Le changement d’optique dans la coopération se retrouve au niveau des propositions commercialesformulées par l’Europe à l’attention des pays ACP. La <strong>Commission</strong> fait le constat que les pays ACP n’ontpas été en mesure de tirer profit des préférences non réciproques que l’Europe leur a accordé. En effet, la<strong>Commission</strong> souligne que « les exportations ACP vers l’UE n’ont pas échappé à la faiblesse générale desperformances commerciales de ces pays, et leur part du marché communautaire a sensiblement reculé,passant de 6,7 % en 1976 à 2,8 % en 1994 » 19 . A ce niveau, l’Europe formule une série d’options enmatière de coopération commerciale entre les pays ACP et l’UE :• La première option consiste dans le maintien du statu quo actuel avec un système de préférencesdifférenciées mais non réciproques ;• La seconde option concerne l’application du système de préférences généralisées de la Communautésur une base bilatérale ou multilatérale ;• La troisième option réside dans l’application d’une réciprocité uniforme avec l’ouverture des marchésdes pays ACP, après une période de transition, aux produits des pays européens. Cette option précisela <strong>Commission</strong> est la plus conforme aux accords de l’OMC ;• La dernière option consiste en l’application d’une réciprocité différenciée entre l’UE et un groupe depays ou des pays individuels.Ainsi, les propositions européennes, en dehors de la première et qui est loin d’avoir la préférence desexperts européens, vont dans le sens du démantèlement des préférences non-réciproques accordées parl’Europe aux pays ACP. Ces accords commerciaux étaient assez significatifs de la volonté de l’Europe dansles années 70 de donner un contenu nouveau à sa coopération avec les pays africains. Or, aujourd’hui la<strong>Commission</strong> semble faire des principes du libre-échangisme et du respect des règles de l’OMC, le cadrede la nouvelle coopération qu’elle cherche à instaurer avec les pays ACP.Cette optique est étendue aux mouvements de capitaux dans la mesure où la <strong>Commission</strong> a cherché à lesintégrer dans les nouveaux accords sur la protection de l’investissement étranger. Ainsi, la <strong>Commission</strong>précise dans son document « que des accords internationaux sont en voie d’être négociés, et la commissions’efforce de faire progresser les discussions dans le cadre de l’OMC. Des négociations sont également encours au sein de l’OCDE en vue d’un Accord Multilatéral sur l’Investissement » 20 . Or, depuis, noussavons ce qu’il en est advenu de l’Accord sur l’Investissement dont la mobilisation a amené un grandnombre de pays, dont la France, à abandonner les négociations au sein de l’OCDE et son renvoi devantl’OMC.Ainsi, le bilan mitigé des accords de Lomé a amené l’Europe à proposer un renouvellement importantde cette convention. L’Europe se base sur l’inefficacité de ces accords et la différenciation croissante entrepays pour proposer l’abandon du traitement spécifique de ces pays et l’alignement de sa coopérationavec les pays ACP dans le cadre de la globalisation. Cette insertion et une plus grande libéralisation des19<strong>Commission</strong> Européenne, op. cit., p. IX.20<strong>Commission</strong> Européenne, op. cit., p. IX.14
échanges économiques devraient permettre une meilleure allocation des ressources dans les pays ACP etune plus grande efficacité de la coopération et de l’aide européenne.Cette analyse de la situation des accords de Lomé n’est pas partagée avec les pays ACP. En ce qui concernel’efficacité de l’aide, les experts précisent que les protocoles de la convention ont permis à certains paysd’améliorer leurs performances économiques. C. Greenidge, Secrétaire général adjoint du groupe ACP,précise « il faut bien reconnaître que la part des ACP sur le marché européen a diminué. Mais l’analyses’arrête trop souvent à cette constatation, et c’est regrettable. Car, une fois encore, l’examen plus poussédes chiffres donne une image très différente : certains pays, et notamment ceux qui bénéficient d’un accèsdirect par le biais de protocoles, enregistrent une bonne performance. Tel est le cas de l’Ile Maurice, dela Jamaïque ou de la Côte d’Ivoire » 21 . Par ailleurs, les experts africains mettent l’accent sur la chute descours des produits exportés par les pays ACP pour souligner les limites de ces initiatives. A ce niveau, onestime que les pertes enregistrées entre 1980 et 1992 suite à la chute des cours des produits exportés parces pays correspondent au double de l’aide que l’Union leur a accordé.En ce qui concerne l’argument de la différenciation croissante des pays ACP, les experts des pays ACPsoulignent que la convention actuelle a toujours pris en considération la diversité des pays. En effet,C. Greenidge, souligne « que la convention constitue dans sa formulation actuelle, un outil à facettesmultiples qui permet une différenciation au niveau des secteurs, des pays ou des régions » 22 .Mais la question la plus importante reste celle du maintien du traitement spécifique pour les pays ACP.La logique des propositions européennes s’inscrit dans un libre-échangisme dont l’objectif est l’ouverturedes frontières des pays ACP. Or, cette proposition suscite des critiques importantes dans la mesure oùle différentiel de productivité entre les pays africains et les pays européens est tel que la libéralisationremettrait en cause les activités manufacturières sur le continent. « Comment peut-on annoncer unprogramme, souligne C. Greenidge, de coopération axé sur la lutte contre la pauvreté tout en supprimantun régime commercial qui est la seule chance de survie de la plupart des pays concernés ? » 23 .Les pays ACP soulèvent également des questions politiques liées à ces discussions sur le renouvellement desaccords de Lomé. La première question est relative à l’éclatement de la convention en accords régionaux.Cet éclatement entraînerait, selon les experts des pays ACP, l’affaiblissement de ces pays par rapport àl’Europe et une plus grande marginalisation de leurs intérêts vitaux dans les négociations. C. Greenidge,précise à ce propos « mon expérience de négociateur du côté ACP m’a appris que la structure et la tailleactuelle du groupe l’ont aidé dans ses pourparlers avec l’UE. Il m’étonnerait que les Etats ACP voientdavantage d’efficacité dans des négociations plus restreintes car ils perçoivent le groupe comme une sortede contrepoids à l’Europe » 24 .21Le Courrier, Afrique Caraïbes, Pacifique, Union Europenne, No. 162, avril-mars 1997, p. 18.22Le Courrier, op. cit., p. 20.23Le Courrier, op. cit., p. 20.24Le Courrier, op. cit., p. 20.15
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BibliographieAdams, P., M. Horridge