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Désolé j'ai ciné #8

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07/11<br />

CLAIRE DENIS. AVEC JULIETTE BINOCHE, ROBERT PATTINSON...<br />

1H54<br />

HIGH LIFE<br />

DE<br />

dure, et se charge d’un érotisme troublant, allant jusqu’à<br />

ressembler à un sabbat, où l’actrice filmée de dos se met en<br />

transe. La blancheur de sa peau contraste avec le brun de<br />

ses longs cheveux. Si “High Life” promettait un vertige, il est<br />

bien dans cette séquence. Mais ça sera malheureusement la<br />

seule scène du film proposant ainsi une forme d’extase. La<br />

suite s’efforce à raconter une histoire dont les personnages<br />

demeurent des inconnus pour le spectateur, même s’il faut<br />

saluer la prestation de André Benjamin dont on aimerait<br />

voir plus d’apparitions à l’écran. Difficile donc de garder un<br />

véritable intérêt pour ce qui se passe.<br />

Mais si les événement ne sont que ponctuellement<br />

intéressant, on peut saluer le point de vue de Claire Denis<br />

dans ce huis clos spatial. Dans un article d’IndieWire publié<br />

en février 2018, la journaliste Kate Erbland expliquait que<br />

les personnages féminins de la science fiction moderne sont<br />

systématiquement renvoyées au rôle de mère. La journaliste<br />

prend comme exemple les héroïnes de “Gravity”, “Arrival”<br />

et “Cloverfield Paradox”. Et si “High life” porte en lui un<br />

semblant de maternité, il porte aussi des pulsions de mort,<br />

les deux personnages de mères étant soit une meurtrière<br />

soit une suicidaire allant jusqu’à se donner la mort dans<br />

un trou noir. Claire Denis offre donc une exploration de<br />

leur pulsion destructrice, chose plus commune chez les<br />

personnages masculins de fiction. Le père du film, Robert<br />

Pattinson, se retrouve donc seul à élever sa fille. Vie, sexe,<br />

mort, tels sont les thèmes qui s’entremêlent et irriguent le<br />

récit.<br />

La fin du film laisse un goût étrange. Si le vertige des sens<br />

est là pour au moins une scène, le reste passe, se produit,<br />

de façon totalement désincarné et amoindri le propos sur<br />

la difficulté de créer de la vie au sens large dans l’espace.<br />

Pas vraiment le trip cosmique attendu, mais pas quelque<br />

chose d’oubliable non plus, “High life” s’avère être une<br />

expérience aride, où le sublime côtoie l’ennui.<br />

Mehdi Tessier<br />

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