De la représentation et de l'usage de la musique - Association des ...

PALABRES
CULTURE & ARTS
4 - F. Arroyas, La lecture musicolittéraire,
Presses universitaires
de Montréal, 2001.
le répertoire africain), discipline
d’une trop grande complexité
pour entreprendre de s’y initier en
vue d’un mémoire de maîtrise.
Reprenons, à ce sujet, les propos
de F. Arroyas dans son étude sur
l’analyse musicolittéraire : À la
différence de la présence thématique,
la présence formelle présente un problème
d’identification, car il s’agit
surtout pour le lecteur d’être en mesure
de reconnaître dans l’œuvre littéraire
des modalités d’expression
musicale. Déjà, à un premier niveau,
cela suppose de la part du lecteur
un plus grand travail interprétatif,
un savoir technique aussi – serait-il
minimal – de la musique. Ce
travail est plus grand, du simple fait
que les occurrences dans le texte, à la
différence d’une présence thématique,
doivent, pour être identifiées,
dépendre d’un établissement de lieux
communs entre des modalités d’expression
hétérogènes. L’ouverture du
lecteur sur les dispositifs musicaux
du texte peut se faire désormais par
la reconnaissance dans l’œuvre littéraire
du potentiel sonore et rythmique
du langage qui relèverait de
qualités musicales ou encore d’une
organisation du matériau littéraire
qui correspondrait à des formes ou à
des techniques musicales. 4
Parler de la musique dans la littérature
moderne d’Afrique noire
implique inévitablement un mouvement
rétrospectif dans l’histoire
de la civilisation et de la littérature
orales. Ce motif, cette composante
centrale du roman africain,
est une émanation directe et
consécutive de cette tradition orale
ancestrale. Ainsi si on veut s’interroger
sur la place de la musique
dans le roman africain, il importe
de retourner aux sources et de réfléchir
dans un premier temps sur
le rôle de la musique dans la société
traditionnelle afin de comprendre
avec plus de justesse l’ambition
des romanciers de l’époque
contemporaine qui ont fait le
choix de construire des œuvres
dans lesquelles la musique a une
place de choix, voire en est l’objet
principal et fondateur.
C’est pourquoi nous examinerons
une période très large de la civilisation
négro-africaine et ce afin
de mieux saisir le lien indéfectible
qui unit littérature et musique en
Afrique. Notre raisonnement s’établira
en trois étapes : nous verrons
dans un premier temps l’organisation
de la société orale et la place
de la musique dans ce système en
abordant le rôle central et fondamental
du griot ou de ses équivalents,
nous traiterons ensuite de
l’avènement de la littérature écrite
avec des auteurs tels que Senghor
ou Nazi Boni qui sont de véritables
pionniers en ce qu’ils ont tâché
de réinvestir des formes anciennes
dans un cadre moderne :
44 L’Arbre à Palabres N° 18 Janvier 2006