INFORMATION N° 30 sur la jurisprudence de la Cour mai 2001
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procureur général n’a ja<strong>mai</strong>s enquêté à ce sujet ; le fait que les requérants ne lui aient pas<br />
adressé <strong>de</strong> p<strong>la</strong>inte officielle n’importe pas. De plus, l’argument du Gouvernement selon<br />
lequel <strong>la</strong> procédure était vouée à l’échec du moment que les requérants ne coopéraient<br />
pas est infondé. Quant à une action civile, les chances <strong>de</strong> succès doivent en être<br />
considérées comme négligeables étant donné qu’aucun agent <strong>de</strong> l’Etat n’était poursuivi.<br />
Enfin, une p<strong>la</strong>inte au médiateur, qui n’a pas le pouvoir d’ordonner <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es ni<br />
d’imposer <strong>de</strong>s sanctions, ne saurait non plus passer pour un recours effectif. En<br />
conséquence, il n’existe aucun recours effectif pour redresser les griefs tirés <strong>de</strong> l’article 3.<br />
Quant à celui tiré <strong>de</strong> l’article 2, une enquête a été ouverte à l’initiative <strong>de</strong>s autorités, <strong>mai</strong>s<br />
aucun élément à charge n’a été découvert contre quiconque ; on ne saurait donc exiger <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> neuvième requérante qu’elle utilise <strong>de</strong>s recours internes à cet égard.<br />
S’agissant <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s requérants qui n’a pas comparu <strong>de</strong>vant les délégués, compte tenu<br />
du temps écoulé <strong>de</strong>puis lors sans qu’aucune information ne lui parvienne, <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> estime<br />
pouvoir conclure qu’il n’entend plus <strong>mai</strong>ntenir sa requête, qui est donc rayée du rôle.<br />
Article 2 – Bien qu’il n’ait pas été possible <strong>de</strong> déterminer qui avait tué le fils <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
neuvième requérante, il faut établir si l’Etat s’est acquitté <strong>de</strong> ses obligations positives.<br />
Premièrement, en ce qui concerne les me<strong>sur</strong>es <strong>de</strong> protection, rien ne donne à penser qu’il<br />
ait craint pour sa vie ou ait fait état <strong>de</strong> pareille crainte à <strong>la</strong> police, ni encore que les<br />
autorités chypriotes auraient dû savoir qu’il courait un danger. Il n’y a donc pas eu<br />
vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> ce chef. Quant à l’efficacité <strong>de</strong> l’enquête, diverses me<strong>sur</strong>es ont été prises par<br />
les autorités, dont un examen <strong>de</strong>s lieux et une autopsie, et rien ne permet à <strong>la</strong> <strong>Cour</strong> <strong>de</strong><br />
conclure qu’elle ait été insuffisante.<br />
Conclusion : non-vio<strong>la</strong>tion (unanimité).<br />
Article 3 – La <strong>Cour</strong> juge que les policiers ont intentionnellement soumis les requérants à<br />
<strong>de</strong>s mauvais traitements atteignant <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers <strong>de</strong> gravité, sans qu’il soit établi que<br />
le but en était d’extorquer <strong>de</strong>s aveux. De plus, il n’a pas été possible <strong>de</strong> déterminer avec<br />
précision <strong>la</strong> manière dont les coups ont été infligés, il règne une incertitu<strong>de</strong> quant à <strong>la</strong><br />
gravité <strong>de</strong>s lésions subies par certains <strong>de</strong>s requérants et aucun élément <strong>de</strong> preuve n’a été<br />
produit qui démontre l’existence <strong>de</strong> séquelles à long terme. Les mauvais traitements ne<br />
peuvent être qualifiés <strong>de</strong> torture <strong>mai</strong>s sont suffisamment graves pour être considérés<br />
comme inhu<strong>mai</strong>ns.<br />
Conclusion : vio<strong>la</strong>tion (unanimité).<br />
Article 5 – Le Gouvernement n’a fait état d’aucune base légale justifiant l’arrestation et <strong>la</strong><br />
détention <strong>de</strong>s requérants.<br />
Conclusion : vio<strong>la</strong>tion (unanimité).<br />
Article 8 – La <strong>Cour</strong> juge inutile d’étudier ce grief (atteinte à l’intégrité physique et<br />
morale et donc à <strong>la</strong> vie privée).