LIEUX ET PORTRAITS DE LA GÉOGRAPHIE EN ITALIE A L ...

Lieux et Portraits de la Géographie en Italie 91
Lettres et Philosophie 22 tout au début de l’Unité, son application demandera en
réalité du temps et aussi des temps différents dans les différentes situations locales,
où on confiera en attendant l’enseignement universitaire de la géographie,
désormais rendu obligatoire, par charge à des spécialistes de formation
différente. Ceci suggère encore plus de reprendre la recherche à partir des différents
contextes préunitaires de l’état pour pouvoir comprendre un processus
d’institutionnalisation qui a évidemment eu des parcours, des chronologies et
probablement même des modalités différentes et pour pouvoir évaluer combien
les traditions locales ont influé au regard de la norme de la loi.
Dans le cas de l’Université de Turin la loi Casati, promulguée pour le
Piémont, ne générait pas l’académisation de la géographie: l’institution de la
première chaire de géographie dans l’Université de Turin datait en effet de
deux ans auparavant. Il n’est pas sans intérêt de reconstruire les manières par
lesquelles le Parlement Subalpin en décida l’institution.
Du problème de l’admission de la géographie parmi les chaires de
l’Université de Turin on avait recommencé à discuter en réalité dès 1848, et
le problème venait de plus loin. En effet déjà en 1798, lorsque le gouvernement
provisoire jacobin s’installe et décrète la réouverture de l’Université,
fermée pendant la crise de la monarchie absolue de fin de siècle, il abolit le
“Magistrat de la Réforme”, qui justement présidait l’Université, et il nomme
une “Commission de sciences et d’Arts”, chargée d’élaborer un plan de réorganisation
des études; il appelle à la présider le médecin et botaniste Carlo
Francesco Allioni, spécialiste de paléontologie, minéralogie, entomologie,
professeur à l’Université, où il est aussi curateur et réorganisateur du Jardin
Botanique, un des fondateurs de l’Académie des Sciences de Turin, l’autre
pole culturel significatif de Turin, avec l’Université, aussi lieu d’élaboration
de connaissances géographiques 23 dans la deuxième moitié du XVIII siècle.
22 Peu après l’introduction de la loi Casati, dans les Facultés ès Lettre et Philosophie
s’instituèrent les écoles de Magistero, ayant le but d’organiser des cours supplémentaires
dans les disciplines scolaires destinés à ceux qui voulaient entreprendre la carrière de
l’enseignement; en 1924 l’École de Magistero devint une Faculté autonome, destinée à ceux
qui ne provenaient pas du lycée, mais des instituts magistraux (pour la formation des instituteurs).
Presque en même temps les chaires de géographie se diffusèrent dans la Faculté
d’Économie aussi et, dans la seconde moitié du XX siècle dans celle de Sciences Politiques,
nées par séparation des Facultés de Droit, dans celles de Langues et Littératures étrangères,
nées par scission de la Faculté ès Lettres, et dans celles d’Architecture. Dans la Faculté des
Sciences la géographie était originairement, dans la seconde moitié du siècle XIX un cours
facultatif, qui – s’il était activé – était quelquefois donné par mandat au professeur de géographie
dans la Faculté ès Lettres; une réforme des programmes scolaires qui porta au démembrement
de la géographie astronomique et géologique de la géographie humaine et régionale,
en confiant l’une à l’enseignant de sciences et l’autre à celui des disciplines
humanistes, favorisa l’institution de chaires de géographie dans les Facultés de Sciences
aussi. Ainsi se dessine un tableau de fragmentations qui n’a pas profité jusqu’à aujourd’hui
à la position académique de la géographie et a affaibli son rôle formatif.
23 Voir Raccolta delle leggi, provvidenze e manifesti emanati dai Governi francese e provvisorio
e dalla Municipalità di Torino unitamente alle lettere pastorali del cittadino Arcivescovo