LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

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Perthes, en apprenant une méthode cartographique qui constituera un trait
distinctif de sa production scientifique, une expérience qui à son tour active à
Turin entre le XIX et le XX siècle le développement d’une édition géographique
et cartographique, parmi lesquelles celle de la maison d’édition Paravia.
Éloquent conférencier, inséré dans une trame dense de rapports intellectuels
internationaux, il fonde dans sa maison un Institut Géographique
constitué autour de sa très riche bibliothèque et cartothèque, qu’il donnera
par testament à la Bibliothèque nationale de Turin, et à sa récolte ethnographique;
dans cet espace privé, d’accumulation d’instruments géographiques,
il célèbre la géographie comme sphère publique, en y accueillant des étudiants,
des hommes de science, des explorateurs en visite à Turin, avec qui il
tient des séminaires, sur la modèle allemande, et des lectures géographiques.
Malgré son engagement dans le développement du Cabinet de Géographie de
l’Université et malgré son rôle académique et son appartenance à la Société
Géographique, Cora sent la nécessité d’un lieux extérieur, d’un siège différent
de l’institutionnel, où réaliser un processus de circulation du savoir géographique
dans les lieux de sa production et de sa pratique à la société. Le
nouveau périodique retentit dans le titre Alexandre von Humboldt, qui en effet
constitue avec Ritter, Marco Polo, Colombo et Cook un des points de référence
cités dans l’Introduction au premier numéro de la revue, celui auquel
il fait remonter l’origine de la géographie moderne. Ses intérêts sont tournés
surtout aux grands voyages d’exploration géographique et donc à la géographie
coloniale, à l’intérieur de laquelle il bouge en cherchant à garder les aspects
scientifiques du colonialisme séparés des politiques, charmé par le défi
de reconduire les nombreux aspect différents de chaque pays dans un ensemble
organique de connaissances, dans la conviction que «il y a entre la terre
et l’homme des rapports et une dépendance qui influent en tout sur le développement
de l’individu et donc de la société» 59 ; la géographie cueille
l’ensemble des rapports entre la nature et l’homme et c’est ainsi «qu’elle a
pris les vêtements d’une science véritable, et que, soit dans l’ordre morale
soit physique aucune autre n’a de plus nombreuses applications». La géographie
n’a donc pas seulement une fonction de connaissance, mais elle est susceptible
d’influer sur la vie civile: «Renouer les nations en amitié réciproque,
diffuser les idées d’humanité et de savoir, rapprocher à tous les peuples l’art
de vivre policé, et avec un énorme avantage de chacun d’entre eux accroître
le bien être matériel entre tous par l’échange et le crédit, créer les moyens,
encore plus la matière et la nécessité au travail et à l’occupation, ce sont tous
des avantages qui sans la géographie non seulement ne seraient pas possibles,
mais pour la plupart on n’y penserait même pas».
59 G. CORA, Introduzione, “Cosmos”, I, 1973, p. 4. Voir aussi le discours inaugural au cours
de Géographie de 1883: G. CORA, Della superficie terrestre come oggetto precipuo della
Geografia, “Cosmos”, VIII, 1884-1885, pp. 274-282, publiée aussi dans “Zeitschrift für
wissenschaftliche Geographie”, IV, 1883, pp. 180-189.