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INFORMATION N° 30 sur la jurisprudence de la Cour mai 2001

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l’autorité locale. Le 21 novembre 1988, au cours d’une audience <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> High <strong>Cour</strong>t, l'autorité locale<br />

recommanda que <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième requérante fût <strong>de</strong> nouveau confiée à sa mère ; <strong>sur</strong> <strong>la</strong> base d’un accord entre<br />

les parties, le juge ordonna le <strong>mai</strong>ntien sous tutelle judiciaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième requérante et autorisa<br />

l’autorité locale, investie <strong>de</strong> <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enfant, à confier celle-ci à <strong>la</strong> première requérante. Depuis lors,<br />

K.M. vit avec sa mère.<br />

Le 8 novembre 1990, les requérantes engagèrent une procédure contre l’autorité locale pour négligence et<br />

manquement à ses obligations légales. Elles alléguaient principalement que le travailleur social, M.P., et <strong>la</strong><br />

psychiatre, le docteur V., n’avaient pas vérifié les faits avec le soin et <strong>la</strong> minutie nécessaires. Elles<br />

affir<strong>mai</strong>ent avoir souffert <strong>de</strong> réels troubles psychiatriques en raison <strong>de</strong> leur séparation forcée. A l’issue<br />

d’une procédure qui s’acheva <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong>s lords, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s requérantes furent rayées du<br />

rôle. Par un arrêt du 29 juin 1995, qui concernait trois affaires, Lord Browne-Wilkinson dit notamment<br />

qu’eu égard aux arguments d’ordre public, les autorités locales ne pouvaient être tenues à réparation pour<br />

négligence dans l’accomplissement <strong>de</strong> leurs obligations légales en matière <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’enfance.<br />

Griefs<br />

Les requérantes allèguent que K.M. a été prise en charge et séparée <strong>de</strong> sa mère, T.P., sans aucune<br />

justification ; elles affirment également ne pas avoir eu accès à un tribunal ni disposé d’un recours effectif<br />

pour dénoncer cette atteinte à leurs droits. Elles invoquent les articles 8, 6 § 1 et 13 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention.<br />

Décision <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Cour</strong><br />

Article 8<br />

La <strong>Cour</strong> conclut que <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’opportunité <strong>de</strong> communiquer l’enregistrement vidéo <strong>de</strong> l’entretien et<br />

<strong>de</strong> sa transcription aurait dû être tranchée rapi<strong>de</strong>ment, afin <strong>de</strong> donner à T.P. une possibilité effective <strong>de</strong><br />

répondre aux allégations selon lesquelles sa fille, K.M., ne pouvait pas lui être confiée <strong>de</strong> nouveau sans<br />

risque. La <strong>Cour</strong> constate qu’en s’abstenant <strong>de</strong> porter <strong>la</strong> question <strong>de</strong>vant les tribunaux, l’autorité locale a<br />

privé l’intéressée d’une participation adéquate au processus décisionnel concernant <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> sa<br />

fille. Dès lors, elle estime qu’il y a eu manquement au respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie familiale <strong>de</strong>s requérantes, et donc<br />

vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’article 8 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention.<br />

Article 6<br />

Quant à l’applicabilité <strong>de</strong> l’article 6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention, <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> considère qu’il y avait dès le début <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

procédure une contestation réelle et sérieuse <strong>sur</strong> l’existence du droit que les requérantes affir<strong>mai</strong>ent tirer du<br />

régime <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité pour négligence. Dans ces conditions, <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> estime que les intéressées<br />

pouvaient prétendre, au moins <strong>de</strong> manière défendable, avoir un droit reconnu en droit interne. Partant,<br />

l’article 6 est applicable à l’action en responsabilité pour négligence qu’elles ont intentée à l’encontre <strong>de</strong><br />

l’autorité locale.<br />

Quant à l’observation <strong>de</strong> l’article 6, <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> observe tout d’abord que, <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n pratique, les requérantes<br />

n’ont pas été empêchées <strong>de</strong> porter leurs griefs <strong>de</strong>vant les tribunaux internes. De fait, <strong>la</strong> cause a été<br />

vigoureusement débattue en justice jusque <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong>s lords, les requérantes ayant au <strong>de</strong>meurant<br />

bénéficié pour ce faire <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> judiciaire. Aucun obstacle procédural ou dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> prescription n’a par<br />

ailleurs été invoqué. Les juridictions internes ont eu à se prononcer <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> radiation pour défaut<br />

<strong>de</strong> motif raisonnable d’agir présentée par les défen<strong>de</strong>urs. Elles ne pouvaient le faire sans statuer au<br />

préa<strong>la</strong>ble, et en présumant exacts les faits exposés par les requérantes, <strong>sur</strong> l’existence d’une prétention<br />

défendable en droit.<br />

De plus, <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> n’est pas convaincue que les prétentions <strong>de</strong>s requérantes aient été rejetées du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mise en jeu d’une règle d’exonération <strong>de</strong> responsabilité. La Chambre <strong>de</strong>s lords, faisant application <strong>de</strong>s<br />

principes ordinaires du droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité pour négligence, a conclu que l’autorité locale ne pouvait

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