fruitier. A peu de frais, on l'aménagerait
de cette façon ; le long des murs, on
fixerait des tablettes de 50 à 60 centimètres de
large avec liteaux (tringles de bois sur les
bords) ; ces tablettes seraient inclinées d'avant
en arrière et on les garnirait de paille bien
propre ; on pourrait en placer depuis le plancher
jusqu'au plafond à une distance l'une de
l'autre de 20 a 25 centimètres.
En déposant les fruits sur la tablette, on
évitera de les mettre en contact les uns' avec
les autres ; de cette façon; ceux qui seraient
atteints de pourriture ne pourront communiquer
l'infection à leurs voisins. Si la pièce
paraît humide, on placera çà et là, sur des
assiettes, des morceaux de chlorure de calcium,
substance qui a la propriété de dessécher
l'air ; la température de +6* à +8" sera
celle qui conviendra le mieux ; en aucun cas
on ne donnera de clarté dans le fruitier.
Les enfants pourront être exercés à confectionner
des fruitiers portatifs, dits fruitiers
Dombasle. Ils fabriqueront de petites caisses
de 60 centimètres de long, 40 centimètres de
large et 10 centimètres de profondeur; sur le
milieu et à l'extérieur de chacune des parois
latérales, ils cloueront des tasseaux dépassant
d'un centimètre le bord supérieur des caisses ;
ces tasseaux, tout en maintenant les boîtes les
unes sur les autres, laisseront circuler l'air
entre elles. On garnira chaque caisse de fruits
dans les mêmes conditions que les tablettes
dont nous avons parlé plus haut, et on les
mettra en pile dans un coin d'une pièce où
elles tiendront relativement peu de place. On
passera fréquemment la visite des caisses, ce
qui permettra, tout en prenant les fruits nécessaires
à la consommation, d'enlever ceux
qui auraient des tendances à se gâter.
On peut conserver également le raisin sur
les tablettes d'un fruitier, mais il y a encore
d'autres procédés concernant le fruit de la vigne.
On conseille d'attacher les grappes par
la queue, soit après des cadres munis d'un
certain nombre de fils de fer, soit après des
cercles de tonneaux retenus au plafond et
auxquels on suspend les raisins au moyen de
crochets en forme d'S, dont l'extrémité inférieure
est introduite dans la grappe et l'extrémité
supérieure rattachée au cercle.
Un troisième procédé, dit à la Thomery,
permet de conserver les raisins frais durant
au moins 6 mois. On cueille chaque grappe
avec un morceau du rameau qui la porte ; on
remplit d'eau des flacons ayant la forme de
petits bocaux ; l'extrémité de chaque sarment
est enfoncée dans chaque récipient, ce qui termine
l'opération.
E. DELIÈGE.