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Désolé j'ai ciné #8

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Depuis les recettes faramineuses d’«Alice au pays des merveilles»<br />

en 2010 (plus d’un milliard de dollars à travers le monde), Disney<br />

cherche absolument à retrouver la réussite financière du film avec<br />

la relecture de récits populaires. Que ce soit ses adaptations live de<br />

classiques d’animation ou de récits populaires, ces derniers partageant<br />

régulièrement une même atmosphère visuelle que beaucoup qualifient<br />

de kitsch. C’est dans cette dernière catégorie que se range ce «Casse-<br />

Noisette», nouvelle version du ballet de Tchaïkovski remis au goût du<br />

jour par le studio aux grandes oreilles. Et le moins que l’on puisse dire,<br />

c’est que le spectacle est visuellement généreux dans sa production<br />

design colorée. Le film est souvent à la limite de la surcharge mais n’y<br />

tombe jamais, grâce à la maîtrise de Lasse Hallström («Le chocolat») et<br />

Joe Johnston (le trop sous-estimé «Wolfman»). Cela amène à quelques<br />

fulgurances, comme ce plan d’ouverture cherchant à ramener l’enfant<br />

en nous par le biais d’un plan séquence dans les rues d’un Londres<br />

Dickensien. Malheureusement, certains visuels n’ont pas le temps<br />

d’exister, souffrant d’une durée trop courte pour saisir au mieux<br />

l’ampleur du projet.<br />

Au niveau de l’intrigue, celle-ci rappelle également le film de Burton<br />

avec cette même quête initiatique d’une jeune femme qui profitera<br />

de ce voyage dans un autre monde pour avancer dans son deuil<br />

familial et s’affirmer par son indépendance. Mackenzie Foy porte à<br />

merveille son personnage, tout comme le reste du casting. On notera la<br />

prestation de Keira Knightley, dans le ton du film : à la limite du surjeu<br />

et semblant s’amuser dans le personnage haut en couleur de la Fée<br />

Dragée. Malheureusement, rien ne vient réellement retourner l’histoire<br />

du film, même un twist assez prévisible. C’est dans les détails que<br />

l’on notera l’intérêt, notamment une narration de l’histoire des Quatre<br />

Royaumes par le biais d’un ballet. En plus de se rattacher à l’œuvre<br />

de Tchaïkovski (comme un magnifique générique), elle s’avère moteur<br />

d’un certain passé, rattachant la culture à une forme de propagation de<br />

savoirs, ce que l’on oublie régulièrement. Mais par sa nature de vecteur<br />

d’information, elle peut être biaisée, transformée en propagande, ce qui<br />

est également oublié quand on refait face à certaines grandes œuvres.<br />

Le plus dommageable pour le film est d’être sorti beaucoup trop tôt<br />

pour sa nature de conte de Noël familial, ce qui explique le résultat<br />

mitigé qu’il subit au box-office. C’est assez triste car, même s’il n’a<br />

pas les fulgurances surréalistes d’«Alice au pays des merveilles» et sa<br />

suite ou la richesse thématique honorant le septième art du «Monde<br />

fantastique d’Oz» (à réévaluer en urgence), «Casse-Noisette» reste une<br />

friandise hivernale assez sympathique pour les fêtes de fin d’année qui<br />

arrive à rappeler l’émerveillement du ballet original.<br />

Liam Debruel

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