LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÃOGRAPHIE EN ITALIE A L ...
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Lieux et Portraits de la Géographie en Italie 89<br />
se vérifie non seulement dans le temps, c’est-à-dire dans la succession généalogique,<br />
mais aussi dans l’espace: une «école nationale» de géographie -<br />
-si elle existe, au moins comme processus d’inclusions et d’exclusions progressives<br />
– doit avoir une nation comme cadre de référence; mais le<br />
processus d’institutionnalisation de la géographie italienne s’accomplit dans<br />
un pays qui doit encore être inventé comme nation. Les contextes locaux,<br />
alors, auxquels l’actuelle recherche en domaine international réserve une attention<br />
spéciale, assument dans ce processus une importance particulière: la<br />
recherche -nous pensons – doit repartir des anciens Etats italiens, de leurs<br />
traditions géographiques spécifiques et des trajectoires qui les connectent<br />
avec la géographie académique, non pour chercher les traditions mineures,<br />
mais pour reconstruire les processus d’inclusion et d’exclusion, les itinéraires<br />
souvent tortueux de construction de celle qui réussira à devenir tradition<br />
dominante, mais à prix de la dissolution d’autres traditions. Il s’agit d’une<br />
recherche qui est encore toute à faire, mais qui est indispensable pour sortir<br />
des cadres immobiles, peu vifs et relativement constatatifs, qui sont tous<br />
construits à l’intérieur de la même logique, ignares de ce qui n’appartient pas<br />
à cette logique, des exclusions et donc des exclus. Nous chercherons ici à offrir<br />
une première approche limitée à un des contextes locaux, celui du<br />
Royaume de Sardaigne, l’ancien Etat italien qui soutient et guide le processus<br />
d’unification du Pays: il n’est donc pas impropre de commencer par Turin,<br />
un des lieux de production du savoir géographique au cours du XIX siècle,<br />
notre exploration des contextes locaux.<br />
Un cas local d’institutionnalisation: la géographie à Turin.<br />
L’institutionnalisation de la géographie est un procès à plusieurs facettes:<br />
trop souvent on l’a réduit à la seule académisation, c’est-à-dire à<br />
l’institution des premières chaires universitaires de la discipline. En réalité<br />
ce n’est qu’un aspect du processus, certes très important, mais non le seul: à<br />
celui-ci s’accolent la fondation de revues spécialisées, la constitution de collections<br />
géographiques et de musées, l’institution de bibliothèques et de laboratoires<br />
et naturellement de sociétés géographiques. Quant à ces dernières,<br />
il ne s’agit pas seulement des grandes sociétés nationales enracinées jusqu’à<br />
aujourd’hui: l’associationnisme, parfois un peu ménager, souvent éphémère<br />
semble être un caractère distinctif et encore inédit de l’histoire de la géographie<br />
du XIX siècle. Seulement maintenant la recherche commence à prêter<br />
un peu d’attention à quelques-uns de ces aspects. Les chaires universitaires<br />
restent toutefois le facteur d’institutionnalisation qui a attiré davantage<br />
l’intérêt d’une historiographie de la géographie souvent à la recherche de ses<br />
tions, ibid., pp. 420-422.