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De la représentation et de l'usage de la musique - Association des ...

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PALABRES<br />

CULTURE & ARTS<br />

37 - Ibid.<br />

38 - Ibid.<br />

39 - C. Seydou, Musique <strong>et</strong><br />

littérature orale chez les Peuls<br />

du Mali, in : L’Homme,<br />

1998, pp. 139 158<br />

40 - J. <strong>De</strong>rive L<strong>la</strong>can,<br />

Musique, performance <strong>et</strong> genre<br />

littéraire dans <strong>la</strong> culture orale<br />

africaine, in : Afrique, <strong>musique</strong>s<br />

<strong>et</strong> écritures, Centre<br />

d’étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> recherches sur<br />

les pays d’Afrique noire anglophone<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> Commonwealth,<br />

en col<strong>la</strong>boration avec<br />

l’axe francophone <strong>et</strong> méditerranéen,<br />

Université Montpellier<br />

III, 2001 (Coll. « Les carn<strong>et</strong>s<br />

du Cerpanac », n°1).<br />

Fang :<br />

Il prit alors une tige <strong>de</strong><br />

palier bambou, en détacha quatre<br />

cor<strong>de</strong>s sans les libérer entièrement <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> tige, mit quatre anneaux <strong>de</strong> liane<br />

à chaque extrémité, pour servir à<br />

l’accord <strong>de</strong> l’instrument, au milieu<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> tige il porta un levier servant<br />

à supporter <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre les<br />

cor<strong>de</strong>s qui donnèrent <strong>de</strong>s sons différents,<br />

suivant une gamme assez<br />

compliquée. Le mv<strong>et</strong>t était né [...]<br />

Tout en jouant <strong>de</strong> c<strong>et</strong> instrument,<br />

Oyono Ada Ngono se mit à raconter<br />

les épopées d’un peuple guerrier<br />

imaginaire qu’il baptisa du nom <strong>de</strong><br />

Peuple d’Egong ou Peuple <strong>de</strong> Fer.<br />

Ces épopées eurent pour eff<strong>et</strong> d’exciter<br />

les Fang. Ils se ruèrent alors vers<br />

les peup<strong>la</strong><strong>de</strong>s du Sud Ouest avec <strong>la</strong><br />

violence <strong>de</strong>s Héros du Mv<strong>et</strong>t, pil<strong>la</strong>nt,<br />

saccageant tout sur leur passage. 37<br />

Le joueur <strong>et</strong> l’instrument sont<br />

<strong>de</strong>s intermédiaires ; ils sont au service<br />

du récit. Comme le dit<br />

Ndoutoume lui même dans son<br />

introduction : Pour savourer tout<br />

l’attrait du mv<strong>et</strong>t, il faut connaître<br />

parfaitement le Fang <strong>et</strong> sa <strong>la</strong>ngue,<br />

être en présence du joueur en action<br />

avec son instrument. Celui-ci inspire<br />

le joueur, lui rend sa mémoire <strong>et</strong><br />

son assurance, avive l’attention <strong>de</strong>s<br />

auditeurs. 38<br />

Comme l’a constaté C. Seydou<br />

dans son ouvrage sur <strong>la</strong> <strong>musique</strong> <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> littérature orale en Afrique noire,<br />

<strong>la</strong> <strong>musique</strong> a une fonction qui<br />

relève du sacré, comme c’est le cas<br />

dans <strong>de</strong> nombreuses civilisations.<br />

L’instrument <strong>de</strong> <strong>musique</strong> est fort<br />

souvent considéré comme le médium<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>s ancêtres qui, à travers<br />

ses notes, dicte en quelque sorte au<br />

récitant ou au chanteur, ses paroles,<br />

comme le confie explicitement le<br />

joueur <strong>de</strong> mv<strong>et</strong>t lorsqu’il déc<strong>la</strong>me le<br />

mv<strong>et</strong>t ekang, l’épopée fantastique<br />

traditionnelle <strong>de</strong>s Fang. 39 Il n’est<br />

d’ailleurs pas rare qu’on attribue à<br />

l’instrument le pouvoir <strong>de</strong> parler.<br />

Jean <strong>De</strong>rive Liacan nous le rappelle<br />

: on dit d’ailleurs souvent <strong>de</strong><br />

certains instruments qu’ils parlent :<br />

c’est le cas du luth chez les Peuls <strong>et</strong><br />

les Mandé, du mv<strong>et</strong>t (harpe luth)<br />

chez les Fang, <strong>de</strong> <strong>la</strong> harpe chez les<br />

Zandé, du ba<strong>la</strong>fon dans le<br />

Manding. 40<br />

Mais le mv<strong>et</strong>t en tant que phénomène<br />

social a un sens beaucoup<br />

plus profond qui relève d’une certaine<br />

philosophie ou métaphysique<br />

consistant en l’idée d’un peuple immortel,<br />

celui d’Egong. Le joueur ou<br />

conteur, ici Ndoutoume, se fait le<br />

représentant <strong>de</strong> ce peuple. Mais désormais<br />

plus par le biais <strong>de</strong> son instrument,<br />

par celui <strong>de</strong> sa plume<br />

comme il s’en explique lui même.<br />

Ne négligeons cependant pas le fait<br />

que même si le lecteur du mv<strong>et</strong>t est<br />

hors contexte, s’il n’entend pas les<br />

sons <strong>et</strong> notes <strong>de</strong> l’instrument, le récit<br />

qu’il lit est bel <strong>et</strong> bien généré par<br />

c<strong>et</strong>te <strong>musique</strong>. Sans l’instrument,<br />

60 L’Arbre à Pa<strong>la</strong>bres N° 18 Janvier 2006

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