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Ouvrir le Confluence 26 en pdf - Institut wallon pour la santé mentale ...

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Dans votre pratique,à quel<strong>le</strong> fréqu<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>contrez-vousdes jeunes qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t uneproblématique psychiatrique ?Je me garderai de donner une réponse statistique,mais j’ai l’impression que, depuis 6-7 ans, onid<strong>en</strong>tifie plus de problématiques d’ordrepsychiatrique sous-jac<strong>en</strong>tes. Le réf<strong>le</strong>xe quiconsiste à diriger une situation vers un psychiatreme semb<strong>le</strong> plus prés<strong>en</strong>t, pas du tout majoritaire.Sur quel<strong>le</strong>s difficultés aimeriez-vousmettre l’acc<strong>en</strong>t concernant<strong>le</strong>s situations qui nous réuniss<strong>en</strong>t ?En premier, sur une « psychiatrisation dessituations diffici<strong>le</strong>s » qui me semb<strong>le</strong> parfoissujette à caution. Je fais <strong>le</strong> constat commebeaucoup d’autres que <strong>le</strong>s jeunes qui aboutiss<strong>en</strong>tdans l’aide à <strong>la</strong> jeunesse semb<strong>le</strong>nt plus abimésqu’il y a 10-15 ans. Mais <strong>le</strong>s équipes éducativessont-el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s mêmes qu’il y a 15 ans ? Ont-el<strong>le</strong>seu <strong>la</strong> chance d’évoluer, de recevoir <strong>le</strong>s formationsqui permett<strong>en</strong>t de r<strong>en</strong>contrer ces situations ?Doit-on vraim<strong>en</strong>t retirer <strong>le</strong> jeune d’un servicerésid<strong>en</strong>tiel <strong>pour</strong> al<strong>le</strong>r vers <strong>la</strong> psychiatrie ? Avectout ce que ce<strong>la</strong> signifie <strong>pour</strong> lui, l’étiquette queça lui col<strong>le</strong>… N’est-ce pas plutôt <strong>le</strong>s équipesdes services résid<strong>en</strong>tiels de l’Aide à <strong>la</strong> jeunessequ’il faudrait sout<strong>en</strong>ir <strong>pour</strong> qu’el<strong>le</strong>s puiss<strong>en</strong>tcontinuer à accueillir <strong>le</strong> jeune ?Tout ça pose <strong>la</strong> question du diagnostic, à fairedans des dé<strong>la</strong>is raisonnab<strong>le</strong>s. Ce<strong>la</strong> fait longtempsque je p<strong>la</strong>ide <strong>pour</strong> qu’<strong>en</strong> Communauté française,plutôt que de recourir à des experts isolés, onait un ou deux c<strong>en</strong>tres de pédopsychiatres agrééset rémunérés <strong>pour</strong> ce travail. Ceux-ci aurai<strong>en</strong>tdes balises id<strong>en</strong>tiques, c<strong>la</strong>ires, id<strong>en</strong>tifiab<strong>le</strong>s <strong>pour</strong><strong>le</strong>s juges, et <strong>pour</strong>rai<strong>en</strong>t donner un avis rapidem<strong>en</strong>tlorsque c’est nécessaire.En second, j’évoquerais <strong>le</strong> problème desmultip<strong>le</strong>s ruptures dans <strong>le</strong> parcours du jeune,qui ont des conséqu<strong>en</strong>ces lourdes. Il y a unedynamique de r<strong>en</strong>voi <strong>en</strong>tre l’Aide à <strong>la</strong> jeunesseet <strong>la</strong> Psychiatrie qui crée ces multip<strong>le</strong>s rupturesdans <strong>la</strong> trajectoire de certains jeunes. Mettre <strong>en</strong>p<strong>la</strong>ce des synergies, à partir du secteur de l’Aideà <strong>la</strong> jeunesse, avec des prises <strong>en</strong> chargeponctuel<strong>le</strong>s au niveau du secteur de <strong>la</strong> santém<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>, ce<strong>la</strong> me semb<strong>le</strong>rait uti<strong>le</strong>. Je n’inv<strong>en</strong>teri<strong>en</strong>, ce<strong>la</strong> se fait déjà. On a des équipes de l’Aideà <strong>la</strong> jeunesse qui travail<strong>le</strong>nt avec Titeca, FeuxFol<strong>le</strong>ts…, avec l’idée d’une prise <strong>en</strong> chargep<strong>en</strong>dant un temps et un retour. Ce sont deslogiques intéressantes, surtout lorsque <strong>le</strong> retours’accompagne du mainti<strong>en</strong> d’un suivi « psy ».L’avocat du jeune a-t-il une p<strong>la</strong>cedans <strong>le</strong>s concertations du réseau« psychomédicosocial » ?Si je suis prés<strong>en</strong>t à une réunion de réseauconcernant un jeune, il est important que ce soit<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de celui-ci. On <strong>en</strong> revi<strong>en</strong>t à <strong>la</strong>définition du rô<strong>le</strong> de l’avocat donnéeprécédemm<strong>en</strong>t. Ce dernier n’est pas là <strong>pour</strong>définir lui-même l’intérêt du jeune. Il n’est pasquestion de décider « <strong>en</strong> chambre » <strong>pour</strong> après,publiquem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des par<strong>en</strong>ts et dujeune, dire : « Ecoutez, c’est décidé… ». Il fautgarder l’espace de contradiction. Par contre, dans<strong>le</strong> cadre d’une réf<strong>le</strong>xion généra<strong>le</strong> et non d’un casparticulier, faire v<strong>en</strong>ir un avocat sui g<strong>en</strong>eris,quelqu’un qui réfléchit et qui incarne cettefonction-là, <strong>pour</strong>quoi pas. Tout comme on peutfaire v<strong>en</strong>ir un magistrat, qui <strong>pour</strong>rait dire : « Ti<strong>en</strong>s,dans ce que vous êtes <strong>en</strong> train d’é<strong>la</strong>borer, dans<strong>le</strong>s processus que vous êtes <strong>en</strong> train de mettre<strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce, moi avec ma vision de juge, je trouvel’idée génia<strong>le</strong> ; ça par contre, ne devrait-on pasmodifier, etc. »Il y a un exercice que j’ai l’habitude de proposerlorsque je donne une formation qui mé<strong>la</strong>nge desjuristes et des non-juristes. Il s’appel<strong>le</strong> <strong>la</strong>« métaphore du jeu d’échecs ». On imagine quel’aide et <strong>la</strong> protection de <strong>la</strong> jeunesse est un jeud’échecs. Ce n’est pas un jeu de dames, cartoutes <strong>le</strong>s pièces ne sont pas <strong>le</strong>s mêmes, <strong>le</strong>sacteurs n’ont pas <strong>le</strong> même rô<strong>le</strong>, ils ont desmanières de fonctionner différ<strong>en</strong>tes. Je demandealors à chacun de proposer son échiquier. Jedis : « Voilà tous <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> mineur, ses par<strong>en</strong>ts,<strong>le</strong> juge, l’avocat, l’institution, <strong>le</strong> pédopsychiatre,l’expert, … Qui serait quoi ? L’avocat, un fou ?On <strong>le</strong> met dans <strong>le</strong>s pièces b<strong>la</strong>nches ou noires ?Le jeune, un pion, <strong>le</strong> roi ? ». Évidemm<strong>en</strong>t, il n’ya pas d’échiquier parfait. De plus, au mom<strong>en</strong>t de<strong>la</strong> mise <strong>en</strong> commun, on peut constater que <strong>le</strong>sreprés<strong>en</strong>tations des uns ne sont pas cel<strong>le</strong>s desautres. Nous avons parfois une représ<strong>en</strong>tationdu travail des autres qui ne correspond pas à <strong>la</strong>représ<strong>en</strong>tation qu’eux-mêmes s’<strong>en</strong> font. Pourtant,si on veut que <strong>le</strong> jeu fonctionne bi<strong>en</strong>, il ne fautpas s’att<strong>en</strong>dre à ce qu’une tour fonctionne commeun fou. Il faut savoir qu’une tour fonctionnecomme une tour.L’étape ultime est de se demander comm<strong>en</strong>t,dans mon fonctionnem<strong>en</strong>t, je peux faire <strong>en</strong> sorteque <strong>le</strong> jeu fonctionne bi<strong>en</strong>. Comm<strong>en</strong>t puis-jeaider <strong>le</strong>s autres à se dép<strong>la</strong>cer comme prévu dans<strong>le</strong>ur mode de fonctionnem<strong>en</strong>t ? Si je suis uneinstitution et que je remets un rapport <strong>la</strong> veil<strong>le</strong>de l’audi<strong>en</strong>ce, je ne permets pas au Procureurdu Roi et à l’avocat d’<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre bi<strong>en</strong> connaissanceet, <strong>en</strong> même temps, je ne valorise pas montravail. Bref, il ne s’agit pas uniquem<strong>en</strong>t de sedemander ce que l’autre va pouvoir nousapporter, mais aussi : « En quoi je peux, parmon fonctionnem<strong>en</strong>t, permettre que <strong>le</strong> jeus’é<strong>la</strong>bore bi<strong>en</strong> ». C’est une façon de fonctionnerpassionnante, qui rejoint tota<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>la</strong> logiquede réseau évoquée dans l’artic<strong>le</strong> 1 . •Amaury de Terwangne est spécialisé <strong>en</strong>droit de <strong>la</strong> jeunesse depuis 18 ans. Il dirigeavec Juan Verlind<strong>en</strong> <strong>la</strong> Section « jeunesse »de Bruxel<strong>le</strong>s. Il a éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t été Professeurp<strong>en</strong>dant un temps à l’<strong>Institut</strong> Supérieur deFormation Socia<strong>le</strong> et de Communication. Illui arrive aussi de superviser des équipes dusecteur psychosocial et de participer auxréf<strong>le</strong>xions au niveau politique dansl’é<strong>la</strong>boration des textes <strong>en</strong> matière d’aide etde protection de <strong>la</strong> jeunesse.1 Voir p.18.DOSSIER<strong>Conflu<strong>en</strong>ce</strong>s N°<strong>26</strong> Juin 2011 47

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