LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
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Lieux et Portraits de la Géographie en Italie 87<br />
une confirmation ultérieure à la reconstruction faite par Gambi et à sa thèse<br />
selon laquelle l’institutionnalisation de la géographie ne conserve pas la capacité<br />
illuministe, filtrée à travers la médiation de la culture du Risorgimento,<br />
de conjuguer science et manière de s’organiser de la société. Et s’il était<br />
nécessaire de documenter encore l’absence de communication entre la première<br />
géographie académique et la culture géographique qui avait animé les<br />
anciens états italiens avant l’Unité, il ne serait pas privé d’utilité pour en<br />
comprendre les raisons de relire le discours inaugural – dédié justement à la<br />
géographie et au Risorgimento d’Italie – tenu le 17 janvier 1913 par Carlo<br />
Errera à l’assomption de la chaire de géographie à l’Université de Bologna 13 .<br />
La première partie du discours paraît incohérent et contradictoire dans sa critique<br />
sans pitié et sans appel au genre chorographique-statistique, critique<br />
qui exclut toutefois des personnages comme Melchiorre Gioia, et, bien que<br />
plus tièdement, Carlo Cattaneo qui avaient été les maîtres de ce type d’étude.<br />
Bientôt toutefois la rhétorique du discours se manifeste et se déploie: il ne<br />
peut y avoir de continuité de savoir entre un passé de divisions contre nature<br />
et le présent où enfin par vouloir du peuple l’unité «voulue par la nature encore<br />
avant que par les hommes» s’est accomplie: en effet «quand un peuple<br />
n’est pas une nation il doit se résigner à une infériorité scientifique» 14 . Au<br />
contraire les lois par lesquelles l’état pourvoit «aux nécessités fondamentales<br />
d’ordre scientifique et pratique regardant nos études» entrent à faire partie<br />
intégrante de l’ «effort puissant d’unification» dans l’accomplissement du<br />
dessein de la nature, dans laquelle sont inscrites les frontières de l’Italie: de<br />
la loi Casati qui sanctionne, comme en Allemagne, la présence de la géographie<br />
dans les Universités, à la fondation de l’Institut Géographique Militaire<br />
auquel elle confie la tâche de remplacer les “vieilles cartes discordantes” par<br />
la nouvelle carte générale, à la construction de la carte géologique 15 et à celle<br />
de la ligne de la côte, pour continuer par la promotion d’entreprises scientifiques<br />
comme les expéditions géographiques des navires Magenta et Vittor Pisani.<br />
Ces initiatives activèrent selon Errera un «grand écho de consensus public»,<br />
à la base du succès des propos qui portèrent à la fondation de la<br />
Société Géographique Italienne qui, en entrelaçant les intérêts de la science<br />
avec ceux de la nation, dépassa le but borné que Cattaneo et les autres assignaient<br />
à l’action des géographes, “c’est-à-dire le fin de l’illustration de la<br />
patrie italienne”, pour guider au contraire un mouvement d’ ”expansion stu-<br />
13 3 C. ERRERA, La geografia e il Risorgimento d’Italia, “Rivista Geografica Italiana”, XX,<br />
1913, pp. 209-227.<br />
14 Errera cite ici G. BOCCARDO, Degli studi geografici e del loro stato presente in Italia,<br />
“Archivio Storico Italiano”, V, 1857.<br />
15 Sur les événements qui portèrent à la formation de la carte géologique d’Italie voir P.<br />
CORSI, La Carta Geologica d’Italia: agli inizi di un lungo contenzioso, dans le volume<br />
G.B. VAI – W. CAVAZZA (dir.), Four Centuries of the Word ‘Geology’, Bologna 2003,<br />
pp. 255-279.