De la représentation et de l'usage de la musique - Association des ...

PALABRES
CULTURE & ARTS
43 - C. Nang Eyi Obiang,
« Le Mvett : le passage de l’oral
à l’écrit chez Tsira Ndong
Ndoutoume », in Itinéraires,
Littératures et contacts des cultures,
vol. 1, L’écrit et l’oral,
L’Harmattan, Paris, 1982.
44 - T. Ndong Ndoutoume,
Op. Cit..
45 - Ibid.
croyances et magies. Comme le dit
Pierre Claver Nang Eyi Obiang
dans son étude sur cette tradition :
le joueur de mvett est celui qui
plonge en lui-même et qui réalise
que c’est la vie de l’au-delà qui est
réellement importante. 43
Les thèmes des récits sont divers
et variés. Ils correspondent
aux tribulations de la vie, mais le
thème majeur est celui du peuple
d’Egong et de sa découverte de
l’immortalité.
Comme beaucoup de traditions
orales, le mvett est en voie
d’extinction et rencontre de gros
problèmes de diffusion. Même si
l’auteur prétend qu’il ne peut vraiment
s’éteindre du fait de son essence
de vie fondamentale, il importe
que ses congénères et luimême
(ainsi que les générations
futures) s’investissent dans la diffusion
du mvett et ce en l’adaptant
au contexte actuel : Puisqu’il ne
peut pas disparaître, ils imposent à
ceux qui vivent et à ceux qui vivront
après moi un devoir impérieux : le
répandre, le diffuser, non seulement
comme je le fais par les livres, mais
par l’art traditionnel, l’art oral, et
cet art, pour qu’il soit bien conservé,
il faut l’adapter aux situations
nouvelles que nous connaissons. 44
Par situations nouvelles, l’auteur
entend le passage de l’oral à l’écrit du
fait de la colonisation et de l’occidentalisation
croissante des sociétés
traditionnelles. Il aimerait voir le
mvett se perpétuer dans son caractère
original, c’est-à-dire oral, mais il
est conscient que c’est un leurre et
que la seule véritable possibilité est
le recours à l’écriture. Ainsi nous
offre-t-il une transposition qu’il juge
imparfaite, comme nous l’avons
évoqué dans l’introduction, mais qui
est cependant fort enrichissante sur
les Fang et la culture pahouine.
À la question qu’on lui pose sur
le dessein de son initiative, il répond
: Mon but est d’intéresser le
public gabonais au mvett étant
donné la multiplicité ethnique, mais
aussi le public extérieur. Mon effort
est de conserver la tradition qui est
appelée à disparaître. 45
Nous disions au début de cette
réflexion sur le mvett qu’il désigne
à la fois l’instrument, le joueur et
le récit. Dans le cadre écrit auquel
nous avons affaire, le terme ne
peut évidemment désigner véritablement
que le récit. Mais ne négligeons
pas le fait que même si le
texte est appréhendé hors contexte
(c’est à dire pas joué lors d’une
séance de mvett, mais lu en solitaire),
l’auteur peut pallier à ce vide
par le recours à l’évocation
continuelle de celui-ci par le biais
de la description, du monologue,
du dialogue, de l’épanchement,
etc. ainsi qu’en conférant au récit
un certain rythme, une certaine
musicalité. D’inspirateur, d’ac-
62 L’Arbre à Palabres N° 18 Janvier 2006