De la représentation et de l'usage de la musique - Association des ...

PALABRES
CULTURE & ARTS
confrérie des griots.
Ces instruments sont joués par
les griots à l’exclusion des griottes.
Celles-ci, contrairement aux idées
reçues ne sont pas les égales de
leurs maris. Leur rôle est de les accompagner
mais en aucun cas elles
ne peuvent prendre leur place.
Elles s’expriment par leurs voix,
par le chant. Et le seul instrument
qu’elles puissent pratiquer est le
Karina, instrument métallique sur
lequel elles frappent avec une baguette
en fer pour accompagner le
balafon ou xylophone du mari ou
les chansons de ses congénères
griottes. Cet instrument ne se joue
jamais seul.
Quand la lune se lève, toute
l’Afrique danse. Voilà encore une
idée reçue sur les Africains et leur
mode de vie ! Dans la société malinké,
les hommes ne dansent
qu’en des circonstances occasionnelles.
Seuls les griots sont habilités
à pratiquer la danse d’une manière
systématique lors de manifestations
sociales bien particulières. Parmi les
danses des griots, il y a deux
grandes catégories distinctes : les
danses acrobatiques et les danses
dites légères.
Sinon ce sont les femmes qui
dansent pour leurs loisirs, lors de fêtes
ou en effet quand la lune se lève.
Le griot est un musicien mais
l’essence même de son rôle dans la
société malinké est la parole (elle
est son essence même). Il est le
maître de la parole ; il sert de porte-voix
à son maître. En cela, sa
fonction est à la fois sociale et politique.
Mais sa mission est aussi et
avant tout de transmettre les valeurs
et l’histoire des ancêtres de la
région ou du pays auquel il appartient.
L’instrument de musique est
au service de la parole énoncée
ou chantée et il est un faire-valoir
pour celui qui le pratique.
La musique participe du statut
plus ou moins élevé du griot.
Elle lui confère un certain prestige
social et politique. Elle n’est
donc pas à considérer comme un
art pur mais comme une composante
essentielle et révélatrice
d’une société et de son fonctionnement.
Littérature
et musique :
les deux faces d’une seule
et même activité créatrice.
Dans toute culture archaïque
de tradition orale, la musique revêt
une importance particulière.
Pouvait-on concevoir, dans l’antiquité
grecque par exemple, poésie
sans coryphée, sans performance
orale et accompagnement musical ?
Était-ce même concevable dans la
mesure où littérature et musique
étaient les deux faces d’une seule et
52 L’Arbre à Palabres N° 18 Janvier 2006