— 20 —éducation prioritaire, que la formation dispensée en IUFM était inadaptée àl’enseignement dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire (1) .Six ans plus tard, les appréciations portées par les enseignants stagiairesétaient tout aussi négatives. Selon une enquête effectuée par la Société des agrégésde l’université, la formation dite générale (pédagogie, psychologie de l’enfant oude l’adolescent) était jugée « insuffisante » ou « médiocre » pour 87,1 % desagrégés stagiaires adhérents de cette association : « selon nos sociétaires, cetteformation est le lieu de tous les excès : elle favorise, par son contenu comme parson organisation, caricature et dogmatisme, débouchant parfois sur la triste miseen scène de l’incompétence quand les formateurs avouent sans fard être en charged’un cours pour lequel ils n’ont ni les connaissances ni l’expérience requises » (2) .Communiqué à la mission, le point d’étape de l’enquête sur la situationdes agrégés stagiaires en 2010-2011 menée par cette association indique quel’intégration des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) dans lesuniversités a entraîné peu de changement dans la formation : les modules etenseignements proposés sont les mêmes et sont jugés « aussi inefficaces et peupratiques dans leur organisation et leur contenu » (3) .Bref, les étudiants des IUFM ont eu et ont encore souvent le sentiment d’yperdre leur temps. Plus grave encore, à l’issue de leur formation, au moment de laprise de fonction, les jeunes enseignants pouvaient être, selon le directeur généralde l’enseignement scolaire, M. Jean-Michel Blanquer, « révoltés » par le décalageconstaté entre la réalité du métier et le discours que tient l’institution scolaire surcelui-ci, tout à la fois « injonctif, abstrait et contre-intuitif » (4) .B. UNE RÉFORME LARGEMENT CRITIQUÉEIndiscutablement, le système de formation initiale et de recrutement desenseignants devait évoluer. Mais fallait-il le faire selon les modalités élaborées etarrêtées en 2008-2010 pour qu’au final, la réforme puisse être considérée commeinachevée et insatisfaisante, car ne réglant pas les principaux problèmes rencontréspar le modèle antérieur ?Ce résultat, certainement non voulu, résulte de la mauvaise préparationcette réforme, qui tient à trois facteurs.<strong>Le</strong> premier est lié à l’effet de surprise liée à l’annonce, par le président dela République, le 2 juin 2008, de la mastérisation de formation et du recrutement,à compter de la session 2010 du concours. Plusieurs syndicats d’enseignants ont(1) « De l’IUFM à la classe », note d’information n° 01.56, ministère de l’éducation <strong>nationale</strong>, décembre 2001.(2) « <strong>Le</strong>s agrégés stagiaires à l’IUFM, enquête auprès de nos adhérents agrégés stagiaires », M. Jean-MichelLéost et Mme Blanche Lochmann, 2007.(3) Point d’étape sur les questionnaires retournés à la Société des agrégés de l’université à la date du 7 janvier2011.(4) Audition du 10 mai 2011.
— 21 —ainsi indiqué à la mission que les services des ministres en charge de l’éducation<strong>nationale</strong> et de l’enseignement supérieur ne semblaient pas être, dans les semainessuivantes, en mesure de préciser les modalités de mise en œuvre d’une réforme decette ampleur. D’ailleurs, selon M. Christian Forestier, administrateur général duConservatoire national des arts et métiers, la commission sur la conditionenseignante (2007-2008), à laquelle il avait participé, avait été volontairementprudente sur une telle évolution, en considérant qu’elle ne constituait pas unepriorité, au regard des incidences financières d’une élévation du niveau diplômerequis pour le recrutement (1) .La phase transitoire n’a pas permis d’atténuer les effets du caractèreprécipité de la réforme : au cours de la seule année universitaire 2009-2010,pouvaient se présenter aux concours externes de la session 2010 (2) les étudiantsdéjà titulaires d’un master ou inscrits en deuxième année de master à la rentréeuniversitaire 2009. En outre, à titre exceptionnel, pour la seule session 2010,étaient également autorisés à se présenter aux concours les étudiants présents auxépreuves d’admissibilité de la session 2009 et les étudiants inscrits en premièreannée de master à la rentrée 2009. Enfin, par dérogation, les lauréats au concourstitulaires de la seule première année de master ont été recrutés commefonctionnaires stagiaires à la rentrée universitaire 2010. Depuis l’annéeuniversitaire 2010-2011, tout étudiant inscrit en deuxième année de master ouayant déjà validé ce diplôme peut se présenter au concours, dont les épreuvesd’admissibilité et d’admission se déroulent durant la deuxième année de master.Pour pouvoir être recrutés, à titre définitif, à l’issue des concours de recrutement,les enseignants devront justifier désormais de l’obtention d’un diplôme de master.<strong>Le</strong> deuxième facteur explicatif des résultats de la réforme est dû au respectde la règle du « non renouvellement d’un poste de fonctionnaire sur deux », qui aconduit le ministre de l’éducation <strong>nationale</strong> de l’époque, M. Xavier Darcos, à fairele choix, pour le budget 2010, de supprimer les postes d’enseignants stagiaireseffectuant leur année de formation en institut universitaire de formation desmaîtres.<strong>Le</strong> dernier facteur explicatif des difficultés rencontrées est dû aux tensions,<strong>rapport</strong>ées par plusieurs interlocuteurs de la mission, entre les ministres, et leurscabinets respectifs, en charge de l’éducation <strong>nationale</strong> et de l’enseignementsupérieur en 2008-2009. Or ce « dialogue de sourds », selon le Syndicat desenseignants-UNSA, entre le ministère « formateur » et le ministère « employeur »,a débouché sur des choix contradictoires, comme le montre le maintien d’unconcours déconnecté du nouveau modèle de formation (3) .<strong>Le</strong>s développements qui suivent visent à mettre en lumière le bilancontrasté de la mastérisation : si celle-ci comporte des points positifs, elle pose de(1) Audition du 28 avril 2011.(2) <strong>Le</strong>s épreuves d’admissibilité étaient fixées en mars et avril 2010.(3) Audition du 27 avril 2011.
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