LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

Lieux et Portraits de la Géographie en Italie 97
Naples à cause de l’adhésion donnée aux rébellions pour l’annexion au Piémont.
Dans son livre célèbre sur les Vêpres Siciliens, publié en 1842, Amari
offre de la rébellion sicilienne de 1282 contre les Français de Charles
d’Anjou une interprétation romantique comme soulèvement d’un peuple qui
ne devait déplaire, ni sur le plan historiographique ni sur le politique, où les
Vêpres devenaient une métaphore du présent, aux milieux culturels et officiels
de Turin dans les années immédiatement précédentes l’Unité. En plus
Amari était un arabiste de renommé: son mandat soutenait aussi celui du développement
des études des langues et des civilisations orientales qui constituent
dans la capitale des Rois de Savoie, bien que par des vicissitudes différentes,
une tradition qu’on peut faire remonter à Charles Emmanuel I, avec le
commencement de sa collection de manuscrits et de livres syriaques, arabes,
araméens, hébraïques et de l’enseignement de la langue hébraïque, tradition
que Tommaso Valperga de Caluso, Antonio Carlo Boucheron, Amedeo
Peyron, Ernesto Schiapparelli ont renouvelée au XIX siècle. L’orientalisme
imprègne une partie significative de la culture à Turin après le XVII siècle;
au cours du XIX elle s’enracine encore davantage avec les premières collections
qui font naître le Musée Egyptien. Pour le petit état italien transalpin
qui n’a pas participé aux grandes découvertes géographiques, le voyage et la
découverte de l’ailleurs passe plusieurs fois au XVIII et au XIX siècle à travers
les études d’orientalisme. Tenter d’appeler Amari à une chaire de géographie
peut avoir cherché une justification en cela aussi, en faisant de
l’orientalisme un trait d’union aussi pour la géographie 35 , à laquelle on veut
désormais assigner un rôle de soutien aux nouveaux intérêts pour les explorations
et les relations commerciales avec les pays extra-européens qui se
développent dans le Piémont de la moitié du siècle. Mais une autre considération
joua un rôle peut-être non secondaire dans le choix: dans la position
historiographique d’Amari il n’y a pas seulement la réinterprétation du
Moyen Âge propre du Romantisme, qui à son tour alimentait une conception
romantique de nation et de peuple, mais aussi une attention spéciale à ce
qu’Amari appelait “manières du vivre” et “besoins publics”, en d’autres mots
aux conditions économiques et sociales d’un pays, ou plus spécifiquement,
comme un historien du Risorgimento a écrit, «à la manière de le civiliser
comme somme et combinaison d’état moral et matériel, reflétée par la législation;
l’interaction sur la longue durée, enfin, des structures économiques
avec la composition sociale et ethnique des populations, avec les caractéristiques
e l’environnement (qui anticipe une sensibilité non éloignée de celle
positiviste pour les facteurs géographiques)» 36 . C’est-à-dire nous ne sommes
35 Le jumelage géographie-orientalistique n’est d’ailleurs pas inusuel en Italie dans la seconde
moitié du XIX siècle: on en trouve un compte rendu dans l’article de G. PATRIZI, Orientalismo
e Geografia, “Boll. Soc. Geogr. It.”, ser. XI, IX, 1992, pp. 93-109, dans lequel toutefois
le discours historiographique apparaît très appauvri.
36 U. LEVRA, Fare gli Italiani. Memoria e celebrazione del Risorgimento, Torino 1992,