2010-04-plastilien-avril

C H R O N I Q U E
EMMANUEL ROSSI
Délégué Général d’Allizé-Plasturgie
Mettre l’ Éco-conception
au cœur de l’innovation
de la filière plasturgie
Le constat est décevant, l’économie française
devrait traverser une longue période
de convalescence, avec une hausse de
1 % du PIB seulement sur l’année. Cette
faible croissance est presque totalement
expliquée par la progression des stocks,
« preuve que la reprise est purement technique
», juge Karine Berger, Chef économiste
de l’assureur-crédit Euler Hermès. Et
dans l’immédiat, Euler Hermès ne voit
aucun signe d’amélioration de l’activité.
Un indicateur avancé l’inquiète en particulier.
Les demandes déposées par les entreprises
pour couvrir leurs encours fournisseurs
ont continué à baisser ces dernières
semaines, après avoir chuté de 21 % sur
un an. Preuve que les échanges interentreprises
restent au point mort. L’assureurcrédit
n’observe pas non plus de redémarrage
de l’activité dans le secteur de
l’intérim.
De fait, tous les moteurs traditionnels de la
croissance sont au point mort. Et du côté
de la Plasturgie, la faible utilisation des
capacités de production ne plaide pas en
faveur d’un rebond de l’investissement
productif même si les taux d’intérêt restent
toujours bas. En conséquence, la morosité
gagne encore du terrain et la filière plasturgie
reste focalisée sur le très court
terme sans recul suffisant pour envisager
des projets sortant des repères.
Il y a pourtant urgence pour le secteur,
à identifier de nouvelles niches et opportunités.
D’autant qu’il y a des signes encourageants
: des marchés réclament la présence
de plus de plastique, à l’exemple du
médical, du bâtiment, du cadre de vie, de
la publicité… Il existe bel et bien, pour
l’ensemble de la filière plasturgie, des
niches et des activités à marges. Selon
l’étude conduite par le cabinet Ernst et
Young à la demande des pouvoirs publics
de Bourgogne et cofinancée par Allizé-
Plasturgie Bourgogne, des clients potentiels,
attendent une meilleure connaissance
(caractéristiques, technologies,
propriétés matières…) et une plus grande
valorisation des matériaux.
Mais, la demande éparpillée, ne sait pas à
qui s’adresser, par manque d’interface
pour gérer et valoriser leurs attentes et
susciter l’innovation pour leur secteur.
Devons-nous laisser ces demandeurs
sans interlocuteur ?
La réponse de la Profession se concrétise,
par la création du Plastic Ecodesign Center
qui vient de voir le jour à Lyon, et qui
sera officiellement inauguré le 4 mai prochain.
Cette plateforme a été conçue avec
comme objectifs :
- de valoriser les potentialités plastiques,
actuelles et futures, en direction des marchés
existants et de ceux qui sont le moins
alertes sur ces possibilités ;
- d’être une clé d’entrée pour les inconnus
du plastique ;
- de promouvoir l’excellence plastique tant
en France qu’à l’étranger ;
- d’être un pouvoir de lobbying.
Elle traitera surtout des liens entre écoconception
et plasturgie, pour développer
des échanges fructueux avec ses clients
et devenir un des moteurs de la croissance
du secteur.
Le Plastic Ecodesign Center est aussi un
espace d'aide, de conseil et d'accompagnement
des industriels de la plasturgie qui
cherchent à s'engager sur la voie du développement
durable. Conjuguer les nécessités
environnementales aux opportunités concurrentielles,
est, de fait devenu un impératif
avec la raréfaction programmée du pétrole
et la concurrence des pays low cost.
Aussi, bien que la filière française soit
quasiment absente des segments moules
et machines, elle s’est néanmoins dotée
année après année de moyens performants
en terme de R&D, de formation, de
conseil et mis en place des programmes
d’innovation qui laissent entrevoir des
retours sur investissements.
Le Plastic Ecodesign Center est donc un
atout supplémentaire mis à la disposition
des plasturgistes Français pour susciter
l’innovation et ainsi les aider à combler
leurs handicaps face à la concurrence
étrangère.
n°66 • Avril 2010 Plastilien 11