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actes colloque 2007 - Les Ateliers

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<strong>Les</strong> relations entre voies<br />

rapides et territoires<br />

Par Agnès SANDER<br />

<strong>Les</strong> infrastructures de transport routier rapide qui<br />

sillonnent l’Europe depuis les années 1950-1960 sont<br />

certes des outils efficaces et a-territoriaux de gestion<br />

des flux, mais elles sont aussi des objets urbains, inscrits<br />

dans les territoires locaux qu’elles traversent ou<br />

desservent. <strong>Les</strong> conflits entre la dimension réticulaire<br />

et l’insertion locale des infrastructures, présents dès<br />

l’origine, posent aujourd’hui problème, que ce soit<br />

en raison de préoccupations environnementales (préservation<br />

des corridors biologiques…), économiques<br />

(valorisation de l’arrivée de l’infrastructure par les<br />

acteurs locaux…) ou institutionnelles (structuration<br />

du débat public et partage de l’expertise…). Ce texte<br />

vise à attirer l’attention des participants aux <strong>Ateliers</strong><br />

d’été sur les différentes modalités de la relation entre<br />

infrastructures et territoire, dans le cas des voies rapides<br />

et autoroutières, ainsi qu’à leur donner<br />

quelques références intéressantes en la matière.<br />

La genèse de la dissociation/réconciliation<br />

entre voies rapides et territoires<br />

En France, dès 1938, le Ministère des Travaux Publics,<br />

des Transports et du Tourisme interdit aux riverains<br />

l’accès aux voies classées « grand itinéraire ». Ce dispositif<br />

est renforcé à partir de 1955 : il s’agit d’interdire<br />

que de « nouvelles agglomérations ne se<br />

reconstituent en bordure des déviations ». L’administration<br />

centrale demande alors au préfets de classer<br />

le plus grand nombre de voies possibles afin de<br />

subordonner le plus possible, sur les grandes liaisons<br />

routières, la fonction de desserte locale à la circulation<br />

générale (...). Je vous recommande, ajoute la circulaire,<br />

de prendre le maximum de précautions (…)<br />

pour que soient limitées les installations riveraines<br />

susceptibles de gêner la circulation générale ».<br />

La France se couvre alors peu à peu de voies rapides<br />

et de déviations d’agglomération isolées de l’urbanisation.<br />

Dans le même esprit, les haltes en bordure de la voie<br />

sont limitées au strict minimum : une circulaire du 7<br />

juin 1956 explique que, « s’il n’a pas paru possible,<br />

dans tous les cas, de priver les usagers, sur le parcours<br />

des déviations dont il s’agit, de toute possibilité<br />

de ravitaillement en carburant, il n’en demeure<br />

pas moins que les installations de stations-service en<br />

bordure de ces déviations ne doivent être envisagées<br />

qu’à titre tout à fait exceptionnel (...) ». Quel dommage<br />

que les voitures (et les hommes) aient parfois<br />

besoin de s’arrêter pour emmagasiner un peu d’énergie<br />

avant de pouvoir continuer à rouler ! Dans cette<br />

même circulaire, face à l’impossibilité de supprimer<br />

totalement toute distribution de carburant le long<br />

des routes, l’administration expose ensuite les principes<br />

qu’elle a élaborés pour éviter les exceptions à<br />

l’interdiction d’accès à la route faite aux propriétaires<br />

et utilisateurs de parcelles privées. Pour les déviations<br />

(des grands itinéraires et routes nationales assimilées)<br />

à venir, les terrains nécessaires à l’édification d’une<br />

future station seront achetés par l’administration,<br />

après expropriation. Ainsi les stations seront-elles implantées<br />

en totalité sur le domaine public, les autorisations<br />

d’exploitation étant accordées pour une<br />

durée maximale de 18 ans. Toute porosité entre domaines<br />

public et privé sera donc évitée. En 1958, une<br />

nouvelle circulaire confirme ces dispositions en soulignant<br />

que l’autorisation d’occupation du domaine<br />

public pour la distribution de carburant ne doit pas<br />

permettre l’installation de garages trop importants,<br />

de restaurants ou d’hôtels, lesquels induiraient « des<br />

allées et venues inopportunes sur une portion de<br />

route où l’on a voulu précisément affranchir la circulation<br />

générale des sujétions qu’impose ailleurs le<br />

droit d’accès reconnu aux riverains », et risqueraient<br />

d’autre part d’entrer en concurrence avec des services<br />

déjà existants dans une agglomération proche.<br />

Toute fonction autre que celle strictement nécessaire<br />

au déplacement est donc exclue du bord de la route.<br />

Cette situation d’ignorance radicale entre la route et<br />

l’urbanisation abouti assez vite à une impasse. En premier<br />

lieu, malgré les interdictions, le bâti se reconstitue<br />

autour des voies rapides, à partir des quelques<br />

échangeurs existants. Manuel Herce Vallejo (Vallejo,<br />

1996) a ainsi montré à partir de l’analyse de photographies<br />

aériennes de villes espagnoles (la situation<br />

est la même en France), que les villes se développent<br />

plus et plus rapidement du côté de la nouvelle déviation<br />

que de l’autre. En second lieu, les automobilistes<br />

continuent de s’arrêter en bordure des voies, ce qui<br />

est extrêmement dangereux lorsqu’il n’existe aucun<br />

Séminaire de préfiguration de la session d’été 2008 | page 68

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