LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

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à ces intentions ?
Malheureusement pour ces années les archives de la Faculté de Lettre
sont très lacuneux: il est donc difficile de dire ce que signifièrent réellement
les premières années d’enseignement de la géographie dans l’Université de
Turin en termes de production et de diffusion de connaissance géographique.
Les contenus du cours bref de Ricotti en 1848 ne sont peut être pas assez indicatifs
des contenus transmis: ils pourraient en effet faire douter que les intentions
exprimés au parlement pour l’institution de la chaire trouvèrent une
réponse effective dans l’académie, mais en réalité ils avaient été conçus exclusivement
comme intégration à un cours d’histoire et probablement ils sont
peu significatifs.
D’ailleurs Ricotti occupe la chaire pour quelques années seulement,
dans l’attente qu’on trouve un titulaire agréé par la Faculté; on le trouve en
Michele Amari, historien et arabiste de renommée, sur lequel on fait inutilement
de fortes pressions 32 . Si on excepte quelques intérêts pour des textes
arabes de géographie, comme celui de Edrisi 33 et pour la transcription de
termes géographiques, ses rapports avec la géographie se limitent fondamentalement
à son appartenance à la Société Géographique Italienne dès sa fondation;
il y occupe d’abord la charge de Conseiller et puis de vice-
-président 34 : tout cela est postérieur à 1859. Nous pourrions donc présumer
que l’hypothèse d’assignation de la chaire de Géographie de Turin mûrit non
tellement en rapport à la géographie elle-même et à son enseignement et développement,
mais plutôt dans le domaine d’un réseau de relations académiques
et politiques, dominantes dans le choix des personnes: c’est sans doute
vrai, mais cela n’exclut toutefois pas que le choix réponde aussi aux instances
de l’institution de la nouvelle chaire. Avec Michele Amari qui venait de
Palerme, contraire à l’absolutisme des Bourbons, on entendait certes consolider
le projet, systématiquement poursuivi dans ces années, de conférer à
l’Athénée une dimension non locale en appelant des soi-disant immigrés, ce
qui en même temps signifiait concentrer dans la ville capitale qui était à la
tête de l’unification du pays le plus grand nombre possible de représentants
de l’élite intellectuelle exilée d’autres états et en particulier du Royaume de
32 Voir LEVRA, La nascita, i primi passi: organizzazione istituzionale e ordinamento didattico,
op. cit., pp. 95 sg. Malheureusement la perte des procès-verbaux du Conseils de Faculté
de ces années ne consent pas de reconstruire complètement l’événement à l’intérieur de la
Faculté: l’épisode est connu surtout par la documentation sur la vie de Michele Amari pour
laquelle on peut voir I. PERI, Michele Amari, Napoli 1976, pp. 143-144; sur la figure politique
et scientifique d’ Amari voir aussi R. ROMEO, Amari Michele Benedetto Gaetano,
dans Dizionario Biografico degli Italiani, Roma 1960, vol. II, pp. 639-640 et le volume
Michele Amari storico e politico, Atti del Convegno (Palermo 1989), Palermo 1990.
33 M. AMARI, Il libro di Re Ruggero, ossia la Geografia di Edrisi, “Boll. Soc. Geogr. It.”,
VII, 1872, pp. 1-24.
34 C. CERRETI, Michele Amari e la Società Geografica Italiana, in Michele Amari storico e
politico, Atti del Convegno, op. cit., pp. 313-320.