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INFORMATION N° 30 sur la jurisprudence de la Cour mai 2001

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dommage subi <strong>de</strong> ce fait. Par conséquent, ils ne se sont pas vu offrir un recours effectif pour dénoncer le<br />

manquement à l’article 3 ; dès lors, il y a eu vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’article 13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention.<br />

Les juges Rozakis, Palm, Thomassen, Casa<strong>de</strong>vall et Kovler ont exprimé <strong>de</strong>s opinions en partie dissi<strong>de</strong>ntes<br />

dont le texte se trouve joint à l’arrêt, <strong>de</strong> même que celui <strong>de</strong> l’opinion concordante <strong>de</strong> Lady Justice Ar<strong>de</strong>n et<br />

du juge Kovler.<br />

B. arrêt T.P. et K.M.<br />

La <strong>Cour</strong> dit à l’unanimité :<br />

• qu’il y a eu vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’article 8 (droit au respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie familiale) <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention<br />

européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme ;<br />

• qu’il n’y a pas eu vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’article 6 (droit à un procès équitable) <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention ;<br />

• qu’il y a eu vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’article 13 (droit à un recours effectif) <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention.<br />

En application <strong>de</strong> l’article 41 (satisfaction équitable) <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention, <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> alloue 10 000 livres sterling<br />

(GBP) à chacune <strong>de</strong>s requérantes pour dommage moral ainsi que 25 000 GBP pour frais et dépens.<br />

1. Principaux faits<br />

L’affaire concerne une requête introduite par une mère et sa fille, T.P. et K.M., toutes <strong>de</strong>ux ressortissantes<br />

britanniques, nées respectivement en 1965 et 1983 et résidant à Chelmsford.<br />

Entre 1984 et 1987, l’autorité locale, à savoir l’arrondissement londonien <strong>de</strong> Newham, conçut le soupçon<br />

que K.M. était victime d’abus sexuels. A <strong>la</strong> suite d’une réunion ad hoc, tenue le 2 juillet 1987, <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

requérante fut inscrite <strong>sur</strong> <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s enfants à risque, dans <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong>s enfants victimes d’abus<br />

affectifs.<br />

Le 13 novembre 1987, <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième requérante, alors âgée <strong>de</strong> quatre ans, eut un entretien avec une<br />

pédopsychiatre consultante, le docteur V. Un travailleur social, M. P., assistait à l’entretien, qui fut<br />

enregistré <strong>sur</strong> vidéocassette. Au cours <strong>de</strong> cet entretien, K.M. révé<strong>la</strong> que quelqu’un du nom <strong>de</strong> « X. » avait<br />

abusé d’elle. Le compagnon <strong>de</strong> T.P., « XY », qui vivait avec les requérantes, avait le même prénom, « X »,<br />

que l’auteur <strong>de</strong>s abus. Toutefois, K.M. précisa que « XY » n’était pas l’homme qui avait abusé d’elle et que<br />

« X » avait été chassé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mai</strong>son. La première requérante fut informée que sa fille avait révélé avoir subi<br />

<strong>de</strong>s abus sexuels <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> « XY ». Lorsqu’elle commença à s’agiter et à se mettre en colère, le docteur<br />

V. et M. P. conclurent qu’elle serait incapable <strong>de</strong> protéger K.M. d’éventuels abus et qu’elle tentait <strong>de</strong><br />

convaincre celle-ci <strong>de</strong> revenir <strong>sur</strong> son allégation. Ils décidèrent <strong>de</strong> retirer immédiatement <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

requérante à sa mère.<br />

Le 13 novembre 1987, l’autorité locale sollicita et obtint <strong>de</strong> <strong>la</strong> Magistrates’ <strong>Cour</strong>t <strong>de</strong> Newham une<br />

ordonnance <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cement en lieu sûr pour vingt-huit jours.<br />

Le 24 novembre 1987, <strong>la</strong> première requérante, qui avait décidé <strong>de</strong> ne plus admettre aucun homme à son<br />

domicile, sollicita <strong>la</strong> mise sous tutelle judiciaire <strong>de</strong> sa fille. La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enfant fut confiée à l’autorité<br />

locale, <strong>la</strong> première requérante se voyant pour sa part reconnaître un droit <strong>de</strong> visite restreint.<br />

Vers octobre 1988, les représentants <strong>de</strong> <strong>la</strong> première requérante <strong>de</strong>mandèrent à voir l’enregistrement vidéo<br />

<strong>de</strong> l’entretien conduit avec <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième requérante. L’autorité sanitaire et le docteur V. <strong>de</strong>mandèrent à ce<br />

que l’enregistrement <strong>de</strong> l’entretien ne fût pas mis à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> première requérante. Vers <strong>la</strong> même<br />

époque, à une date non précisée, les solicitors <strong>de</strong> T.P. purent consulter les transcriptions. Il en ressortait que<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième requérante avait dit qu’« XY » n’avait pas abusé d’elle et que l’auteur <strong>de</strong>s abus avait été chassé<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>mai</strong>son par sa mère. Ces questions furent abordées par les solicitors <strong>de</strong> <strong>la</strong> première requérante avec

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