LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

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tation mis en œuvre dans la recherche 2 . Deux conséquences en sont dérivées:
la perte de l’autoréférence qui a souvent caractérisé dans le passé les études
d’histoire de la géographie, en déplaçant l’attention aux relations entre la
géographie et les milieux culturels et sociaux dans lesquels elle se développait,
et une plus grande attention pour les contextes locaux en rapport aux
écoles nationales. Dans cette perspective, il en est résulté quelques modèles
d’interprétation de grand intérêt théorique et méthodologique, tels que la reconceptualisation
de l’histoire de la géographie comme géographie historique
des géographies, une sorte d’application de la notion de lieu et de développement
local à l’histoire de la production de connaissance géographique,
qui est à son tour catalyse d’une nouvelle attention pour les contextes locaux
3 , ou encore le recours au concept de «sphère publique» et d’espace privé,
repris par Habermas 4 .
Non en dernière, cette orientation de la recherche propose à nouveau
dans une forme renouvelée la question des périodisations de
l’historiographie de la géographie et elle accentue l’intérêt sur le XIX siècle
et sur le début du XX: cela signifie aussi poser nouvellement la question de
l’institutionnalisation de la géographie, non plus comme élément purement
chronologique, césure entre histoire de la pensée géographique et histoire de
la géographie, qui est en substance le sens dans lequel Paul Claval
l’introduisit, ni comme simple procès d’accroissement et de spécialisation de
la discipline, comme le fit Horacio Capel 5 , mais comme aboutissement d’un
processus de construction et d’affirmation de la géographie en relation au
contexte culturel et scientifique local et national.
les essais recueillis par F. DRIVER dans “Transactions I.B.G.”, 20, 1995 et ceux recueillis
par H. Lorimer et N. SPEDDING dans “Area”, 34, 2002.
3 En particulier: D. LIVINGSTONE, Putting Geography in its Place, “Australian Geographical
Studies”, 38, 2000, pp. 1-9, ID., Making Space for Science, “Erdkunde”, 54, 2000, pp. 285-
-296, ID., The Spaces of Knowledge: Contributions towards a Historical Geography of Science,
“Society and Space”, 13, 1995, pp. 5-34, C. W. J. WITHERS, Introduction: Geography,
Science and Historical Geography of Knowledge, dans WITHERS, Geography, Science
and National Identity. Scotland since 1520, Cambridge 2001, pp. 1-29. Sur quelques contextes
locaux en France voir les essais de H. VOGT, M.-C. ROBIC, J.-C. BONNEFONT dans le
fascicule dédié à Géographie de l’Est, 1840-1940 de la “Revue Géogr. de l’Est”, XXXIX,
1999, pp. 31-60 et les essais recueillis par G. BAUDELLE – M.-V. OZOUF-MARIGNIER –
M.-C. ROBIC, Geographes en pratiques (1870-1945). Le terrain, le livre, la Cité, Rennes
2001.
4 C.W.J. WITHERS, Towards a History of Geography in the Public Sphere, “History of Science”,
XXXVI, 1998, pp. 45-78, P. HOWELL, Public Space and the Public Sphere: Political
Theory and the Historical Geography of Modernity, “Environment and Planning D: Society
and Space”, 11, 1993, pp. 303-322.
5 P. CLAVAL, L’évolution historique de la géographie humaine, Besançon 1968; H. CAPEL,
Institucionalizatión de la geografía y strategias de la comunidad cientifica de los geografos,
“Geo Critica”, 8-9, 1977, ID., Institutionalization of Geography and Strategies of Change, in
D.R. STODDART (ed.), Geography, Ideology and Social Concern, Oxford 1981, pp. 37-69.
L’année 1870 reste une ligne de faîte logique et chronologique encore dans P. CLAVAL,
Histoire de la géographie française de 1870 à nos jours, Paris 1998.