LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

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pères fondateurs. Paul Claval a donné l’an 1870 à la mythographie de la géographie:
plus qu’un an un détour extraordinaire, une ligne de faîte, une valeur
abstraite et symbolique qui établit l’acceptation et l’inclusion de la géographie
parmi les sciences en robe. Je ne sais pas combien étaient les chaires
de géographie en Italie cette année-là, mais en 1874 on compte cinq chaires
et quatre professeurs de géographie dans les vingt-trois universités du
Royaume d’Italie 19 , réparties de façon déséquilibré quatre au Nord (Torino,
Pavia, Milano, Padova) e une au Sud (Napoli). Dix ans après elles étaient
sept, comme Giuseppe Dalla Vedova affirme avec satisfaction quand il en
examine la distribution à l’échelle européenne et il exprime donc la conviction
que nous ne sommes «inférieurs à personne dans l’individuation du
mieux même quand nous ne sommes pas les premiers à le pratiquer” 20 : toutefois
celle-ci n’est pas la question à poser, mais où et par quels parcours la
géographie – et non occasionnellement un géographe – entre dans les Universités.
Comme on le sait, l’incubateur de cet événement pour l’Italie est la loi
de réforme de l’école promulguée en 1859 par Gabrio Casati, ministre de
l’Instruction Publique avant l’Unité, dont l’application – d’ailleurs lente –
sera étendue à toute l’Italie après l’unification. Cette loi prévoyait
l’enseignement de la Géographie dès l’école élémentaire et donc elle la situait
dans l’Université dans la Faculté ès Lettres, avec la fonction de préparer
les enseignants; donc on attribuait essentiellement à la géographie la fonction
de contribuer avec les autres disciplines scolaires à l’alphabétisation du
pays, rôle qui sera emphatisé après l’Unité, en soutenant et en diffusant à
travers la cartographie et sa visualisation des “justes frontières d’Italie” le
sens de l’identité nationale 21 . La loi Casati sanctionne pour la géographie en
même temps la garantie d’une place dans les universités et la condamnation
à une faiblesse qui lui est intrinsèque, en l’attachant d’une manière indissoluble
à l’école et à l’enseignement et en quelque sorte en lui assignant ainsi,
pour longtemps, une rente de position qui lui a permis de ne pas chercher, si
non occasionnellement, un dialogue plus fondé sur le plan scientifique avec
les autres sciences.
Si la loi Casati institue donc les chaires de géographie dans les facultés ès
19 C. PEROGLIO, Relazione al Congresso Geografico Internazionale di Parigi intorno alle
presenti condizioni dell’insegnamento geografico in Italia, fatta per incarico del Circolo
Geografico Italiano, Torino 1875, p. 16.
20 9 G. DALLA VEDOVA, Il concetto popolare e il concetto scientifico della Geografia: discorso
inaugurale letto all’Università di Roma il giorno 3 novembre 1880, “Boll. S.G.I.”,
XVIII, 1881, pp. 5-27 réédité dans le volume G. DALLA VEDOVA, Scritti geografici, Novara
1914, pp. 119-143 e spec. 127.
21 Cfr. M.L. STURANI, “I giusti confini d’Italia”. La rappresentazione cartografica della
Nazione, “Contemporanea”, I, 1998, pp. 427-446 et EAD., Unità e divisione nella rappresentazione
cartografica dell’Italia tra Risorgimento e fine Ottocento, “Geographia Antiqua”,
VII, 1998, pp. 123-142.