LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
84 Inforgeo 18/19<br />
la conséquence logique de l’existence des conditions d’une identité scientifique,<br />
dont Giuseppe Dalla Vedova est indiqué comme le “patriarche”, celui à<br />
qui on doit l’invention de la géographie comme science 8 .<br />
Le deuxième dessine au contraire une histoire de fractures et de discontinuités;<br />
Gambi commence ses argumentations en jugeant discutable<br />
l’hypothèse qu’on doive faire commencer la géographie moderne avec son<br />
«enseignement plus ou moins régulier dans les universités», c’est-à-dire avec<br />
l’institution des chaires de géographie, à leur tour noyaux de formation<br />
d’écoles nationales, en anticipant avec cela des positions récentes dans le<br />
débat international 9 . Comme toutes les sciences – affirme Gambi – la géographie<br />
se construit sur des problèmes, avant que sur des institutions, donc<br />
sur sa «capacité ou aptitude à participer – avec ses méthodes de recherche et<br />
ses instruments de travail – à la solution de problèmes déterminés». Les origines<br />
de la géographie moderne se situent donc là où et quand «les problèmes<br />
auxquels la géographie moderne s’est adressée avec efficience particulière<br />
émergent, sont cultivés, stimulent sur des directions diverses des<br />
initiatives d’étude coordonnées”. Pour l’Italie cela arrive sans aucun doute<br />
au siècle XVIII: le siècle des lumières active dans les anciens états italiens,<br />
dans certains en manière particulière, l’étude des eaux et des réseaux hydrographiques,<br />
de l’exploitation des forêts, de la nature physique des lieux en<br />
rapport aux ressources agricoles, des relations entre croissance démographique<br />
et ressources, des réseaux routiers, de la mise en valeur des espaces ruraux,<br />
des politiques d’aménagement du territoire. L’âge napoléonien greffe<br />
ensuite, sur la dissolution de la tradition de l’arithmétique politique italienne<br />
des lumières, la statistique comme «description comparée des conditions<br />
économiques et sociales et des manières d’organisation des états»: sur ce<br />
modèle on produit plusieurs monographies chorographiques qui ne<br />
s’accomplissent pas dans la brève période de la conquête napoléonienne,<br />
mais qui, après un fléchissement pendant la Restauration, ont une continuité<br />
de quelques décennies, jusqu’à quand ce genre particulier de description<br />
géographique, au dernier quart du siècle XIX, s’épuise et la statistique devient<br />
aride compilation. Gambi semble penser que la culture du Risorgimento<br />
se rattache à la tradition illuministe plus qu’à la statistique napoléonienne,<br />
en marquant une première fracture dans les manières de la production d’un<br />
8 «Sans aucun doute la géographie comme science fut, pour l’Italie, une invention de Dalla<br />
Vedova»: voir LUZZANA CARACI, La geografia italiana tra ‘800 e ‘900, op. cit., p. 25.<br />
Giuseppe Dalla Vedova fut professeur de géographie à l’Université de Padoue depuis 1872,<br />
déjà libero docente de géographie physique en 1867, ensuite à l’Université de Rome, Président<br />
de la Société Géographique Italienne de 1900 à 1906. Sur son œuvre voir: I. LUZZANA<br />
CARACI, A sessant’anni dalla morte di Giuseppe Dalla Vedova, Genova 1978.<br />
9 R.J. MAYHEW, The Effacement of Early Modern Geography (c. 1600-1850): a Historiographical<br />
Essay, “Progress in Human Geography”, 25, 2001, pp. 383-401 e C.W.J.<br />
WITHERS – R. J. MAYHEW, Rethinking ‘Disciplinary’ History: Geography in British Universities,<br />
c. 1580-1887, “Transactions I.B.G.”, 27, 2002, pp. 11-29.