Désolé j'ai ciné #8
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sont bien trop présents voire envahissants<br />
; il va falloir quand même un jour que le<br />
<strong>ciné</strong>ma hollywoodien moderne se calme<br />
avec la nécessité des arcs narratifs de ses<br />
personnages ! Surtout dans un slasher où<br />
la seule condition est la survie, pourquoi<br />
s’embarrasser de mécaniques aussi<br />
grossières, dont tous les fils sont visibles<br />
dans le moindre dialogue ? Oui, Laurie<br />
Strode est détestée par sa fille et sa famille<br />
et vue comme une folle, mais pas besoin de<br />
nous installer ça en plusieurs actes dans une<br />
méthode à la Truby… Laissez le spectateur<br />
respirer, supposer, construire !<br />
DE DAVID GORDON GREEN. AVEC JAMIE LEE<br />
CURTIS, JUDY GREER… 1H49<br />
Le nouvel “Halloween” est, en un mot,<br />
décevant.<br />
Le film de Carpenter installe la peur dans<br />
les plans larges, la rêverie inquiétante, le<br />
doute persistant, l’inconnu du hors-champ<br />
(je vous encourage à lire mon article sur<br />
le sujet sur Cinématraque : http://www.<br />
cinematraque.com/2018/10/29/halloweende-john-carpenter-pourquoi-est-ce-queca-marche-encore/).<br />
Celui de Green est<br />
parasité par une omniprésence assommante<br />
de gros plans, qui met à mal toute possibilité<br />
d’une ambiance pour la remplacer par de<br />
la violence crue et détachée de tout. Aucun<br />
lieu ne reste en tête dans cette version, les<br />
personnages et leurs actions flottent dans un<br />
espace vital qui n’a pas d’autre intérêt que<br />
d’être un décor au service des arcs narratifs<br />
des personnages. Des arcs qui, quant à eux,<br />
Le nouveau film de “Halloween” est un<br />
succès indéniable au box office, et même<br />
salué par une partie de la critique, ce qui<br />
est aussi compréhensible. Cela reste un<br />
film d’horreur nettement au dessus de la<br />
majorité de la production. Pour autant, je<br />
ne peux m’empêcher de le voir comme un<br />
acte manqué. Une promesse d’explorations<br />
thématiques jamais tenue. Prenons par<br />
exemple les deux journalistes enquêtant<br />
sur Mike Myers pour leur podcast de<br />
True Crime : le voyeurisme est au coeur<br />
de la saga “Halloween”… Il aurait fallu<br />
centrer le film sur eux, pas en faire des<br />
personnages fonctions. Il aurait été aussi<br />
ingénieux d’interroger l’évolution de la fête<br />
de Halloween dans son rapport au corps et<br />
au sexe; un bref plan montre Mike Myers<br />
dévisager une fille (très peu) vêtue en sorte<br />
de sorcière/démon sexy, mais sans que cela<br />
ne soit jamais exploré. Même la solitude de<br />
Laurie, les parallèles entre la mythification<br />
de son personnage isolé et celui de Mike<br />
Myers ne sont finalement que peu exposé, la<br />
faute à un scénario envahissant et trop fourni<br />
pour une œuvre de ce genre. On sonne<br />
vieux con quand on dit ça, mais parfois ça<br />
fait du bien de le dire : “Halloween”, c’était<br />
mieux avant.<br />
Captain Jim<br />
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