JUNGFRAUJOCH Le plus beau poste de travail du monde Le Jungfraujoch accueille l’une des plus importantes stations de recherche de haute montagne de la planète. Deux couples d’exploitants, seuls habitants du «Top of Europe», s’en occupent en alternance MARIUS LEUTENEGGER (TEXTES) ET TANJA DEMARMELS (PHOTOS) En Suisse, cela n’a jamais été facile de mener à bien des projets visionnaires. Adolf Guyer-Zeller l’a réalisé quand il s’est mis en tête de créer une ligne de chem<strong>in</strong> de fer sur la Jungfrau. D’emblée, les oppositions ont été très fortes. Mais le Zurichois n’a rien lâché. Jouant sur tous les registres pour pouvoir réaliser son rêve, il a notamment promis son soutien à l’<strong>in</strong>stallation d’une station de recherche au Jungfraujoch si le Parlement fédéral donnait son accord pour l’attribution d’une concession. Le vote ayant été favorable, les travaux ont pu commencer. Depuis 1912 et la f<strong>in</strong> du chantier, le tra<strong>in</strong> grimpe au Jungfraujoch, plus haute gare ferroviaire d’Europe. En parallèle, le projet de station de recherche s’est lui aussi concrétisé et des chercheurs venus du monde entier réalisent leurs expériences dès 1931 sur le «Top of Europe», lorsque la station et ses c<strong>in</strong>q laboratoires, construits à 3450 mètres, sont <strong>in</strong>augurés. Six ans plus tard, l’observatoire, avec sa coupole emblématique, entre à son tour en service. Depuis ses orig<strong>in</strong>es, l’endroit est géré par une fondation regroupant des <strong>in</strong>stitutions suisses, allemandes, françaises, anglaises et autrichiennes, rejo<strong>in</strong>tes, plus tard, par des organisations belges et italiennes. Aujourd’hui encore, elle demeure l’une des plus importantes dans son doma<strong>in</strong>e d’action. «Sa situation en haute altitude est son gros atout. Le Jungfraujoch se trouve dans la troposphère. On peut, par exemple, y faire des observations générales sur la qualité de l’air en Europe cont<strong>in</strong>entale», précise le professeur Markus Leuenberger. Physicien de l’environnement à l’Université de <strong>Bern</strong>e, il dirige la Fondation pour les stations de recherche de haute montagne du Jungfraujoch et du Gornergrat (HFSJG). Sur la c<strong>in</strong>quanta<strong>in</strong>e de projets menés de front au Jungfraujoch, 80% sont en lien avec le climat et la recherche environnementale. Mais tout chercheur peut prendre contact avec l’<strong>in</strong>stitution pour mener un projet scientifique. Une douza<strong>in</strong>e de chambres à disposition des chercheurs Dans la station, tout le monde s’active. Des chefs de projet <strong>in</strong>stallent leurs <strong>in</strong>struments pour effectuer des relevés. D’autres sont au stade des mesures ou font des recherches sur des volontaires. Comme une douza<strong>in</strong>e de chambres sont disponibles, on peut dormir sur place. Chaque année, 30 MADE IN BERN 1/2016
Depuis qu<strong>in</strong>ze ans à la station du Jungfraujoch: Joan et Mart<strong>in</strong> Fischer, avec leur chien ■«Sherpa»