LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

Lieux et Portraits de la Géographie en Italie 101
bimestriel de “Géographie, Ethnographie et Sciences alliées”, qui commence
en 1872, mais qui aura une courte vie, tandis que le Club lui survit encore
pendant quelque temps. Le statut du Club rappelle les deux instances qui
avaient présidé à l’institution de la chaire de géographie: l’enquête sur les
conditions géographiques locales et l’éducation à l’exploration de l’ailleurs.
Dans le statut du Club et dans la personnalité même de Peroglio se mélangent
donc le modèle – ou plus exactement ce qui en reste – de la statistique
sociale 43 avec les plus récentes instances et les aspirations au voyage
d’exploration auquel se dirigeaient les ambitions de développement économique
et commercial. Malgré leur caractère éphémère, ces initiatives suscitent
un intérêt historiographique. Elles se situent dans la floraison d’associations
et de revues géographiques qui caractérise dans quelques lieux la
période avant et après l’Unité; mais surtout les premières survivent rarement
à l’institution et à la consolidation de la Société Géographique Italienne. Le
Circolo de Peroglio occupa probablement une position non complètement
marginale, du moment que Giuseppe Dalla Vedova lui-même en loue
l’activité, en le définissant «une association privée spéciale et sans exemple»
et un «véritable Collège de propagande» qui organise des lectures publiques
et des excursions et prépare à la pratique du «voyageur parfait» 44 .
Peroglio, à côté de son activité de professeur universitaire, professe
donc une conception de la géographie comme connaissance publique et
comme enseignement populaire, extra-académique, adressée à un publique
plus vaste, et il voit dans le travail sur le terrain, entendu comme excursion
géographique, avec son apparat d’observation, de description, de cartographie,
le moyen pour produire et vérifier la connaissance géographique 45 . La
43 La statistique sociale avait été en réalité un point de référence dans les choix pour
l’occupation de la chaire: en effet dans une recension de Peroglio lui-même à la nouvelle
édition du Manuale completo di Geografia e Statistica de Luigi Schiaparelli, parue dans son
“Periodico bimestrale di Geografia, Etnografia e Scienze Affini”, I, 1972, p. 215, Schiaparelli
est défini par Peroglio «mon illustre Collègue et prédécesseur sur la chaire de Géographie
et Statistique»; c’est là l’unique attestation concernant un autre professeur pour la chaire de
géographie avant Peroglio. Mais en réalité déjà en 1861 la Faculté se montre peu sensible
aux postulats qui avaient présidé à l’institution de la chaire et elle en discute la dénomination,
en supposant une division entre géographie et statistique qu’elle décide ensuite de ne
pas réaliser; mais en même temps elle délibère que dans l’enseignement «la Géographie ancienne
et moderne» doit prévaloir, en rendant emphatique sa fonction d’ «instruction des
professeurs de lettres dans les écoles secondaires», tandis que la Statistique doit être considérée
«comme complément et subside dans la Géographie spéciale»: voir ASUT, VII, Facoltà,
Facoltà di Lettere e Filosofia, Verbali Consiglio di Facoltà, reg. 52, seduta 7 luglio
1861.
44 G. DALLA VEDOVA, La Geografia a’ giorni nostri, “Nuova Antologia”, XXIII, 1873,
pp. 88-100 et 335-379 maintenant dans DALLA VEDOVA, Scritti geografici, op. cit.,
pp. 15-69 et spécialement 61-62.
45 La première des excursions explore une partie des Alpes Occidentales et elle est divulguée
par les Publications du Circolo: Dal Cenisio al Monviso, descrizione del primo viaggio
d’istruzione del Circolo Geografico, Torino 1868.