actes colloque 2007 - Les Ateliers
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Autoroute et milieu urbain<br />
Par Luc Raimbault<br />
A - l’autoroute appartient-elle aux<br />
multiples parcours urbains associés à<br />
l’image mentale de la ville <br />
a) Expérience urbaine et mobilité corporelle<br />
La possibilité d’une infinité de parcours est constitutive<br />
de l’expérience urbaine et du rapport de pouvoir<br />
à l’espace du citadin. Julien Gracq, dans « La forme<br />
d’une ville » 1 , a montré combien « tisser un lacis de<br />
parcours » à travers la ville de Nantes a été déterminant<br />
pour son cheminement initiatique : « Habiter une<br />
ville, c’est y tisser par ses allées et venues journalières un<br />
lacis de parcours très généralement articulés autour de<br />
quelques axes directeurs…<br />
…Il n’existe nulle coïncidence entre le plan d’une ville dont<br />
nous consultons le dépliant et l’image mentale qui surgit en<br />
nous, à l’appel de son nom, du sédiment déposé dans la mémoire<br />
par nos vagabondages quotidiens. »<br />
Olivier Mongin dans « La condition urbaine » 2 souligne<br />
« le paradoxe urbain : un espace fini qui rend<br />
possibles des trajectoires infinies » ainsi que l’importance<br />
de cette infinité de trajectoires, indissociables<br />
de la mobilité corporelle, qui dessinent un imaginaire,<br />
un espace mental et permettent un affranchissement.<br />
La ville rend libre… La possibilité de choisir parmi la<br />
multiplicité de chemins offerts par les différents réseaux<br />
urbains est « la condition du pouvoir sur l’espace<br />
» (C. Raffestin cité par G. Dupuy 3 ) : « Ce qui<br />
compte dans les réseaux, c’est la représentation qu’on se fait<br />
des chemins qui relient des points, car c’est elle qui fait la<br />
stratégie des acteurs. C’est la multiplicité des chemins qui<br />
fondent l’indétermination du cheminement et la condition du<br />
pouvoir sur l’espace. »<br />
b) Deux structures de réseaux caractéristiques<br />
de l’aménagement du territoire :<br />
Sans prétendre à l’esquisse d’une approche théorique<br />
des réseaux, il est cependant nécessaire d’en préciser<br />
les deux principaux types, caractéristiques de l’aménagement<br />
du territoire :<br />
1. Premier type : les réseaux que l’on qualifiera de<br />
type cristallin au sens des sciences physiques, caractérisés<br />
par une distribution uniforme et singulière<br />
suivant un ou plusieurs plans de l’espace. Ils créent<br />
un maillage régulier de la totalité de l’espace et délimitent<br />
des secteurs identiques qui expriment des<br />
aires d’accessibilité équivalentes. La répartition des<br />
atomes dans un cristal est un exemple naturel de<br />
ce premier type de réseau.<br />
réseau<br />
de type<br />
cristallin<br />
➤ en aménagement du territoire, des réseaux réels<br />
tels que le maillage orthogonal des rues de New<br />
York ou le réseau du métropolitain à Paris (accessibilité<br />
inférieur à 400 m en tout point) se<br />
rapprochent de ce modèle théorique.<br />
2. Second type : les réseaux à structure fractale caractérisés<br />
à l’inverse par une répartition hiérarchique<br />
des nœuds dans l’espace, sans couvrir la totalité<br />
de celui-ci de façon homogène. <strong>Les</strong> réseaux ramifiés<br />
de certains végétaux ou de certains coraux en<br />
sont un exemple naturel.<br />
réseau<br />
de type<br />
fractal<br />
➤ en aménagement du territoire, des réseaux réels<br />
tels que ceux du TGV, du RER, de l’ADSL, du<br />
chauffage urbain, ou des autoroutes se rapprochent<br />
de ce second modèle théorique.<br />
Séminaire de préfiguration de la session d’été 2008 | page 90