LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

Lieux et Portraits de la Géographie en Italie 83
La géographie italienne n’a pas participé jusqu’ici –si non en petite partie
– à ce renouvellement de l’histoire de la géographie, qui reste un domaine
de recherche peu pratiqué où il y a souvent trop d’autocélébration et qui a
tendu généralement à se superposer à l’histoire des découvertes géographiques
et de la cartographie de l’époque, selon une tradition consolidée qui
remonte à la première académisation de la discipline du XIX siècle. En outre
la période du fascisme et de la géographie coloniale paraît avoir subi – avec
peu d’exceptions – une sorte de refoulement et d’embarras qu’on est en train
de surmonter seulement maintenant, ou de nécessité d’une distance historique
et générationnelle. La carence d’études spécifiques déconseille pour le
moment la construction d’un tableau de synthèse, tandis que l’état de la recherche
en domaine international sollicite à revoir les connaissances déjà
produites à la lumière de nouveaux modèles d’interprétation. Nous nous proposons
alors d’ouvrir un dialogue avec l’état actuel de la recherche, en individuant
quelques points de réflexion sur le cas italien: face à une géographie
contemporaine qui ne semble pas avoir une identité scientifique cohérente, ni
un rôle reconnu dans la culture actuelle, ni ne semble en condition de solliciter
une demande de savoir géographique de la part de la société, l’habitude à
la réflexion historique nous porte à nous interroger sur le quand sur l’où et
sur le comment la géographie a commencé à se donner un statut disciplinaire.
La construction de la tradition.
Deux sont les points de départ obligés pour une exploration de l’histoire
de la géographie italienne entre ‘800 et ‘900: un est le cadre de synthèse composé
il y a plus de vingt ans par Ilaria Caraci 6 , l’autre est l’essai qui recueille
un cycle de conférences de 1970 de Lucio Gambi 7 . Le premier essais trace une
histoire documentée fondamentalement linéaire de la géographie italienne depuis
Giuseppe Dalla Vedova à Giovanni et Olinto Marinelli, toute interieure à
une «école nationale» qui se dessine compacte et cohérente dans les pages du
livre, bien que dans ses différenciations et malgré quelques personnages qui
restent en dehors de l’académie, une tradition qui semble déjà donnée au moment
de l’académisation, comme si l’institutionnalisation de la géographie était
6 I. LUZZANA CARACI, La Geografia italiana tra ‘800 e ‘900 (dall’Unità a Olinto Marinelli),
Genova 1982. Voir aussi I. CARACI, Modern Geography in Italy:from the Archives to
Environmental Management, dans G. DUNBAR (ed.), Geography: Discipline, Profession
and Subject since 1870. An International Survey, Dordrecht 2001, pp. 121-151. Voir aussi le
chapitre sur la géographie en Italie écrit pour l’edition italienne de O. CAPEL, Filosofia e
scienza nella geografia contemporanea, Milano 1987, pp. 71-88, non présent dans l’édition
originale (Barcelona 1981).
7 L. GAMBI, Uno schizzo di storia della geografia in Italia, in L. GAMBI, Una geografia per
la storia, Torino 1973, pp. 3-37.