LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
86 Inforgeo 18/19<br />
et pour mesurer la distance ou la proximité entre celle-ci et la culture géographique<br />
préexistante, pour tenter de reconstruire un processus avant de<br />
s’adonner au jeu des chronologies et des primautés.<br />
C’est intéressant que le modèle interprétatif de Gambi apparaisse encore<br />
provocant au début des années Soixante-dix; en effet jusqu’à ce moment-là<br />
le tableau bien différent que presque un quart de siècle auparavant<br />
Roberto Almagià avait tracé n’avait encore trouvé aucun démenti ou correction:<br />
fils de la première académisation de la géographie, plus, vraiment fils<br />
académicien du “patriarche” Della Vedova, il nie décidément un rôle dans<br />
l’histoire de la géographie au siècle des Lumières, pendant lequel, il dit,<br />
“la Géographie perdait grande partie de sa valeur comme science, parce<br />
que, tandis qu’elle se voyait soustraire quelques domaines d’enquête, à<br />
cause de la naissance de branches spéciales du savoir, d’un autre côté<br />
elle donnait la priorité à des faits et à des données de caractère fluctuant<br />
et instable, comme ceux qui se rapportent aux productions, aux trafics, à<br />
plusieurs autres manifestations de l’activité humaine, aux systèmes politiques,<br />
en perdant de vue l’étude du milieu naturel, qui forme le soustrait<br />
sur lequel l’homme bouge et agit. […] En conclusion, à la fin du<br />
XVIII siècle, la Géographie traversait un moment vraiment critique: elle<br />
a en substance perdu son caractère de science d’observation et court le<br />
risque de perdre sa propre individualité, en partie appauvrie de son contenu<br />
par d’autres sciences de son même tronc, en partie noyée dans la<br />
Statistique” 11 .<br />
Le siècle successif, dont Almagià a une vision simplifiée, marquerait au<br />
contraire la «restauration» de la géographie, grâce exclusivement à la reprise<br />
de l’exploration géographique: un jugement sur l’inconsistance de la géographie<br />
italienne préunitaire non isolé, déjà exprimé plus explicitement par un<br />
autre témoin du temps de la première académisation tel que Piero Gribaudi 12 .<br />
Il serait superflu et même impitoyable de rappeler maintenant cette<br />
myopie historiographique, si Almagià ne représentait pas dans son autorité la<br />
perception que la deuxième génération des géographes académiciens avait<br />
élaboré – et probablement hérité de ses propres maîtres – de son histoire intellectuelle<br />
et scientifique: l’intérêt actuel pour ce bref essais d’histoire de la<br />
géographie n’est pas bibliographique, mais documentaire: bien que publié<br />
vers la moitié du XX siècle, c’est le témoignage d’un protagoniste, la cristallisation<br />
de ce préjugé sur ses propres origines par lequel l’école nationale de<br />
géographie s’est représentée et légitimée comme science nouvelle. Il porte à<br />
11 R. ALMAGIA’, Concetto ed indirizzi della geografia attraverso i tempi, dans le volume R.<br />
ALMAGIA’, Introduzione allo studio della Geografia, Milano 1947, pp. 5-51.<br />
12 2 P. GRIBAUDI, La geografia nel secolo XIX specialmente in Italia, in “Riv. di fisica,<br />
matematica e scienze naturali”, 1900 maintenant dans le volume P. GRIBAUDI, Scritti di<br />
varia geografia, Torino 1955, pp. 199-229.