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Ouvrir le Confluence 26 en pdf - Institut wallon pour la santé mentale ...

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vie qui n’est pas adapté à sa problématique.Certains <strong>en</strong>fants pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des médicam<strong>en</strong>ts sansun vrai suivi. Certaines situations peuv<strong>en</strong>t êtreprises <strong>en</strong> charge autrem<strong>en</strong>t, mais ça nécessitedes moy<strong>en</strong>s et du temps. Je p<strong>en</strong>se notamm<strong>en</strong>t àune jeune fil<strong>le</strong> qui avait t<strong>en</strong>dance à s’automuti<strong>le</strong>r,avec <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> certains membres de l’équipe ontpassé pas mal de temps. À force d’être prés<strong>en</strong>ts,de <strong>la</strong> cont<strong>en</strong>ir, de lui par<strong>le</strong>r, de <strong>la</strong> rassurer,d’anticiper, etc., nous avons fait des progrès. Maisnous n’avons pas toujours l’occasion de travail<strong>le</strong>rainsi. Les C.A.U. n’<strong>en</strong> ont pas <strong>le</strong>s moy<strong>en</strong>s, ce n’estpas <strong>le</strong>ur vocation. Nous aimerions avoir desformations, mais il n’<strong>en</strong> existe pas ou peu quidonn<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s outils nécessaires aux travail<strong>le</strong>urs.Pour <strong>le</strong>s situations que nous appelons« comp<strong>le</strong>xes », quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s solutionsque vous arrivez fina<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t à trouver ?Si c’est possib<strong>le</strong>, l’accueil d’urg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> psychiatrieou <strong>la</strong> prise <strong>en</strong> charge par un psychiatre. Mais c’estfranchem<strong>en</strong>t très diffici<strong>le</strong>, notamm<strong>en</strong>t parce que<strong>le</strong>s dé<strong>la</strong>is d’att<strong>en</strong>te ne correspond<strong>en</strong>t pas au« rythme » de notre institution et à ses contraintes.Il arrive que <strong>le</strong> jeune parte sans solution… versun « retour <strong>en</strong> famil<strong>le</strong> » ou, parfois, il est rep<strong>la</strong>cédans un autre C.A.U., <strong>pour</strong> autant que celui-ciaccepte (ce qui n’est pas obligatoire si <strong>le</strong> jeuneest sorti d’un autre C.A.U. <strong>le</strong>s 20 jours précédant<strong>la</strong> demande). Ce n’est pas <strong>la</strong> solution idéa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>jeune doit s’adapter à un autre <strong>en</strong>droit, une autreéquipe tout <strong>en</strong> sachant que <strong>la</strong> solution est toujoursprovisoire. Ce g<strong>en</strong>re de situations a t<strong>en</strong>dance àse multiplier. Les services ont alors deuxpossibilités : soit s’<strong>en</strong> t<strong>en</strong>ir à <strong>la</strong> rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tationsoit, pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération l’aspect humaindes choses. Et bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, c’est cette dernièrealternative qui l’emporte.Lorsqu’une situation est c<strong>la</strong>irem<strong>en</strong>t « psychiatrique», sa prise <strong>en</strong> charge et son ori<strong>en</strong>tationsont compliquées. L’année dernière, <strong>le</strong> Serviced’interv<strong>en</strong>tion de crise 1 (SIC) nous a ori<strong>en</strong>té unefil<strong>le</strong> de 15 ans p<strong>la</strong>cée <strong>en</strong> famil<strong>le</strong> d’accueil depuissa petite <strong>en</strong>fance. El<strong>le</strong> avait un comportem<strong>en</strong>ttrès problématique. El<strong>le</strong> pouvait se montrerangélique <strong>pour</strong> <strong>en</strong>suite dev<strong>en</strong>ir subitem<strong>en</strong>t trèsagressive, sans que <strong>le</strong> contexte ne puissel’expliquer. Par exemp<strong>le</strong>, occupée à peindre sansproblèmes, el<strong>le</strong> pouvait brusquem<strong>en</strong>t, sans qu’onne sache <strong>pour</strong>quoi, <strong>la</strong>ncer un « je vais te butersa<strong>le</strong> pute ! » et, avec un objet pointu, m<strong>en</strong>acer<strong>le</strong>s autres. El<strong>le</strong> était éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dangereuse <strong>pour</strong>el<strong>le</strong>, s’automuti<strong>la</strong>nt régulièrem<strong>en</strong>t. En souffranceet consci<strong>en</strong>te qu’el<strong>le</strong> avait un comportem<strong>en</strong>tproblématique, el<strong>le</strong> ne savait toutefois pas gérer.Il était impossib<strong>le</strong> de <strong>la</strong> garder avec <strong>le</strong>s autresmembres du groupe. Nous avons donc dû« l’iso<strong>le</strong>r » <strong>en</strong> lui faisant faire d’autres activités.El<strong>le</strong> était sous médication, mais il était diffici<strong>le</strong>de lui faire pr<strong>en</strong>dre ses médicam<strong>en</strong>ts. Nous n<strong>en</strong>ous s<strong>en</strong>tions pas formés <strong>pour</strong> nous occuperd’el<strong>le</strong>. Notre pati<strong>en</strong>ce était grandem<strong>en</strong>t mise àl’épreuve, nous nous s<strong>en</strong>tions dépassés tant auniveau de nos compét<strong>en</strong>ces que de nos va<strong>le</strong>urs.Mais au-delà de tout ça, ce qui nous posaitquestion, c’est que personne n’<strong>en</strong> vou<strong>la</strong>it : nil’éco<strong>le</strong>, ni <strong>la</strong> famil<strong>le</strong>, ni l’hôpital… Personne !Mais alors, comm<strong>en</strong>t imaginer une évolutionpositive <strong>pour</strong> cette jeune fil<strong>le</strong> ? Comm<strong>en</strong>t évoluer<strong>en</strong> sachant que personne ne veut de vous ?Objectivem<strong>en</strong>t, son intégration dans une c<strong>la</strong>ssepar exemp<strong>le</strong> était impossib<strong>le</strong>. Il aurait fallu uneéquipe éducative spécifique, et à temps p<strong>le</strong>in,<strong>pour</strong> s’occuper d’el<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> a intégré l’ai<strong>le</strong>psychiatrique d’un hôpital.A priori, c’est <strong>le</strong> type situation qui ne devrait passe retrouver au C.A.U. Mais <strong>le</strong>s C.A.U. ont unephilosophie d’accueil des jeunes sansdiscrimination. Cep<strong>en</strong>dant, nous devons faireatt<strong>en</strong>tion, <strong>en</strong> acceptant une demande, à ce qu’el<strong>le</strong>soit compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> groupe déjà constitué.Nous devons aussi protéger <strong>le</strong>s autres <strong>en</strong>fants.Certains ont été soustraits à des situations demaltraitances et ne doiv<strong>en</strong>t pas se retrouverplongés dans une ambiance vio<strong>le</strong>nte faite de criset de chaises qui vo<strong>le</strong>nt…On peut aussi se demander ce qu’il advi<strong>en</strong>dra deces jeunes une fois qu’ils auront dix-huit ans etqu’ils ne relèveront plus de l’Aide à <strong>la</strong> jeunesse ?Nous avons accueilli une jeune fil<strong>le</strong> avec de grosproblèmes psychiatriques qui v<strong>en</strong>ait de passerquinze jours à <strong>la</strong> rue parce qu’il n’y avait pas dep<strong>la</strong>ce <strong>pour</strong> l’accueillir. Qui aurait été responsab<strong>le</strong>si el<strong>le</strong> avait été violée ou si el<strong>le</strong> avait agresséquelqu’un ? Ces p<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>ts « <strong>en</strong> rue » sontgénéra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t des retours <strong>en</strong> famil<strong>le</strong> qui échou<strong>en</strong>t.Il est très rare que l’on travail<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s par<strong>en</strong>ts.Un retour <strong>en</strong> famil<strong>le</strong> sans ce travail a peu de s<strong>en</strong>s…De plus, certains par<strong>en</strong>ts sont désireux de sedé<strong>le</strong>ster de <strong>le</strong>ur <strong>en</strong>fant. « Je n’<strong>en</strong> veux plus, faitesce que vous vou<strong>le</strong>z ». L’année dernière, on nousa p<strong>la</strong>cé un petit garçon de 7 ans qui est resté 60jours. Personne n’a pris de ses nouvel<strong>le</strong>s. Septans et seul ! Au lieu d’appr<strong>en</strong>dre à ces par<strong>en</strong>ts àvivre avec <strong>le</strong>ur <strong>en</strong>fant, on p<strong>la</strong>ce ces <strong>en</strong>fants et <strong>le</strong>urspar<strong>en</strong>ts appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> à vivre sans eux. Cesderniers vont <strong>en</strong>suite passer d’institution <strong>en</strong>institution, et avec quel projet <strong>pour</strong> plus tard ?Malgré <strong>le</strong>s difficultés, vous restezmotivée par votre travail ?Le métier d’éducateur spécialisé est un beaumétier qui procure aussi des satisfactions.L’année passée, un des tout premiers jeunesdont je me suis occupée est rev<strong>en</strong>u me voir alorsque je n’avais plus eu de ses nouvel<strong>le</strong>s depuisde nombreuses années. Il est v<strong>en</strong>u expliquerque tout al<strong>la</strong>it très bi<strong>en</strong> dans sa vie : il est marié,il a une petite fil<strong>le</strong>, un métier ; il vi<strong>en</strong>t de fairebâtir une maison… Évidemm<strong>en</strong>t, ce type deretour fait très p<strong>la</strong>isir. Le travail d’éducateur estdiffici<strong>le</strong>, il n’est pas assez reconnu, mais il estimportant et passionnant. •CAU LE VERT LION Rue du troisième Age,7B - 7540 Kain( 069/22.79.108 vertlion.coordination@skynet.be1 Les Services d’interv<strong>en</strong>tion de crise (projet pilote de l’AAJ de 2009à 2011) étai<strong>en</strong>t mandatés <strong>pour</strong> une période de 20 jours ouvrab<strong>le</strong>s etpouvai<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir à tout mom<strong>en</strong>t là où se passait <strong>la</strong> crise. Le projetpédagogique du service de crise rattaché au CAU « Vert Lion »prévoyait <strong>la</strong> possibilité, <strong>en</strong> cas de crise très aigue, d’ori<strong>en</strong>ter un jeunevers un C.A.U., <strong>pour</strong> une nuit ou deux, afin d’oxygéner une situationdiffici<strong>le</strong>. Le but de ces services était de dés<strong>en</strong>gorger <strong>le</strong>s structuresc<strong>la</strong>ssiques, souv<strong>en</strong>t saturées, et d’éviter qu’un problème ne s’aggrave<strong>en</strong> agissant rapidem<strong>en</strong>t et de manière précoce. Ces projets pilotesont été arrêtés <strong>en</strong> 2011, car <strong>le</strong>ur évaluation a montré que <strong>le</strong> publiccib<strong>le</strong> aidé par ces services n’était pas celui qui était prévu.DOSSIER<strong>Conflu<strong>en</strong>ce</strong>s N°<strong>26</strong> Juin 2011 37

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