Rapport final V5 - Syndicat Mixte de la Rivière Drôme

2 Biologie et écologie des espèces2.1 L’anguille (Anguilla anguilla)(d’après Keith & Allardi, 2001)L’anguille est le seul migrateur amphihalin thalassotoque, c’est à dire qu’elle est capablede vivre à la fois en eau douce et en mer où elle migre nécessairement pour se reproduire.Cette espèce, eurytherme (qui peut vivre dans une large gamme de température) et euryhaline(qui tolère des variations de salinité importante), colonise tous les milieux aquatiquescontinentaux accessibles, depuis les estuaires jusqu’aux parties amont des bassins versantspour y effectuer sa croissance. Dans les parties aval des bassins versants, elle peut représenterplus de 50% des biomasses piscicoles. La zone de ponte n’est toujours pas localisée aveccertitude ; aucun œuf ni reproduction n’ayant été observé dans le milieu naturel. Les pluspetites larves (5 mm) ont été observées dans la mer des Sargasses, site probable de ponte. Lamaturation sexuelle est déclenchée par de fortes pressions à des températures de plus de 17°C.Or, dans l’Atlantique, ces conditions ne sont réunies que dans la mer des Sargasses. Unefemelle mature a été photographiée dans cette région par 2000 m de fond. La ponte sedéroulerait à au moins 400 m de profondeur, chaque femelle produisant environ 0,8 à 1,3millions d’ovocytes. Il est supposé qu’elles meurent peu après la reproduction.Après l’éclosion, au printemps, les leptocéphales (larves) traversent l’océan pendant 6mois à plus d’un an à des profondeurs variant entre 25 m la nuit et 300 m le jour. Les larvesorientées par le Gulf Stream, s’approchent des côtes européennes. Arrivées sur le taluscontinental (à une taille d’environ 75-85 mm), elles cessent de s’alimenter et semétamorphosent en civelles transparentes se dirigeant vers les estuaires. La pigmentation descivelles se fait en quelques semaines, la reprise de l’alimentation intervenant à l’issue de ceprocessus. La migration est passive au départ : les civelles atteignent les limites de maréedynamique des estuaires portées par les courants de marées. Une partie des civelles sesédentarise en zone marine, les autres entament leur migration de colonisation active desbassins versants qui peut durer quelques mois ou plusieurs années. La vitesse de croissanceétant sous la dépendance des caractéristiques du milieu et de chaque individu, on observe unetrès forte variabilité dans les âges des anguilles argentées dévalant vers la mer. Une partie desanguilles semble ne jamais s’argenter et peut atteindre des tailles et des âges assezconsidérables. Le record de longévité (85 ans) a été observé en captivité. En mer, lamaturation sexuelle se poursuit. La migration de retour vers les Sargasses est encore malconnue. On suppose qu’elle dure entre 4 et 6 mois et qu’elle s’effectue à proximité du fond.L’anguille est un carnassier opportuniste : la taille et la nature des proies varient en fonctionde la croissance et des ressources alimentaires disponibles. Un régime strictement piscivoreapparaît parfois à partir de 30 – 35 cm. De nombreux parasites peuvent infecter les anguilles.Le nématode Anguillicola crassus, observé pour la première fois en Italie et en Allemagne en1982 est désormais répandu sur toute l’aire de distribution. La mortalité due à ce ver n’est pasconnue, mais sa présence dans la vessie natatoire pourrait compromettre le retour auxSargasses.L’anguille constitue une ressource socio-économique considérable en Europe. Toutes lesphases continentales sont exploitées, les stades juvéniles (civelles et anguillettes de moins de20 g) représentent 5% du tonnage mais 97% des individus prélevés sur le stock. Les stadesjuvéniles qui constituent l’essentiel des prises en zone littorale sont destinés soit à l’élevagesoit à l’alevinage des cours d’eau, soit à la consommation. L’élevage est réalisé à partir11