De la représentation et de l'usage de la musique - Association des ...

PALABRES
ARTS & CULTURE
riche dans la mesure où il met en
scène une très grande variétés de
genres de la tradition orale : l’épopée
(genre historicolégendaire),
le proverbe, la palabre, le chant, le
langage tambouriné, la devinette,
l’incantation, le conte, la devise,
etc. Nous retiendrons ici les genres
qui concernent la musique : le
chant et le langage tambouriné.
Les chants sont récurrents tout au
long du roman. On les retrouve
dans presque la moitié des chapitres
(7 sur 15), dans les chapitres
2, 3, 5, 7, 8, 13, 15.
Louis Millogo dans son étude
sur la langue bwamu dans le livre
les a classés selon leurs circonstances
et leur visée 72 , comme il s’en explique.
On a :
– les chants de culture (labour
collectif de Wakara) (p.128),
– les chants de mariage (noces de
Térhé) (p.129),
– les chants qui accompagnent
les danses de jeunes filles (pp. 137,
138, 139),
– les chants qui accompagnent
les danses des hommes (mariage de
Térhé) (p.147),
– les chants de funérailles à la
mort de Térhé (p.252),
– les chants satiriques lors des
manifestations populaires des funérailles
de l’Ancêtre Diyioua (pp.93,
94, 95),
– l’hymne de guerre à la même
occasion (pp. 89, 90, 91)
– les chants de louange lors du
mariage de Térhé et de Hadonfi (p.
147).
Chaque événement est, dans le
Crépuscule des temps anciens, l’occasion
de jouer de la musique, de
chanter et de danser. Plus qu’une
convention, l’exercice de la musique
est un langage, un mode
d’expression à part entière. Il y a
un instrument pour chaque épisode,
chaque activité de la vie. Mais
elle s’inscrit aussi dans une dimension
purement festive, de loisir
comme on le constate dès le
deuxième chapitre du roman qui
dépeint le Bwamu comme étant
un univers de parfaite allégresse où
l’esprit de fête est au rendez-vous.
L’emprise de la musique sur les
individus y est édifiante. Elle rassemble
les individualités en un tout
collectif d’une parfaite harmonie et
les stimule plus que tout autre activité
artistique : elle est bien ce levain
des foules, cette étrange et enivrante invention
des hommes dont le narrateur
nous parle. Tout en atteste dans le
roman.
La musique a des pouvoirs sans
pareils et ses fonctions sont innombrables.
Elle élève l’âme, exalte les
foules jusqu’à un état de démence,
de possession (physique et mentale),
renforce le courage des guerriers, célèbre
les grandes étapes de la vie
(fiançailles, mariage, funérailles,
etc.), est annonciatrice d’événement
72 - L. Millogo, Nazi Boni,
premier écrivain de Burkina
Faso, La langue bwamu dans
Crépuscule des temps anciens,
Pulim (Coll. Francophonies).
N° 18 Janvier 2006
L’Arbre à Palabres
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